CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Boris
(Guitare)
-dB
(claviers)
-Picasso
(basse)
-Walter
(batterie)
TRACKLIST
1) Icarus
2) Suns
3) Birth of Venus
4) Pintao
5) Once We Were...
6) Circles
7) The Ship (exclusif digipack)
DISCOGRAPHIE
De temps en temps c’est marrant de faire n’importe quoi, de jammer comme des fous, la salle saturée de drogues et de bières, sous fond de Pink Floyd et Black Sabbath, et de se dire que c’était marrant et qu’on refera ça, même si ça n’a pas grand sens. Oui, mais quand ça en a et que la jam ne devient plus jam, mais des morceaux instrumentaux à mi-chemin entre le stoner et le psychédélisme, là ça devient autre chose et les morceaux se doivent d'être cohérents. Quand ça arrive, on prend peur et on fait des albums, des bons albums en essayant de les différencier les uns des autres. C’est un peu ce qui est arrivé à Monkey 3, des potes de jams qui ont finalement formé un vrai groupe. Et ça va faire 12 ans, avec The 5th Sun leur cinquième album, que leur délire continue !
Beyond The Black Sky les avait posés là, bien comme il faut, dans la cour des groupes sur lesquels il faut compter dans la scène du stoner instrumental teinté de psychédélisme. Pochette magnifique, production au top et tempo résolument lent et lourd, l’album était une véritable bonne surprise et le groupe s’était même produit au Hellfest. Leur retour devait donc ne pas décevoir et pour cela les suisses ont décidé d’adopter une approche plus mélodique, voire progressive de leur musique. Départ en trombe avec sans doute le meilleur morceau du disque : "Icarus" et ses 14minutes 40secondes. Pavé impressionnant où l’on peut d’ores et déjà voir que le groupe n’a pas lésiné sur la production (batterie sèche bien percutante, basse lourde et grasse et guitare tantôt saturée tantôt aérienne, tout ceci enveloppé par les sons psychédéliques du clavier). Le morceau se divise en trois parties. La première est imparable avec ses solos épiques et majestueux de guitare et son rythme plutôt lent, jusqu’à ce que tout l'ensemble s'emballe avec une grosse partie faîte pour headbanguer agrémentée d'un solo bien rock. Puis d’un coup la musique s’arrête pour laisser place à un moment de torpeur (la voix en fond aidant). Silence... lentement, les instruments reviennent un à un, la batterie, puis la basse qui reprend en de simples notes la mélodie du morceau, puis enfin la guitare pour une explosion finale tout en grâce. Excellent !
Le reste ne démérite pas, mais reste un cran en dessous à part peut-être le dernier morceau "Circles", son début calme, lent et lancinant et sa deuxième partie plus lourde alternant guitare aérienne et riffs propices aux cassages de nuques. On trouve aussi du bon gros stoner dans la première partie de "Once we were…" avec une guitare en pleine forme. Mais la suite du morceau déçoit fortement : pour un total de 9 minutes, nous avons le droit à quatre minutes imparables et à cinq autres centrées sur la même mélodie très calme et dépouillée. Et c’est long cinq minutes ! Deux auraient amplement suffit ! Et c’est bien les seuls reproches que l’on peut faire à l’album, ses longueurs et ses moments de calme qui ne sont pas forcément justifiés. Si cela fonctionne pour "Icarus" ou encore pour le très psychédélique "Suns", ces défauts en viennent à gâcher complètement l'écoute de certains morceaux comme le très sobre "Birth of Venus" qui ne décolle presque jamais. Dommage car les bonnes idées sont nombreuses. Comme je l’ai dit, le clavier apporte sa touche de psychédélisme et ses interventions sont fortement appréciable dans l’enivrante "Suns" et le lourd et arabisant "Pintao" avec ses claviers sinueux qui collent parfaitement à la pochette de l’album. Bref, mise à part ces quelques écueils, l’album reste d'une durée relativement raisonnable pour être agréable à écouter de bout en bout.
Les gars de Monkey 3 sont intelligents. Refusant de faire tout le temps la même chose, ils offrent avec The 5th Sun un album possédant sa dose de mélodies, de passages plus rentre-dedans et de psychédélisme. Dommage que de temps en temps le délire aille trop loin et laisse place à certaines longueurs ou à certains morceaux un peu vides. Toutefois, ces petites imperfections ne doivent pas vous empêcher de jeter plus qu’une oreille attentive à cet album qui en vaut le coup, ne serait-ce que pour "Icarus", "Circles" et la première partie de "Once We Were...". Monkey 3 réussit le paris d’offrir un cinquième disque plus mélodique et d’une qualité plus qu’honorable.