CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Joel Ekelöf
(chant)
-Joakim Platbarzdis
(guitare)
-Steve DiGiorgio
(basse)
-Martin Lopez
(batterie)
TRACKLIST
1) Fraktal
2) Fraccions
3) Delenda
4) Last Light
5) Oscillation
6) Canvas
7) Ideate
8) Purpose
9) Slithering
10) Savia
DISCOGRAPHIE
Enfin ! Au bout de 6 années de suspense insoutenable, Tool nous livre son cinquième album ! Ah ? Mince, je suis trompé, reprenons du début. Enfin ! Au bout de plusieurs mois de suspense insoutenable, le nouveau super-groupe Soen, accueillant l'ex-batteur d'Opeth Martin Lopez et le bassiste culte de la scène death Steve DiGiorgio, nous livre son premier effort intitulé Cognitive ! Hmm...
Bon, je sais que vous auriez préféré un nouvel album de Tool ma p'tite dame, mais que voulez-vous, on fait avec ce qu'on a ! Et puis, si vous vouliez du Tool, vous ne serez pas trop déçue avec Soen. Autant cracher le morceau tout de suite pour ceux qui ne seraient pas encore au courant : ce Cognitive ressemble un petit peu-beaucoup-énormément à la bande à Maynard (Tool évidemment, voire A Perfect Circle parfois) ! A leur décharge, ils n'ont pas été les premiers à s'en influencer (on se souvient de l'intro de "Home" de Dream Theater entre autres), mais JAMAIS le travail de copie et/ou d'inspiration n'a été poussé aussi loin ! A tel point que les premières écoutes sont déstabilisantes, l'amateur de Tool sera ravi tout autant qu'il sera déconcerté par autant de similitudes.
La majeure partie des rythmiques sont d'obédience "toolienne" avec ce groove si caractéristique dans le jeu basse/batterie. Les exemples les plus frappants sont sur "Savia" et "Fraccions" qui ne sont pas sans rappeler "Schism" et consorts. Toutefois, la supercherie est relativement audacieuse car il n'est pas si facile de pointer des titres honteusement plagiés, c'est plutôt le style global qui semble avoir été complètement intégré. Le chant également se mêle à l'affaire puisque Joel Ekelöf combine à merveille les timbres de Mikael Åkerfeldt et Maynard James Keenan pour un résultat une nouvelle fois bluffant et dérangeant. Pour l'ambiance globale de l'album, on se dirige toutefois vers des terres plus grises, froides, pluvieuses et venteuses où plane une douce mélancolie, quelque part entre Katatonia et Riverside.
Soen ne parvient toutefois pas à reproduire le tour de force de Tool qui repose sur l'équilibre triangulaire instable mais génial entre efficacité, accessibilité et technique. Si on est peu déçu en termes de technique instrumentale, le super-groupe a préféré se focaliser sur le côté mélodique au détriment de l'efficacité. Ainsi, malgré des mélodies très bien ficelées ("Last Light" en est le meilleur exemple), l'ensemble reste souvent trop contemplatif et on a du mal à retenir des titres forts. En outre les morceaux eux-mêmes sont souvent irréguliers avec des explosions mélodiques remarquables en fin de titre ("Oscillation", "Canvas", "Slithering" ou "Savia") et des riffs lassants au bout de plusieurs écoutes ("Fraccions" et "Delenda" en particulier, plutôt mal choisis comme openers).
Au final, pour peu qu'on ne soit pas allergique à l'influence "toolienne" omniprésente, on se retrouve avec un bon album mais trop frustrant par ses inconstances. Un travail honorable à saluer mais pas nécessairement indispensable quoique pouvant temporairement servir de sédatif au goût pas trop mauvais de la drogue Tool. En attendant d'avoir des nouvelles de ces derniers…