CHRONIQUE PAR ...
Amdor
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Lawrence Mackory
(chant)
-Christofer Malmström
(guitare)
-Klas Ideberg
(guitare)
-Jörgen Löfberg
(basse)
-Peter Wildoer
(batterie)
TRACKLIST
1) Sounds of Pre-Existence
2) The Sinister Supremacy
3) Mechanically Divine
4) Ostracized
5) The Decline
6) Insurrection Is Imminent
7) In the Absence of Pain
8) Humanity Defined
9) Hate Repentance State
10) Collapse of Illusions
11) By Darkness Designed
12) Existence Is Just a State of Mind
13) Malicious Strain
14) I, Author of Dispair
DISCOGRAPHIE
La carrière de Darkane est frustrante. Il y a des groupes comme ça qui, tout pétris de talent qu’ils sont, peinent à prendre pleinement leur envol et semblent condamnés à évoluer en deuxième division malgré les quelques fulgurances occasionnelles. Demonic Art semblait entériner cette constatation, la faute notamment à une production hasardeuse, à un chanteur parfois à côté de la plaque et, plus généralement, à des compositions qui, bien qu’elles aient parfaitement tenu la route, ne s’érigeaient pas non plus comme des modèles du genre. Les Suédois ont alors eu la sagesse de prendre leur temps pour nous sortir ce sixième album pour prouver une bonne fois pour toute qu’ils font partie de ceux sur qui il faut compter.
C’est donc 5 ans plus tard, le line-up du premier album de nouveau réuni (ok, dans la mesure où seul le frontman avait changé entre temps, c’est juste Lawrence Mackory qui est de retour à la maison), que nous reviennent les Suédois avec un nouvel album plein de promesses et qui semble être l’occasion idéale pour la formation de se relancer. Après l’introduction symphonique de rigueur, le morceau éponyme risque de mettre tout le monde d’accord : il s’agit bel et bien d’un des tous meilleurs titres que Darkane n’ait jamais composé. Rien que ça ! Que dire ? Si la recette, ce mélange de melodeath purement suédois et de thrash, n’a pas évoluée depuis des années, le groupe semble enfin être parvenu à n’en retirer que le meilleur : le riff principal énervé et relativement technique est purement jouissif ; Mackory, contrairement à son prédécesseur, dégage un vrai charisme qui ferait presque oublier Andreas Sydow (il suffit de l’entendre prendre cette intonation « Hetfieldienne » sur ce refrain prenant comme pas deux dans la discographie du groupe !) ; un très bon solo à l’ancienne et un batteur qui, fidèle à lui-même, confirme qu’il est un monstre de précision.
Impossible de dire le contraire : ça démarre (très) fort ! « Mais alors, me direz-vous, pourquoi cette note et pourquoi pas un 17, un 18 ou un 19 ? ». A vrai dire, le plus gros défaut de cet album est justement qu’il part presque trop fort car si la suite est de très bonne qualité, elle ne reviendra toutefois qu’épisodiquement au niveau du morceau éponyme. Avec une telle entame, il était en effet difficile que l’impact perdure, d’autant plus que l’album est long (près d’une heure pour la version avec les deux titres bonus du digipack). Pourtant, la suite reste intrinsèquement bien supérieure à la grande majorité de ce qui avait été fait sur l’album précédent : les compositions sont toutes maîtrisées, comme du temps de Layers of Lies et le groupe parvient à varier le rythme à plusieurs moments clés de l’album, offrant une variation d’intensité bienvenue à l’ensemble, le rendant particulièrement digeste. Ainsi, à la vélocité Gothembourgeoise (j’ai cherché et c’est comme ça que ça se dit…) succèdent des passages plus mid tempo et ambiancés comme sur le sombre "The Decline" (toujours là pour faire peur…), le massif "Collapse of Illusions" ou sur le mélodique et très bon interlude instrumental qu’est "Hate Repentance State".
Supportés cette fois ci par un mix exemplaire et équilibré (Peter Wildoer a beau être un formidable batteur, il faut avouer qu’il a bien fait de déléguer cette tâche à Daniel Bergstrand) ainsi que par un chanteur enfin à la hauteur - car oui le gus’ a fait du progrès en 15 ans et est ici tout bonnement irréprochable, maniant aussi bien les growls, le chant crié suraigu (notamment sur "By Darkness Designed") que le chant clair thrashy - les instrumentistes n’ont plus qu’à laisser parler la poudre sur les titres plus rapides qui ne sont pas en reste : "Mechanically Divine" et "Ostracized" reprennent dans les grandes lignes la formule du morceau titre pour donner des titres bien pêchus, "Humanity Defined" donne l’occasion au batteur hyperactif de se mettre à nouveau en évidence tandis que le plus mélancolique "Existence is Just a State of Mind" s’éloigne un peu davantage de ce que Darkane a pu produire par le passé avec ses rythmiques syncopées assez groovy et les harmonies plutôt inhabituelles sur le refrain. Bref, vous l’aurez compris, il y a là de quoi rassasier les amateurs du style, d’autant plus si vous bénéficiez des titres bonus du digipack, "Malicious Strain" et "I, Author of Despair" qui n’ont absolument rien à envier aux autres morceaux de la galette.
Il faut dire ce qui est : peu de monde s’attendait à retrouver Darkane à un tel niveau avec cet album et pourtant les faits sont là ! La baisse d’activité du groupe ces dernières années semble avoir fait le plus grand bien aux mecs qui ont retrouvé leur meilleur niveau, balayant toutes les critiques qui leur avaient été faites et confirmant qu’il faudra continuer à compter sur eux à l’avenir. The Sinister Supremacy, à défaut d’être l’album ultime, est à ranger parmi les toutes meilleurs sorties du groupe, rendant encore plus frustrants ses ratés passés. Il ne reste plus qu’à espérer qu’ils soient capables un jour de nous offrir deux albums de qualité d’affilé. Ne reste plus qu’à attendre avec appréhension le prochain…