CHRONIQUE PAR ...
Belzaran
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Luri Sanson
(chant)
-Renato Osorio
(guitare)
-Abel Camargo
(guitare)
-Benhur Lima
(basse)
-Eduardo Baldo
(batterie)
TRACKLIST
1) Silent Revenge
2) Lonely Fight
3) Deadly Vengeance
4) Walking To Death
5) Silence Will Make You Suffer
6) Shall I Keep On Burning
7) The Place That You Belong
8) The Scream Of An Angel
9) The Way It Is
10) Shall I Keep On Burning (acoustic)
DISCOGRAPHIE
Avec Defying the Rules, le groupe brésilien Hibria avait entretenu l’espoir que le power metal pouvait tenir l’un de ses futurs fer de lance. Leur premier album était terriblement accrocheur, technique et sans grosses faiblesses. Les défauts étaient gommés par un côté rock’n’roll endiablé. Hélas, le deuxième opus du groupe, The Skulls Collectors avait été un ratage complet. C’était la même chose en moins bien et les défauts des Brésiliens prenaient de l'ampleur pendant que leurs indéniables qualités semblaient être parties se cacher un peu plus loin… J’avais donc laissé de côté ce groupe. C’est avec leur quatrième album, Silent Revenge, que je renoue avec eux. Après un live et de nombreux changements de line-up, qu’en est-il de la forme du groupe aujourd’hui ?
Hibria annonce vouloir, depuis leur troisième album, faire une musique « plus sérieuse ». Je ne sais pas ce que c’est censé vouloir dire, mais force est de constater que la formule des Brésiliens n’a pas beaucoup changé. Les tempos sont rapides (voire très rapides), le côté rock’n’roll présent et le chant hyper reconnaissable perché dans les aigus. En tout cas, il est étonnant de voir que, malgré les changements de line-up, le groupe a gardé la même patte. Cependant, il est certain qu’Hibria n’a plus l’enthousiasme monumental des débuts. On ne part plus à 200 à l’heure à chaque morceau et les tempos sont globalement moins rapides. Alors, que reste-t-il ? D’abord, des morceaux enlevés, soutenus par des riffs incisifs ("Walking to Death"), un chant accrocheur entre mélodie et agressivité et des parties solos longues et techniques. La particularité d’Hibria est de développer un power metal très brut. Loin d'être symphonique ou maniéré, les Brésiliens jouent une musique sévèrement burnée qui allie parfaitement les mélodies et l’attaque en force. Les guitares sont riches et véloces, pour notre plus grand plaisir. Il est à noter que l’aspect technique de la musique est toujours aussi présent. On retrouve donc des duels de guitares, ou plutôt des parties à trois jouissives, tant la basse est présente. Il est d’ailleurs à noter que le précédent bassiste d’Hibria, Marco Panichi, était talentueux, et son remplaçant, Benhur Lima, l’est tout autant. Il mérite à lui seul l’écoute de l’album tant ses interventions sont un plaisir. Ses soli sont un vrai bonheur et les amateurs de basse apprécieront.
Le premier album d’Hibria était loin d’être parfait. Certains écueils se retrouvaient dans leur musique. On pouvait noter un chant un peu crispant, le fait qu’il n’y ait aucun moment calme et le manque de variété. Force est de constater que cela n’est plus du tout vrai aujourd’hui, signe que le groupe évolue vraiment dans le bon sens. Ainsi, le couplet de "Silence Will make You Suffer" est plus calme : une guitare acoustique, un lead aérien, un chant plus grave, une batterie en retrait… Quoi de plus agréable que de ressentir alors la musique repartir ? En cela, les Brésiliens ont appris à temporiser avant d’envoyer la sauce. Et si les riffs sont parfois moins marquants que par le passé, ils sont aussi plus variés. Le must reste quand même les longs passages instrumentaux où les soli s’accumulent, techniques et mélodiques. Il y a une vraie cohésion dans la musique du groupe qui lui donne une force indéniable. Et c’est un plaisir de voir qu’Hibria est capable désormais de lâcher des ballades avec talent. "Shall I Keep On Burning", soutenu par le chant de Luri Sanson et la basse créative de Benhur Lima, est un vrai plaisir. Le groupe nous gratifie même, pour la version européenne, d’une version acoustique ! Hibria nous offre également un morceau de 8 minutes, "The Way It Is", particulièrement réussi aux soli jouissifs. En soit, l'album ne possède pas de morceau vraiment faiblard. Si bien que pour choisir les tueries, j'ai été un peu gêné, car l'album est bien équilibré.
Si pendant la première écoute, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’Hibria avait perdu de sa fougue juvénile, j’ai bien du constater qu’ils ont su transformer cela de façon bénéfique. Au final, ce Silent Revenge est une évolution lente de la musique du groupe. On y retrouve la patte des Brésiliens, un enthousiasme certain, mais aussi des respirations bienvenues. Qui plus est, dans une scène speed metal bien peu créative, le groupe a le mérite de développer une musique plus originale et personnelle. Et à la sortie, force est de constater qu’Hibria est certainement l’un des groupes les plus en forme de la scène power metal. Une excellente surprise !