CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Antheres Atras Exitvm
(chant)
-Siderevs Ocxlxs Mvndi
(chant+guitare)
-Dioskouroi Deimos Faol
(chant+basse)
-Asmodeus Draco Dvx
(chant+clavier+guitare+batterie)
TRACKLIST
1) Awaiting The Inexorable
2) Emblem Ov Primordial Tides
3) Enraging The Water Spirits
4) Maelstrom Descent
5) Domination Ov The Storms
6) Surge
7) Beholding The Oceans
8) Sunset Ov The Abysmal Embrace
9) Let The Realms Rise
10) He Who Dwells The Depths
11) God Ov Emptiness (Morbid Angel Cover)
DISCOGRAPHIE
Azrath XI, encore un groupe de death rital moderne, qui sort ici son deuxième album. La lassitude ? C’est pour les falses. En plus, bam, un Cthulhu de plus sur une pochette d’extrême, et plus que jolie, même si elle peut tuer des épileptiques à la dizaine. Celle d’Ov Tentacles And Spirals peut d’ailleurs être vue comme un mélange de celle du Mafia de Fleshgod Apocalypse et du Swallowed By The Ocean’s Tide de Sulphur Aeon.
Et le plus marrant, c’est que la comparaison pour les pochettes peut aussi être faite au niveau musical. Le death metal ultra-carré typiquement polonais (et devenu également la marque de fabrique des deathsters pizzaiolos depuis quelques années) se marie à du black metal que l’on retrouvait dans l’album des allemands précités. Evidemment, Behemoth pourra aussi être cité dans les influences, bien que la façon de composer diffère, se reposant nettement moins sur des salves de marteau-pilon au profit de riffs décochés comme autant de flèches tranchantes. Comme de rigueur, la production énorme nous concasse les membres, par le biais d’une batterie qui tirerait presque sur le plastifié. Le presque ici marque toute la nuance, car cette plastification n’est pas assez poussée pour déranger. Les guitares tirent également parti de la production, en gardant un certain côté sale, restant cependant loin du Appostles Of Inexpression de Vomit The Soul, modèle indépassable en la matière. Nul manque de puissance sur les six-cordes toutefois, et même la basse est audible. Rien à redire de ce côté-là donc.
Les atouts d’Azrath XI ne se trouvent pas que sur sa plastique irréprochable à base d’artwork alléchant et de production impeccable. La formation montre d’évidentes références, grâce à une reprise de Morbid Angel en fin de parcours, "God Of Emptiness", titre tirant fortement sur le doom, et permettant aux mangeurs de spaghettis de dévoiler l’aspect « Panzer » de leur musique. Ce dernier ressort en effet assez peu sur les autres titres, joués pour la plupart à toute vitesse, dans la tradition des Hour Of Penance, même s’ils se permettent des introductions ambiancées, voire même un morceau totalement écrasant ("Beholding The Ocean", "Sunset Ov The Abysmal Embrace"), comme sur "Domination Of The Storm", avant de partir tambour battant, ou plutôt double grosse caisse mitraillant en l’occurrence. L’ambiance évoquée ci-avant n’est d’ailleurs pas relayée que par des mélodies, la structure de certains passages est évocatrice, comme la fin de "Maelstrom Descent", qui tournoie furieusement, comme l’onde salée, agitée de toute part, ballotant les restes d’un esquif imprudent. Le tapping de "Domination Ov The Storms" et sa suite renvoient également au sorcier de la pochette invoquant quelque horreur tentaculaire des abysses aqueux.
Mais ce n’est pas là le seul atout de la formation, qui reprend aussi au death italo-polonais sa tendance épique et dominatrice, disséminée dans tout un tas de leads dépressivo-épiques. "Awaiting The Inexorable", nous met directement dans le bain, "Beholding The Ocean" nous la joue mystique, bref une vraie recherche de ce point de vue se doit d’être mise en exergue. L’auditeur se trouve donc face à un alignement plutôt quelconque d’ingrédients déjà cuisinés et servis à toutes les sauces, mais qui ici sont assaisonnés de façon assez professionnelle pour donner un plat savoureux, provoquant le plaisir des papilles en manque de nourriture relevée. La puissance de certains riffs, mettra aussi l’auditeur à genoux comme de coutume, ainsi que le fait de si belle manière "Sunset Ov The Abysmal Embrace", figurant Cthulu en train de commander à des hordes d’hybrides de poulpes et d’humain d’envahir la surface, pour réduire en esclavage les faibles hommes. A ce sujet, il est d’ailleurs regrettable que le chant clair de ce morceau ne soit pas davantage exploité tout du long, à la place de ces cris de détresse utilisés par endroits.
Aussi massif qu’un Yoth-Soggoth, aussi vicié que les miasmes verdâtres de Ry’Leh, faisant jeu égal avec Dagon pour l’agressivité caractéristique, le second opus des natifs de Gorizia se pose, sinon comme référence, comme l’une des bonnes surprises de l’année. Pas de quoi faire d’ombre aux Allemands de Sulphur Aeon, mais une offrande de choix pour ceux qui sont déçu par la tournure totalement symphonique de Fleshgod Apocalypse ou la plastification presque entière du Behemoth récent.