CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Rody Walker
(chant)
-Tim Millar
(guitare+clavier)
-Luke Hoskin
(guitare)
-Arif Mirabdolbaghi
(basse)
-Chris Adler
(batteur)
TRACKLIST
1) Clarity
2) Drumhead Trial
3) Tilting Against Windmills
4) Without Prejudice
5) Yellow Teeth
6) Plato’s Tripartite
7) A Life Embossed
8) Mist
9) Underbite
10) Animal Bones
11) Skies
DISCOGRAPHIE
Lors de la sortie de Scurrilous, ça avait été le choc, l’énorme baffe dans la tronche, celle dont on se rappelle à vie. Fortress m’avait plu, mais Scurrilous était un cran au-dessus : plus mélodique, plus inspiré, rempli à ras bord de riffs qui tuaient et de quelques refrains fédérateurs. En bref, une tuerie. Donc j’attendais avec impatience son successeur Volition, surtout que les canadiens de Protest The Hero avaient bénéficié d’un soutien incroyable pour le financement participatif de leur album. Une question restait en suspens : avaient-ils toujours autant le sens de la mélodie et du riff ? Vous vous en doutez la réponse est positive.
Personne ne changera les canadiens. Ils auront toujours leur mauvais goût plus qu’appuyé pour les pochettes d’albums, ils aimeront toujours autant faire des morceaux aussi denses que mélodiques, où les breaks se mêlent aux grooves et où Rody Walker s’époumonera comme un fou pour faire vivre ses textes. Et la première piste de l’album, "Clarity", ne nous prouvera pas le contraire avec son tempo rapide, ses breaks, son chant hurlé, ses chœurs, ses growls et ses passages mélodiques. C’est dense et pourtant le morceau est assez aéré par rapport à d’autres. "Drumhead Trial" par exemple combine en 4 minutes 30, grooves, breaks, duel de guitare entre Luke Hoskin et Ron Jarzombek (Austin, Watch Tower, Blotted Science) et final où chant féminin et masculin s’entremêlent. Vous l’avez compris un album de Protest The Hero c’est de l’énergie brute sans temps mort quitte à laisser quelques auditeurs sur le carreau. Et qui de mieux que Chris Adler (Lamb of God) comme batteur de session pour ajouter du punch à l’ensemble.
Car Volition est nettement plus hargneux que Scurrilous. Des morceaux comme le metal punk "Underbite", le plus complexe "Animal Bones" ou la fin de "Tilting Against Windmills" ne diront pas le contraire avec leurs riffs à vous briser la nuque. D’ailleurs, les instruments tricotent toujours autant et nous offrent parfois des moments mémorables comme le solo de basse de "Without Prejudice" ou les solos de guitares de "Yellow Teeth" (notamment au moment du refrain), celui de "Plato’s Tripartite" ou ce passage néo-classique dans "A life Embossed". D’ailleurs, en parlant de cette piste elle résume parfaitement la variété de l’album : une première moitié ultra énervée avec des vocaux gueulés et du growl pour finir sur une deuxième partie très mélodique avec l’une des meilleures lignes de chant de Rody Walker.
C’est d’ailleurs cette diversité et ces références aux anciens disques (une partie de guitare dans "Drumhead Trial", le chant dans "Animal Bones") qui font de Volition un excellent album. Car outre les passages violents qui ne sont pas sans rappeler Fortress, les canadiens nous offrent quelques petites surprises comme le punk positif de "Mist" et son outro au piano et à la guitare acoustique ou le plus aérien "Skies" doté d’un final très accrocheur. La présence de Jaeda Kelly (ou même Kayla Howran sur "Drumhead Trial") apporte aussi beaucoup de fraicheur, rappelant par moment les duels vocaux de Kezia. Et pour couronner le tout, le groupe n’hésite pas à faire quelques passages épiques à grand renfort de chœurs comme sur le final de "Yellow Teeth" ou celui de "Clarity". Décidément, bien que le disque ai été composé plus rapidement que les autres, on ne peut pas dire qu’ils aient fait les choses à moitié.
Plus hargneux que Scurrilous, Volition demeure un excellent album sans temps mort n’hésitant pas à mélanger le passé du groupe pour offrir une variété fort plaisante. Bien sûr on pourra lui reprocher un ou deux passages un peu moins bons (le début de "Tilting Against Wildmills" ou le bordel qu’est "Animal Bones") ainsi qu’une prise de risque assez minime par rapport au reste de leur discographie. Pour autant, inutile de cracher dans la soupe, les canadiens restent parmi les rares groupes de metal prog à proposer des albums aussi denses qu’intéressants. Tout simplement.