CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-G. A. Chandler
(chant+guitare)
-Vortigern
(guitare+orgue+clavier)
-Aran
(basse)
-T. J. F. Vallely
(batterie)
TRACKLIST
1) The Inception
2) Resentment
3) Against The Paradoxical Guild
4) In Self Ruin
5) Sceptre To Control The World
6) Intermezzo
7) Triumphalism
8) Dust Of A Gun Barrel
9) When Scorn Can Scourge No More
DISCOGRAPHIE
La recette pour un bon album de black orthodoxe aujourd’hui ? Mais rien de plus facile, les ingrédients se trouvent à tous les coins de rue. Il suffit de prendre quelques dissonances, typiques de ce qu’a fait Deathspell Omega après Si Monvmentvm, des paroles parlant de Religion avec une certaine élévation, on n’est pas chez ces crétins de Norvégiens ici, une voix rocailleuse, et quelques mélodies en bonus, si ça vous tente. Vous mélangez dans une grande marmite en fonte noire, et laissez cuire deux ou trois ans, et voilà votre album.
Lychgate vient du Royaume-Uni, et n’est pas une jeune formation, puisqu’elle existe depuis 2001, étant passée en 2012 de l’appellation Archaicus à celle-ci. Cependant, ces onze années sous ce premier patronyme n’auront vu la sortie que de deux démos. Bref, pas des foudres de guerre. Mais avec cette sortie, les Anglais pourraient bien, et même, mériteraient, de se faire remarquer. Relativement courte, avec un total de 38 minutes, la galette se case facilement au milieu d’une journée, pour un petit plaisir violent. Ce disque éponyme débute par une intro assez révélatrice de ce que sera le reste : d’une tendance plutôt mystique, tout en restant très sombre et pessimiste, à l’image de la pochette et son armada de corps réunis pour un rituel sûrement peu orthodoxe. Le son du groupe est d’ailleurs traité de telle façon que l’on dirait que la musique est jouée dans la caverne de la pochette. Le talent de ces faux-jeunes pour poser une ambiance se manifeste directement au commencement de "Resentment", avec ce bouillonnement de guitares surplombé par l’orgue, qui tombe presque dans le domaine du doom avant de prendre sa réelle envolée, dans un ciel de larsens malsains typiques du black metal orthodoxe actuel. Celui dont le grand nom est Deathspell Omega.
Toutefois, demeurant loin de celle des Avignonnais, la musique des Anglais n’utilise les fracas guitaristiques propres à retourner quelques tripes qu’en peu d’occasions ("Resentment", "Sceptre To Control The World"), privilégiant les riffs en trémolos ou powerchords, pour les plus lents. Mais si le groupe brille surtout, c’est par sa capacité à tirer de son chapeau des mélodies très sombres, loin du cucul-la-praline de certaines formations. Les ornements mélodiques ne sont chez Lychgate que des couches supplémentaires de suie, pleuvant au fil de l’écoute sur l’auditeur. Pour ne citer que les plus remarquables, celles de "Against The Paradoxical Guild", incantatoires à souhait, ou de "Dust Of A Gun Barrel", porteuse d’une neurasthénie rampante. Ne faisant pas les choses à moitié, les rosbifs ont aussi su se doter d’un vocaliste qui fait très bien son job, même si on pourra le trouver relativement classique. Les plus gros amateurs de brutalité diront peut-être que le blast n’est pas assez utilisé. Le groupe lâche cependant les chevaux de temps à autres, comme sur "In Self Ruin", morceau le plus violent qui se résume à presque 3 minutes de blast, avec toujours cet orgue et ces ambiances minières.
Un effort tendant vers le réalisme appréciable, qui rajoute à la superbe d’un disque dont le seul défaut est sa brièveté. Que cela soit bien dit : avec un tel premier disque, totalement inattendu, et passé inaperçu de presque tout le monde, malheureusement, la troupe de la perfide Albion a de quoi marquer les esprits et se placer en bonne position pour devenir l’un des leaders du black orthodoxe, pour peu qu’ils sachent transformer l’essai.