CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Klaus Dirks
(chant)
-Sven Lüdke
(guitare)
-Matthias Mineur
(guitare)
-Jan Christian Halfbrodt
(claviers)
-Markus Brinkmann
(basse)
-Nikolas Fritz
(batterie)
TRACKLIST
1) Close my Eyes
2) Lost
3) Tele Box Fool
4) Ice & Fire
5) Soldiers of Fortune
6) The Sirens
7) Scream for the Sun (May 29th, 1953)
8) Cannibal Nation
9) Sunrise
DISCOGRAPHIE
Chroniquer Radical Peace, le précédent album de Mob Rules, avait été une bénédiction puisque cela m'avait permis de découvrir ce groupe à la notoriété indigne de son talent. Comme pour d'autres dans ce cas, on ressent une certaine injustice quand on compare la qualité, ainsi que la capacité à maintenir ce niveau, et la relative indifférence dans laquelle il évolue. Et malheureusement pour eux, ce septième album ne devrait pas changer la donne…
Pourtant, comme souvent avec Mob Rules, ce n'est pas coup de foudre immédiat à la première écoute. La faute au style des Allemands, dont les morceaux ne sont en général pas spécialement catchy, mais aussi à un opener un peu bateau qui lance l'album sur un faux rythme. "Close my Eyes" n'est pas un morceau raté, ne serait-ce que par son break qui permet aux guitaristes de faire étalage de leur classe, mais il est tout de même assez convenu et se montre loin d'être aussi enthousiasmant que "Black Rain" ou "Children of the Flame" par exemple. De même, un peu comme Among the Gods en son temps, on se dit que Cannibal Nation est un album où le savoir-faire a en quelque sorte pris le pas sur l'inspiration. Ceci dit, si la démarche est moins noble, le résultat final n'est que très légèrement inférieur au standard de qualité habituel de Mob Rules.
Des morceaux bien ficelés, avec des parties musicales très soignées (LA marque de fabrique des teutons), on en trouve un paquet : "Soldiers of Fortune" et son refrain facilement mémorisable, "Lost", très classique pour du Mob Rules, mais aussi des choses plus rapides comme "Tele Box Fool" ou "The Sirens" ; mais voilà, ce sont autant de titres où l'on retrouve la maîtrise de l'artisan qui connaît son boulot, mais pas la touche de créativité à laquelle les Allemands nous ont souvent habitués. C'est aussi le cas de "Cannibal Nation", mais celui-ci a le mérite d'apporter une couleur assez inédite dans la palette du groupe puisqu'on dirait un mix de plusieurs morceaux de Maiden : le format ramassé de "The Wicker Man", le style de riff de "Fear of the Dark", les harmonies de la fin de "Hallowed Be Thy Name"… Seul le refrain échappe à cette filiation.
Qu'on se rassure, on trouve aussi des choses de très haut niveau sur Cannibal Nation, notamment un titre exceptionnel avec "Ice & Fire". Ce titre, parti sur des bases classiques (tempo lent, mélodies travaillées, chant théâtral), semble se finir doucement quand déboule un break fabuleux où les lignes de claviers nous emportent dans un tourbillon, où le batteur parvient à instaurer de par son seul jeu un climat de tension dramatique et où Dirks nous tient en haleine par son chant si expressif. Et ce plan instrumental final ! Du grand art, et une performance presque égalée sur "Sunrise" : le début tout en douceur évoque une certaine forme de sérénité teintée de mélancolie, à l'image de ligne de guitare à la fin du couplet, avant l'arrivée d'un superbe prérefrain sur lequel point une certaine douleur. Si seulement le final était du même niveau…
Comme d'habitude avec Mob Rules, Cannibal Nation n'est pas un album dont le goût vous explosera en bouche au premier contact, il faut au contraire le laisser infuser pour profiter de toutes ses saveurs. Et si au final, il ne se révèle pas aussi puissant que Ethnolution A.D. ou Radical Peace, on tient tout de même un album à classer dans le haut du panier de cette année 2012 dans la catégorie heavy metal mélodique. Et cela va sans dire, personne n'en aura rien à secouer…