Vous vous dites sûrement « ça y est c’est un énième groupe de metalcore américain sans aucune particularité ni originalité ». Et c'est là que vous vous trompez lourdement ! Le but de cette chronique n’est pas simplement de casser tous les préjugés possibles à l'encontre de ce style, mais carrément de vous faire aimer ce groupe, qui est une véritable étoile montante du style metalcore technique. Ce groupe s'est formé en 2009. Un an plus tard, les cinq jeunots nous sortent deux EPs, auto-produits, à un peu plus de six mois d’intervalle, un premier, éponyme, de 4 titres et un second de 7 titres, intitulé Andromeda. Le 2 novembre 2011, près d’un an plus tard, Erra nous sort donc son premier album intitulé Impulse, chez Tragic Hero Records (This Romantic Tragedy, Vanisher, Motionless In White), produit par Brian Hood de Mychildren Mybride et qui a produit entre autres avec As Hell Retreats, Gideon ou encore The Crimson Armada.
L'album commence avec un crescendo sur ''White Noise'', un des meilleurs de l'album et qui donne en 30 secondes un condensé de tout ce qui compose l'album : passages atmosphériques, mélodiques, rythmes saccadés, polyrythmiques, techniques et puissants à la fois. Les instruments sont parfaitement maîtrisés par les musiciens, très bons techniquement, et tout au long de l'album ils arrivent parfaitement à allier brutalité, technicité et mélodie, comme le montre si bien les débuts des deux premières pistes. ''Seven'' et ''Architect'' montrent aussi cette dichotomie entre les pistes : la première étant la plus rapide (notamment au niveau du débit de paroles) et la plus violente de l'album alors que la deuxième est une des plus calmes avec des notes mélodiques présentes tout au long de celle-ci. Elle nous permet en quelques sortes de souffler, puisque aucune transition entre les chansons n'est présente ! Mais les chansons sont assez aérées, avec quelques interludes comme sur "Heart" ou "Invent". Bien évidemment - et vous les attendiez sûrement - les breaks sont présents mais seulement dans les cinq premières chansons. Si vous êtes pris d'une envie de coup du lapin, les plus violents se trouvent à la fin de ''White Noise'' et ''Seven''. Ces breaks contrastent totalement avec les soli de l'album, qui sont très planants et mélodiques (''Pattern Interrupt'', ''Efflorescent'', ''Vaalbara'').
Erra incorpore des samples de synthé sur la plupart des pistes, mais une sample en particulier retient l'attention : celle de "Heart" où l'on entend un son d' électrocardioscope, choix très judicieux dans le contexte de la chanson. On pourrait aisément diviser l'album en deux en plein milieu. En effet après ''Vaalbara'' (où l'on commence à percevoir des longueurs pouvant faire décrocher l'auditeur), on a l'impression que le groupe n'arrive pas à suivre le rythme qu'il s'est lui même imposé dans la première partie, ce qui est dommage tant celle-ci était presque irréprochable. Malgré cela, la deuxième partie est plus que correcte, mais beaucoup moins entraînante. L'album se finit en decrescendo sur la plus longue chanson de l'album (5min 47), comme pour refermer l'album, de la même manière qu'il avait été ouvert. Jesse Cash nous gratifie d'une voix vraiment spéciale, en raison de son timbre particulièrement aigu, mais loin d'être désagréable et qui prend aux tripes sur certains passages (2'42 sur ''White Noise'', 1'47 sur ''Pattern Interrupt'' ou encore à 4'02 sur ''Render The Void'', dans un registre moins aigu). Cette voix peut en rebuter plus d'un au début, mais on s'y habitue vite, et on se rend compte qu'elle fait partie intégrante de l'identité du groupe et de ses atmosphères. En ce qui concerne la voix du frontman, Garrison Lee, ce dernier possède un bon répertoire vocal. Son chant est plutôt typé death metal/deathcore, avec voix enragée et très énergique, et peut se rapprocher parfois d'une voix black (''Architect'').
Le deuxième guitariste apporte sa voix sur deux chansons, celle-ci étant plutôt banale quoi qu'un peu éraillée. On peut noter qu'Adam Langston de By Blood and Iron vient prêter sa voix, beaucoup plus grave, sur sur ''Obscure Words'', chanson dont le seul élément remarquable est la présence du synthé clairement emprunté à Born Of Osiris (écoutez à 1'08). Les chansons comportent des paroles plutôt conceptuelles comme ''White Noise'' qui nous transpose à la place d'un fantôme ou ''Pattern Interrupt'', très abstraite. On trouve également une chanson d'amour envers un père perdu avec ''Heart'', d'autres qui poussent à une réflexion introspective comme ''Architect'' ou ''Invent'' (« Security for one’s self can only come from within. Decide who will be the creator and who will be the invention. Invent. »), en passant par des textes plus ravageurs comme dans ''Seven'' qui raconte l’épopée d’Erra, (dieu mésopotamien, dans laquelle celui-ci dévaste la ville de Babylone), ou encore ''Vaalbara'' qui fait référence à un supercontinent, et représente une métaphore filée concernant les relations entre personnes (membres du groupes?).
Finalement, si cette deuxième moitié était aussi aboutie que la première et qu'on ne sentait pas de l’essoufflement, ce serait un excellent album. Mais ils leur manque encore l'expérience! Malgré tout, pour un premier opus, d'un peu moins de 40 minutes, Erra nous livre une excellente musique, avec un mélange de douceur et de violence, et le son du groupe est d'ores et déjà caractéristique et facilement reconnaissable, notamment grâce à la voix du très prometteur chanteur/guitariste Jesse Cash. En espérant que ce ne soit pas une énième étoile filante dans le ciel metalcore...