CHRONIQUE PAR ...
Dr Gonzo
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Jack White
(chant+guitare)
-Brendan Benson
(chant+guitare)
-Jack Lawrence
(basse)
-Patrick Keeler
(batterie)
TRACKLIST
1)Steady As She Goes
2)Hands
3)Broken Boy Soldier
4)Intimate Secretary
5)Together
6)Level
7)Store Bought Bones
8)Yellow Sun
9)Call It A Day
10)Blue Veins
DISCOGRAPHIE
Doute et appréhension sont les deux sentiments que pouvaient susciter la présence de Jack White dans un tel groupe. Si le guitariste/chanteur des White Stripes était parfaitement à l’aise au sein du duo fondé avec son ex-femme, difficile de prédire comment son talent aurait pu s’exprimer au sein d’un groupe à la formation plus classique, moins souple (une deuxième guitare, une basse et une batterie) et accompagné d’un autre songwriter, son ami de longue date, Brendan Benson.
Evidemment, réduire les Raconteurs au «nouveau groupe» de Jack White serait un tantinet cruel envers un Brendan Benson prenant tout autant part à la composition qu’à la production. Ainsi, Broken Boy Soldier évite de n’être qu’un amuse-gueule entre deux albums des White Stripes, même si la filiation reste évidente ; on retrouve vite ses marques passé la surprise. Un son nostalgique et organique, des titres n’excédant pas les 4 minutes et des mélodies capables de retenir l’attention, beaucoup d’ingrédients semblables mais utilisés avec un savoir-faire et dans une optique fondamentalement différente.
Le premier morceau et single donne le ton de l’album, un rock modéré qui fusionne méticuleusement des arrangements 60’ (dans les chœurs, certains claviers, la basse) et une énergie, une sincérité qui rendent vivant ce qui aurait pu n’être qu’une suite d’hommage et de références. Le songwriting côtoie des riffs un tantinet hardos, les rythmiques solides s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Mais tout comme dans la musique dont les Raconteurs s’inspire largement, on retrouve le décalage, que dis-je le fossé qui sépare les albums studio des prestations live.
A l’instar des Who, ou de Led Zeppelin, l’album des Raconteurs laisse parfois le temps de bailler légèrement tandis que le groupe a largement prouvé sa capacité à « déchirer sa race » sur scène, comme disent les jeunes. Ainsi, l’album seul ne rend pas justice au groupe, sa fureur et son énergie, et au final, c’est tout un pan de la formation qui passe à la trappe. Il y a bien sûr quelques beaux morceaux de bravoures, tels que “Broken Boys Soldier” où la voix de Jack White se brise de rage alors que le couple guitare électrique/guitare sèche rappelle parfois Who’s Next. “Store Bought Bones” est une explosion en règle qui s’achève dans un torrent de slide, soutenu par un clavier bienvenu, et “Hands”,“Intimate Secretary” et “Blue Veins” sont autant de moyens pour les Raconteurs de prouver leur aisance sur des tempo plus lent dans des registres bien différents.
Malgré donc l’impression d’écouter une démo de luxe –impression partagé par Brendan Benson lui-même, Broken Boy Soldier reste un début plus que prometteur pour un groupe qui a encore plein de choses à dire. Le deuxième album est préparation, et maintenant que le quatuor est rodé par les tournées, on peut légitimement s’attendre à les voir passer au régime supérieur pour devenir une référence à part entière, non plus le « groupe de ».