CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Cristian Guzzon
(chant)
-Alessio Rossano
(guitare)
-Alessandro Ferrari
(guitare)
-Mattia Nuti
(claviers)
-Nicola Paganini
(basse)
-Francesco Daniele
(batterie)
TRACKLIST
1) Dies Irae (Praeludium)
2) Echo of my Cinderella (The Final Symphony)
3) Enter the Silence
4) Scripta Manent (Bullshit)
5) The Perfect Storm
6) At the Gates of Ice
7) Ashes of a Scar
8) Black Lily of Chaos
9) A New World (Postludium)
DISCOGRAPHIE
La prophétie est claire. « Plus de vingt ans il te faudra patienter. Du Sud de l’Europe le Messie du gothic doom-death viendra. La relève de la génération pionnière il prendra. L’œuvre inachevée de Pyogenesis il terminera. » Carved… Dies Irae… Je tourne et retourne mon lecteur MP3… J’écoute les premières chansons de l’album et suis pris d’un fol espoir. Et si c’était eux ? S’ils allaient achever de bâtir le grand édifice du gothic doom-death ? Toutes ces années à attendre le Sauveur, celui qui saura oublier le death-core, le death-prog, le death-bidule et le death-machin, pour nous concocter ce que Pyogenesis commença à élaborer le temps de deux EP : le chef-d’œuvre définitif du genre. La dernière chanson vient de finir. Loupé, ce n’est pas pour ce coup-là. Mais je n'ai pas perdu mon temps pour autant.
Le premier album de ces Italiens est quand même d’un très bon niveau, grâce notamment à quatre premières chansons (cinq si l’on compte l’introduction) extrêmement efficaces, et qui démontrent que le groupe a bien su saisir l’esprit des compositions des pionniers du genre : un son brut, des riffs death lourds parfois thrashisant contrastant avec quelques nappes de clavier Bontempi, quelques chœurs aériens masculins et/ou féminins et la préservation d’une structure couplet/refrain simple. La recette est appliquée avec soin et l’on se régale à entendre des morceaux où les nettes influences des Teutons cités plus haut, Sentenced ou encore Cemetary version Godless Beauty vivent en totale harmonie. "Enter The Silence" et "Scripta Manent" illustrent parfaitement cette maîtrise, et le dialogue entre la brutalité de la section rythmique et la légèreté des claviers est un vrai régal. La façon dont les claviers répondent aux « Bullshit ! » proférés par Cristian le chanteur sur "Scripta Manent" est à ce titre un des moments forts de l’album. Le puissant "The Perfect Storm" et son joli refrain complètent une première moitié d’album de très, très haute volée.
On se prend alors à rêver à l’album parfait. Malheureusement, la seconde moitié de l’œuvre, sans être en rien mauvaise, ne produit pas la même sensation et la comparaison avec une équipe de football gagnant 3-0 à la mi-temps et se contentant de gérer son avance par la suite est tentante. "At the Gates of Ice" contient de bonnes idées, et notamment quelques lignes de chant féminin plus punchy que la moyenne du genre, mais le refrain très Sentenced rappelle la face plus roborative du groupe finlandais. "Ashes of a Scar" donne quant à lui plus dans un registre melodeath pas forcément très inspiré (ah ce maudit vide guitaristique pendant les couplets...), tandis que "Black Lily Of Chaos" et ses éléments acoustiques à la Amorphis post-Elegy est très honnête mais n’a pas la flamme des morceaux initiaux. Au total, Dies Irae reste quand même un très bon album par sa puissance de percussion, la qualité globale des ses mélodies et on s’en prend même à regretter qu’il ne comporte pas quelques titres de plus, histoire de voir si Carved revenait à la hauteur des morceaux initiaux… On soulignera également qu'autant l’intro que l’outro (et son effet « disque vinyl rayé ») sont soignées, ce qui ne gâche rien.
Bon, ben pour la prophétie il faudra encore attendre, mais avec un peu de chance, c’est bien de Carved que pourraient venir des œuvres de tout premier plan. L’espace de cinq chansons, Carved a montré qu’ils savaient jouer un magnifique gothic doom-death catchy et intense. Le reste de l’album est un cran au-dessous, mais mérite également d’être écouté. On se contentera de cette très bonne mise en bouche pour l’instant, en espérant des jours encore meilleurs. Pendant ce temps, Ignis Creatio, Forever Scarlet Passion, Amok et les autres ne sont toujours pas rangés au placard…