CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13/20
LINE UP
-Mark Palfreyman
(chant+basse)
-Mark A. Evans
(guitare)
-Scott Young
(guitare)
-Matt Racovalis
(batterie)
TRACKLIST
1)Velocity
2)Sustained Connection
3)Lost Pleiad
4)Receiver
5)Remote Viewing
6)Inertial Grind
7)Cygnus X-1
8)Throughout The Moment
9)Woven Imbalance
10)Boundless Intent (Part 1)
11)Boundless Intent (Part 2)
12)Subject To Change
13)Event Duality
14)Audio Synthesis
15)Reconditioned
DISCOGRAPHIE
Que les fans de metal extrême et progressif se languissant de la disparition de formations comme Cynic ou Atheist et ne trouvant pas leur bonheur dans la nouvelle génération de metal expérimental incarnée par Meshuggah ou Dillinger Escape Plan se rassurent: la relève est enfin arrivée. Eventuality est un album qui ne risque pas de faire l'unanimité, tant le côté progressif est mis en avant pour un résultat qui peut sembler purement démonstratif et sans queue ni tête au premier abord. Alors: digne successeur de Focus, seul album studio et pièce maîtresse de Cynic, ou vain assemblage de plans techniques sans âme? Petit débroussaillage des riffs et compositions sacrément touffues de cet opus…
Pour ceux qui ont raté un épisode et n'ont jamais posé leur oreille sur un album de thrash/death progressif, essayons de décrire Eventuality par le biais d'autres références. Imaginez-vous le rock prog de Rush période A Farewell To Kings/Hemisperes, mélangé au son et aux riffs extrêmes de Death période Individual Thought Patterns, le tout entrecoupé de petits plans jazzy, et vous aurez une bonne idée de ce que représente la musique d'Alarum. Le groupe n'est pas avare de passages très techniques, syncopés ou dissonants à l'extrême, arrangés en des compositions qui sortent des sentiers battus du metal pour essayer de surprendre l'auditeur à chaque mesure ou presque. Il subsiste quelques compositions que l'on pourrait quasiment qualifier de "directes", comme "Throughout The Moment", mais l'ensemble demeure très barré et fouillé, autant dans les structures que dans les arrangements.
Le parallèle tracé par votre humble serviteur avec l'époque la plus progressive de Rush n'est pas fortuite, tout comme le titre "Cygnus X-1" donné à l'un des nombreux interludes acoustiques qui parsèment le disque n'est certainement pas le fruit du hasard. Et effectivement certaines chansons, en particulier "Reconditioned", donnent l'impression d'entendre la bande à Geddy Lee en version réactualisée et plus metallique. Mais là où les titres homonymes des canadiens, "Cygnus X-1" et "Cygnus X-1: Book II" donnaient dans la composition à rallonge, Alarum fait du condensé à première vue assez déroutant pour un album de metal progressif. Seuls deux titres sur quinze dépassent les quatre minutes pour un disque totalisant à peine trois quarts d'heure, et on se retrouve donc avec des compositions où les idées fourmillent, parfois aux dépens des ambiances qui peinent à s'instaurer. Cet aspect est rattrapé par un album très homogène, à prendre comme un ensemble cohérent plutôt qu'une collection de singles.
La production de l'album mise non pas sur l'énormité du son, mais plutôt sur sa limpidité, avec chaque instrument qui est parfaitement audible. C'est indéniablement un point fort vu le très haut niveau et la versatilité des musiciens, avec d'excellentes lignes de basse remémorant par moments l'album de Death précédemment cité. Mais c'est également Mark Palfreyman, chanteur-bassiste qui constituera la seule ombre au tableau dépeint par Eventuality: autant ses parties instrumentales sont au-delà de tout reproche, autant ses performances vocales laissent franchement à désirer. Dans un registre agressif il arrive tant bien que mal à s'en sortir même si son vocal à la croisée du hurlement hardcore et du growl manque de relief. Quant aux tentatives de chant clair, elles oscillent entre le passable sur "Throughout The Moment", avec un timbre qui fait étrangement penser à Johan Edlund de Tiamat, et le calamiteux sur "Remote Viewing" ou "Internal Grind"… Abstraction faite de cette petite faiblesse, Alarum nous livre là un album non pas révolutionnaire, mais tout du moins intéressant et intègre, qui devrait sûrement faire la joie de ceux qui aiment absorber patiemment et décortiquer des compositions riches et fouillés.