CHRONIQUE PAR ...
Amdor
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Pierre-Luc
(chant)
-Sam
(guitare)
-Fred
(guitare)
-Alexis
(basse)
-Jeff
(batterie)
TRACKLIST
1) War at the Door
2) Carnivorous Madness
3) Creature
4) Lobotomy
5) Screeching Sound
6) Bad Awakening
7) Pesticide Shower
8) Starving Death
9) Terror
10) Inbreeding
DISCOGRAPHIE
Vous la sentez cette odeur, ce parfum qui flotte dans l’air ? Avec cette pochette kitsch et des titres de chansons qui colleraient tout aussi bien à n’importe lequel de ces films d’horreur low-cost dont personne ne veut au vidéo club (si vous allez encore au vidéo club) le doute n’est plus permis : Starving Death est un album fin, subtil voire – oserai-je même – raffiné, un concentré d’expérimentation et d’avant-gardisme exotique, un cocktail rafraîchissant dont le metal, que dis-je, dont la musique dans sa globalité avait bien besoin. Bon ok, je déconne…
Il suffira d’une seule phrase pour le dire : le père légitime de ce rejeton québécois pourrait être le Slowly We Rot d’Obituary, devenu une légende, une pierre angulaire dans l’histoire du death Metal, qui a fait headbanguer des milliers de metalheads à travers le monde, mais qui est surtout venu au monde il y a 23 ans. Mine de rien, l’eau a coulé sous les ponts depuis et les groupes de death old school, qui ont souvent plus de mal aujourd’hui à fédérer les masses face à leurs confrères toujours plus mélodiques et plus techniques, pullulent. Par conséquent, le fiston a beau montrer crocs et chair pourrie, ça reste bien moins impressionnant qu’en 1989. Bon, admettons, il va un tout petit peu plus vite (quoiqu’on n’approche pas non plus des 220 bpm, hein) et son mix a bénéficié des progrès technologiques mais dans l’ensemble, il marche bien sagement sur les traces laissées par son prédécesseur.
Allez, arrêtons d’être mauvaise langue deux minutes et regardons le positif. Il faut en effet avouer que nos Québécois, à défaut d’être novateurs, ont réussi à sortir de très bons riffs. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter le titre d’ouverture, "War At the Door", "Pesticide Shower" ou encore "Terror", prenants de bout en bout, qui sont les très bonnes surprises de l’album. Sur les autres titres, rien ne jure vraiment, on voit bien que le groupe a mis du cœur à l’ouvrage, le niveau technique est bon et les soli agréables. Malheureusement, les ambiances se ressemblent et il manque encore la touche qui pourrait démarquer ce groupe de tous les autres. Si l’ensemble est de qualité, le milieu d’album moins engageant instaure une certaine sensation de lassitude, sentiment qui est parfois renforcé par la relative longueur des pistes.
En effet, avec 50 minutes au compteur pour 10 pistes, on est dans la moyenne haute du death à l’ancienne, qui a plus l’habitude de voir des albums d’une demi-heure. On peut légitimement penser qu’avec une quinzaine de minutes de moins, le résultat n’en aurait été que meilleur car il y a bien ici matière à headbanguer. Toutefois, toute la bonne volonté du monde ne suffit pas à émerger de la masse à plus forte raison quand on est un groupe de death old school, même si les exceptions comme Bloodbath existent. Cependant, en parlant de Bloodbath, on peut facilement imaginer que Dan Swanö, qui a produit ce Starving Death, ainsi que Luc Lemay (Gorguts), qui fait une apparition au chant sur "War at the Door" et "Bad Awakening", ont pu apercevoir le potentiel de Kaotik qui n’en manque certainement pas.
Starving Death n’est pas l’album de l’année, vous l’aurez bien compris, mais il reste une production tout ce qu’il y a de plus honnête pour un premier essai. Loin de tous ces groupes alambiqués qui existent aujourd’hui dans le metal extrême, Kaotik nous offre néanmoins une musique directe et sincère qui, à défaut d’être entièrement convaincante, présage de bonnes choses. Espérons qu’il ne s’agisse que d’un amuse-bouche, que le groupe puisse prendre ses marques et ait l’occasion de poursuivre avec le plat de résistance : j’ai faim !