CHRONIQUE PAR ...
Belzaran
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Mischa Mang
(chant)
-Chuck Schuler
(guitare)
-Richie Seibel
(claviers)
-Giovanni Soulas
(basse)
-Mathias Biehl
(batterie)
TRACKLIST
1) Systematrix
2) Human Letargo
3) Tin Cans Liberty
4) War Of The Centuries
5) Madhouse
6) Learning Path
7) Walldancer
8) The Symbiotic Predator - Seduction
9) The Symbiotic Predator - Resolution
10) The Symbiotic Predator - Late Recognition
Bonus Tracks
11) Lingua Nera
12) Symbols Of Time
DISCOGRAPHIE
Il y a une mode qui consiste à utiliser le terme progressif pour beaucoup trop de groupes. En effet, dès qu’une musique n’est pas directement calquée sur une structure couplet/refrain basique, on n’hésitera pas à dire que l’album « possède quelques éléments progressifs ». Ivanhoe joue clairement dans la partie supérieure, car outre des structures de morceaux complexes, il ajoute des rythmes syncopés, des signatures rythmiques ternaires… Systematrix est leur sixième album pour près de vingt ans de carrière. Autant dire que le groupe prend le temps de peaufiner chacun de ses bébés…
L’opener, l’éponyme "Systematrix", possède dès le départ une intro syncopée qui ravira les adeptes du genre. Le morceau semble en permanence sur une corde raide. On n’aime ou on n’aime pas, mais force est de constater qu’Ivanhoe maîtrise son sujet. Le groupe évolue dans un metal très rock. Le chant est toujours clair, les riffs façon gros accords plaqués… Pas de grosses violence ici, même si l’énergie est de mise. Le groupe fait des ambiances son point fort. Si les mélodies ne sont pas forcément catchy, elles marquent quand bien même ("Human Letargo", "Systematrix"). Il s’en dégage une forme d’ambiance générale assez dérangeante, un peu glauque et lourde. En cela, l’album possède une vraie cohérence, tout en proposant des morceaux bien différenciés. Le groupe possède une patte qu’il développe à bon escient. La partie rythmique est vraiment magistrale, d’une variété incroyable. A aucun moment, le groupe ne tombe dans une forme de facilité. Cela donne forcément un aspect parfois mécanique, voire froid. Mais tout dépend de la sensibilité de l’auditeur, car les cassures déstabilisent forcément en première écoute, mais c’est aussi ce qui fait toute la qualité de ce groupe. On est surpris, on ne devine jamais ce qui va arriver.
Au milieu de ces morceaux, le groupe ménage des pauses à son auditeur. Ainsi, "Madhouse" est une ballade des plus réussies. Démarrant avec une guitare/voix simple, elle présente bien plus de surprises que l’on peut y penser après un début très classique. C’est l’occasion de profiter du chant de Mischa Mang. Ce dernier possède une voix qu’il utilise aussi bien dans les graves que dans les aigus (où il possède une vraie capacité d’émotion). Son chant est plutôt maniéré, ce qui correspond parfaitement à la musique du groupe. Il donne une vraie identité à Ivanhoe. Mais la force du groupe est justement de bien intégrer tous les musiciens dans un ensemble cohérent où chacun à sa place. Cela se retrouve parfaitement dans le tryptique "The Symbiotic Predator". Le premier morceau, "Seductor" est un instrumental tout en montée en puissance où chaque instrument s’exprime. "Resolution", démarrant au piano, suit la même idée et finit tout en énergie. Arrive enfin "Late Recognition" où le chant reprend, accentuant les ambiances posées précédemment. Je tiens à préciser que les deux bonus tracks ("Brokers Lingua Nera" et "Symbols of Time") sont d'une grande qualité. On se demanderait presque pourquoi ils ne sont pas intégrés directement au reste.
Ivanhoe nous propose ici un album varié, plein de surprise et doté d’une véritable cohérence. Les rythmiques déstructurées ne plairont clairement pas à tout le monde, mais le groupe possède un style bien défini et développé avec intelligence. Il manque peut-être un soupçon de moments forts ou d’émotion pour que cet album ne décolle réellement. Mais si vous aimez ce genre de musique progressive, vous risquez d'être conquis.