CHRONIQUE PAR ...
Archaic Prayer
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Dave Hewson
(chant+guitare)
-Terry Sadler
(basse+chant)
-Ron Summers
(batterie)
TRACKLIST
1) Strappado
2) The Curse
3) Disintegrator
4) Incinerator
5) Parasites
6) F.O.D (Fuck Off Death)
7) Tortured Souls
8) Nocturnal Hell
9) Tales of the Macabre
DISCOGRAPHIE
En 1986, le death metal était à peine défini malgré le coup d'éclat de Possessed et la surprise juvénile de Sepultura. En plus, ce genre souffrait d'une malédiction inexpliquée à ce jour : le retard au démarrage. Si Insanity et Master détiennent le record, un des cas les plus intéressants, et le moins explicite, est Slaughter. Ce groupe fait partie de la particulière scène thrash de Toronto. Aux côtés de Sacrifice et de Razor, ce groupe développe un thrash ravageur dont un son punk ne cesse de lui coller aux basques. Ayant enregistré l'album dès début 1986, Slaughter vit "Maim to Please", "One Foot in the Grave", "Tyrant of Hell" et "Death Dealer" être retirées pour raisons de conflits avec le label, paresseux.
Même s'il est absurde de parler avec des "si", avec ces quatre chansons en 1986, ce groupe aurait renvoyé Slayer à la préhistoire tout en foutant les pieds dans la gueule de Kreator et de Sepultura en terme de vacarme sonore. Terry Sadler, Ron Summers et Dave Hewson écartèlent ( à l'image de la pochette ) leur thrash primitif et brutal entre d'indécrottables influences hardcore et une volonté clairement affichée de toucher la surface de la planète death metal. Le trio canadien, n'ayant rien gardé du passage éclair de Chuck Sculdiner à l'écoute de ces riffs simplistes au point de faire rire les amateurs de Coroner ou de death progressif, arrive à imposer un rythme ininterrompu et sauvage de mid-tempos écrasants et d’accélérations approchants le blast beat (avec une cymbale envahissante), peu avant Napalm Death et Repulsion. Le comble est atteint avec les chants : Terry tire vers du thrash hystérique ("Strappado" et "Tyrant of Hell") genre Sadus, et Hewson éructe comme un T.G Warrior (Hellhammer) gavé aux amphétamines ("Tortured Souls" et "Nocturnal Hell"). Après Voïvod, voici Slaughter, monstrueux défouloir punk armé de breaks destructeurs et de coups de riffs concasseurs d'os !
Mais l’accélération est telle que sur certaines chansons, il est impossible de suivre ce que Sadler ou Hewson hurlent. Et puis de toute façon, la prose littéraire ne veut rien dire pour eux. Cela oscille entre la torture, la mort et le gore, et même si cela comporte un cliché par couplet tout en ne voulant rien dire, certains refrains donnent soudainement envie de cogner sur le premier venu ou de hurler avec les chanteurs (surtout sur "Incinerator", déjà culte parmi les connaisseurs). Argh, le riff d'intro. Sans oublier le terrifiant "The Curse", malgré son caractère monotone du fait de la présence de presque un seul riff, ou presque, est présent. Conqueror le reprendra à juste titre sur son fou furieux et testamentaire War Cult Supremacy). Histoire de parachever cet album-coup de poing à l'estomac, "Tales of The Macabre" opte pour des rythmiques heavy, avant de pulvériser ce qui reste du thrasher, qui aura eu sa dose de violence punk en pleine face, et sans fioriture. Quant au live présent sur cette réédition bienvenue, il témoigne de la violence déjà présente en 1985 et les références de ce groupe.
Resté dans l'ombre de Scream Bloody Gore de Death, de Scum de Napalm Death et de Schizophrenia de Sepultura car handicapé, Strappado ne marquera que assez peu les esprits malgré ses liens avec la genèse du death metal. Pourtant, il a réussi à représenter la puissance du thrash canadien aux côtés de Infernäl Mäjesty ou Sacrifice et à constituer un témoignage, un best of radical (euphémisme !) du death, du punk et du thrash. Slaughter, ou comment prouver que Hellhammer (puis Celtic Frost) n'a pas influencé que le black metal.