Parce que cela existe, le fait de toujours vouloir prolonger les vacances, le sujet de cette chronique va de nouveau concerner l'Amérique du Sud (le soleil, la plage, etc). Si Sarcofago avait pondu un premier album explosif avec si peu de moyens, Pentagram, groupe de thrash/death metal chilien, ont eux sorti deux démos pour un statut presque aussi culte. Oui, oui, c'est bien cela : chilien et formé en 1985. Décidément, ils n'avaient peur de rien à l'époque (pour rappel, Pinochet était toujours au pouvoir et il aurait surement vu d'un mauvais œil un très grand rassemblement de thrashers à Santiago). Le cas de ce groupe est d'autant plus particulier qu'il est un des rares à donner des signes de vie depuis sa disparition au début des années 1990 (les autres, Sextrash comme Sarcofago ou Mutilator, ne sont plus en activité ou presque).
Ainsi, son premier album semble vouloir prouver que le groupe veut avoirs d'autres choses à dire en 2013. Est-ce une réussite ? A moitié, dira-t-on. Car la comparaison avec le temps des démos et de l'EP sorti chez Chainsaw Murder Records (label du groupe suisse Messiah, et dont le gérant était un ancien roadie de Celtic Frost) sera de mise. D'ailleurs, la première chose qui frappe l'auditeur en écoutant le premier album du groupe depuis sa formation (c'est à dire 28 ans : impossible de savoir quel est le record actuel mais de toutes façons, mieux vaut tard que jamais), c'est d'entendre à quel point le son est toujours aussi agressif, lourd et efficace que du temps des deux démos. Les deux guitares s'offrent un son clair, bien fichu et qui envoie du lourd tout le long de ces dix titres explosifs. Couplées à une basse audible et claquant, elles déchaînent une monstrueuse tempête de décibels. La furie rappellerait presque celle que déchaînait Morbid Saint de son côté, avec son Spectrum of Death (autre album culte de thrash brutal), mais dont le son était un peu plus difficile. Et il est inutile de dire que la batterie et les vociférations ne rassurent pas. Les titres comme "La Fiura" (tiens, ils ne hurlent plus en anglais) ou "Sacrophobia" nous rappellent combien Pentagram tabassait et tabasse toujours autant. Reste la question de fond : come-back réussi ou raté ?
Les puristes vont surement faire la moue : pour eux, le groupe n'aurait pas du se reformer. Si Vulcano, groupe de black/death metal culte a su faire amende honorable après ses errements passés (les albums suivant le premier, c'est moyen, voire mauvais), Pentagram a un peu du mal à convaincre. Autant en 1988 ce disque aurait pu tout ravager et porter l'Amérique du Sud comme territoire inattendu du thrash avec Sepultura et toute la scène de Belo Horizonte, autant en 2013, le mythe a un peu mal au cul. Trônant avant aux côtés de Infernäl Mäjesty, Poison, Slaughter ou encore Messiah, le groupe semble avoir maintenant des moments de faiblesse. Ainsi, "The Apparition" ou "King Pest" sonnent comme des redites de morceaux comme "Demoniac Possession" (qui hallucine avec sa rythmique impitoyable et la hargne du vocaliste). Mais voulez-vous savoir la blague de ce retour ? Cette chronique est en train de parler des nouveaux morceaux qui font preuves de qualités malgré le fait que le groupe n'ait pas trop évolué depuis toutes ces années. Mais le disque à acheter, lui, comporte, en plus, les anciens morceaux réenregistrés (qui figuraient sur les démos). Horreur, damnation, trahison. Bien des groupes se sont effondrés en faisant des remix (Sarcofago et ses vieux titres, Megadeth et ses bonus inutiles sur les versions remasterisées de ses albums). Rien que le fait de comparer les versions nouvelles et anciennes peut effrayer.
Bref, cet album, moyen en raison de son aspect "figé dans une autre époque", séduit tout de même par sa violence si harassante pour l'auditeur, par son côté rouleau compresseur. L'appellation "death old school", autant vous le dire, est largement méritée. Les démos faisaient preuve d'une brutalité à toute épreuve, dans la pure veine de Possessed, Dark Angel, et par extension, Slayer. Un album si tardif après les dites démos ne peut que faire douter... Mais avis à vous, lecteurs : si vous ne connaissez pas ce groupe, vous pouvez acheter ce disque pour vous faire une idée de son impact en Amérique du Sud. Autrement, attendez de tomber sur Under the Spell of the Pentagram pour pas cher (seconde compilation avec des live en plus), car Pentagram est/était un bon groupe de thrash extrémiste et "raw", assurément.