CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Dam Kat
(chant)
-Gwalchmei
(guitare)
-Jean-Marc Illien
(claviers)
-Loic Blejean
(uilleann pipes+low whistles)
-Stéphane Rama
(basse)
-Patrick Boileau
(batterie)
TRACKLIST
1) Little Butterfly
2) King Arthur's Death
3) My Son
4) The Battle
5) Esyllt
6) Silent Agony
7) Don't Forget Me
8) I'm Not Scared
9) Look Around You
10) I'm Alive
DISCOGRAPHIE
- Et voici la question finale, cher Norbert, celle qui vous permettra de repartir avec 666 photos dédicacées de Lord K. Children in Paradise a sorti un album intitulé Esyllt et dont certains morceaux s’intitulent "The Battle" ou "Silent Agony". La question est la suivante, Norbert : quel est le style pratiqué par ce groupe ?
« Bouah, facile ! » pense Norbert. « Esyllt ça sent le Celte à plein nez, et puis le nom des chansons… Attention quand même au nom du groupe… Sois fin, Norbert, sois fin ! »
- Du pagan unblack metal ! répond-il avec assurance tout en pensant « A moi les les photos et la belle vie ! »
- Aïe, aïe, aïe… Norbert…
Et le public de faire entendre le « Oooohhhh ! » de circonstance…
Eh ben oui, Norbert, quoi, réfléchis un peu ! Tu penses bien qu’une question ayant pour enjeu un tel prix devait être piégeuse… Malgré une pochette et quelques titres évoquant l’epic-metal, et bien que le thème abordé soit la légende arthurienne, pas de gros barbus growlant à l’horizon, ni de chants dignes des tavernes irlandaises. Children in Paradise officie dans un registre rock prog, atmosphérique et fort peu métallique, évoquant clairement The Gathering époque post-Nighttime Birds. Les guitares sont bien présentes tout au long de l’album, mais elles agressent très rarement (la seconde partie remuante de "The Battle" étant la notable exception), préférant caresser l’auditeur dans le sens du poil, à grands coups de solos tous aussi agréables les uns que les autres. Elles constituent d’ailleurs l’un des points forts de l’album, les deux autres étant d’une part la qualité des compositions, longues, riches mais relativement simples et presque jamais barbantes, et d’autre part la voix de Dam Kat. Cette dernière a parfois le tort de vouloir exagérer le côté définitivement sensuel de sa voix par quelques soupirs superflus, mais la tête pensante de Children in Paradise possède néanmoins un organe vocal on ne peut plus convaincant.
Le tout est agrémenté d’instruments à vent dénommés « Uilleann Pipes » et « Low Whistles » que les experts en musiqiue celte ne manqueront pas d’identifier, leur sonorité se faisant entendre par moments sur l’album, sans toutefois lui conférer un côté musique celte très prononcé. Du coup, Esyllt ne se démarque pas par une « celtitude » prononcée, mais il n’en est pas moins un très bon album qui, s’il ne sort pas complètement des sentiers battus, propose à l’auditeur une heure d’une musique sereine et pleine, faisant honneur au nom du groupe. Si le milieu de l’opus coïncide avec une toute petite baisse de régime ("Esyllt", "Silent Agony"), les chansons de très bonne facture ne manquent pas. Si "The Battle" pourrait avoir les faveurs d’une audience plus habituée à un registre metal, ce sont peut-être des chansons les plus douces comme "My Son" ou "I'm Not Scared" qui frôlent l’excellence. Sur la première nommée, la combinaison entre la voix de Dam Kat et le piano est une machine à hérisser le poil, tandis que le rythme légèrement chaloupé de la seconde et les accents à la Beth Gibbons confèrent au titre une beauté exceptionnelle digne d’un How to Measure a Planet ? C’est néanmoins tout l’album qui mérite d’être écouté de manière répétée : si la musique de Children in Paradise est accessible, il faut tout de même s'y plonger de manière insistante pour en saisir la richesse.
Esyllt est un album agréable, très agréable même. Il ne révolutionne pas son époque, mais s’inscrit dans la droite lignée des œuvres sans défaut qu’on aura envie de ressortir, maintenant, mais aussi dans dix ans. Children in Paradise a réalisé en 2012 la meilleure des entrées en matière en proposant une première œuvre relativement dense, mais digeste. Esyllt est une invitation au repos du guerrier et s’en prendre une petite tranche entre deux albums des nos brailleurs préférés est une bénédiction. Vu le nom du groupe, il ne pouvait en être autrement.