CHRONIQUE PAR ...
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Peter "Pete Evil" Michael Kolstad Vegem
(chant+guitare)
-Kristoffer "Dor Amazon" Sørensen
(guitare+chœurs)
-Carl "Calle" Janfalk
(basse+chœurs)
-Bård Guldvik "Faust" Eithun
(batterie+chœurs)
TRACKLIST
1) The Butcher of Rostov
2) Dogfed
3) The Rape of Nanking
4) In The Dungeons of the Rats
5) Metal Fang
6) The Brazen Bull
7) Grave Desecrator
8) Unholy Nights
9) B.T.K
10) Krokodil
DISCOGRAPHIE
On fait tous des bêtises dans la vie. Personne n'est à l'abri de prendre la mauvaise décision. Voyez Blood Tsunami, groupe de thrash revival dont l'existence même est une erreur. Alors que ses membres avaient montré des signes encourageants de lucidité en arrêtant les frais pour mieux se perdre dans le projet Mongo Ninja aux titres d'album d'une redoutable connerie (No Cunt for Old Men !), les voilà qui décident de réanimer la bestiole quatre ans après l'avoir assommée à coups de Nike scratch. Quand ça veut pas...
Les Norvégiens remettent donc le couvert après avoir sorti deux LP dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'avaient guère emballé par leur originalité. Du thrash old school jusqu'à l’écœurement, tel était le programme bourratif de ces contrefacteurs d'Oslo rétifs à toute évolution. Or - good news, guys - de l'évolution sur For Faen (« For the Devil » in english), il y en a. Peu, mais c'est suffisamment miraculeux pour ne pas faire la fine bouche. Il faut croire que l'incartade punk de Mongo Ninja a laissé des traces car le groupe a pris l'option de raccourcir les morceaux, certains descendant même sous les deux minutes. Lorsque l'on redoute une purge, le constat que celle-ci sera relativement brève (à peine plus d'une demi-heure) a tendance à rassurer. Mais, de fait, le supplice sera moins pénible que prévu. Car Blood Tsunami a tenté des trucs.
On note d'abord avec satisfaction que ces types jouent correctement de leurs instruments. Pas de bouillie sonore, pas de bourrinage simpliste noyé dans une production dégueulasse, ça fait toujours plaisir. L'enregistrement est à la fois chaud et abrasif tout en dépotant ce qu'il faut pour faire honneur aux monstres sacrés qui l'ont inspiré. Oui car il ne faut pas rêver non plus, Blood Tsunami s'adonne toujours à son jeu favori du recyclage. Le premier titre "The Butcher of Rostov" - inspiré par un serial killer qui ferait passer Hannibal Lecter pour Mère Theresa - résume bien l'affaire : l'intro pompée sur "Raining Blood" de Slayer précède le riff de "Metal Militia" (Metallica) avant que ne déboule le refrain de "The Reaper", un titre de Witchery. Et tout l'album est comme ça, entre soli slayeriens note à note et chant proche de Chuck Billy (Testament) à ses débuts - "The Rape of Nanking" évoque un ripolinage du fulgurant "C.O.T.L.O.D." qui a tout de même fêté ses vingt-cinq ans il y a peu.
Les Blood Tsunami donnent une fois encore dans l'imitation des pionniers du thrash eighties, il faut s'y faire - à ce stade c'est incurable. Reconnaissons-leur cependant l'intégration timide de quelques influences annexes, punk et mélodeath suédois pour les plus évidentes et une volonté jamais démentie de rester pied au plancher. Tout à fond, aucune fioriture et zéro travail d'ambiance : les nostalgiques des vieux Slayer et du premier Exodus seront aux anges. Les autres se diront qu'un manque aussi criant de personnalité est trop pénalisant pour rivaliser avec les sublimes rebouteux cosmiques de Vektor dont la relecture sidérante des mêmes influences rend d'autant plus vain cet hommage trop appuyé.