Le dernier This Or The Apocalypse, après un premier essai ne manquant pas de talent mais ne manquant pas non plus d'écueils, avait foutu une sacrée grosse claque à votre serviteur : technique, inspiré, racé, puissant, mélodique sans jamais tomber dans la putasserie typique du genre et n'oubliant jamais de varier les plaisirs, le second album des Américains, Haunt What's Left, avait tout de la tronche de ce à quoi un bon album de métalcore devrait ressembler pour ne pas insupporter l'auditeur de plus de 14 ans. Presque deux ans plus tard, c'était l'heure d'y donner suite. Voilà qui est fait avec ce Dead Years.
Fatalement, le kiff procuré par le second opus des Américains avait donné l'envie de suivre l'évolution des bonhommes, et c'est véritablement un plaisir que de les retrouver pour ce troisième opus quand on voit la vitesse à laquelle les groupes de métal «moderne» se font et se défont aujourd’hui. L'attente fut donc assez longue, et les espoirs placés assez haut. Et comme à chaque foutue fois dans ces cas là, la déception est toujours (au moins partiellement) au rendez vous. Mais en l'espèce, la cause en est aisément identifiable : les mecs ont clairement stagné depuis deux ans. Ce Dead Years ressemble en tous points à l'excellent Haunt What's Left, mais en moins... en moins tout quoi : moins inspiré, moins rempli de tubes de feu comme son grand frère, moins surprenant. Le groupe est à fond dans son cahier des charges «métalcore technique» quelque part entre August Burns Red, Parkway Drive et Architects, mais n'emporte plus aussi facilement l'adhésion, la faute à une certaine dérive émo un peu mal maîtrisée, récurrente tentation mainstream de tout groupe de métalcore commençant à se faire un nom... Le vrai problème de cet album c'est finalement qu'il est similaire en tous points à son prédécesseur, l'effet de surprise en moins, et qu'il est vraiment difficile de mesurer une quelconque évolution dans celui-ci...Si ce n'est, comme on l'a dit, ce côté mainstream et émo / mélo un peu plus marqué que par le passé, sans pour autant que cela choque réellement (un seul passage en voix claire sur les cinq premiers morceaux de l'album, le dispensable mais néanmoins bien technique "In Wolves").
TOTA reste le chantre d'un métalcore groovy, technique, aux leads ultra inspirées du mélodeath comme chez leurs grands frères d'August Burns Red ("Hell Praiser", "Hate The Ones You Love"), le côté vaguement groove / djent en plus des habituelles scories beatdowns parsemant l'album de partout comme sur ton (bon ?) album de métalcore US se respectant plus ou moins. Par contre, faudra qu'on vienne m'expliquer le pourquoi de cet affreux couplet émo sur "You Own No One But You", venant démâter un morceau au demeurant tout à fait correct. Qu'on soit bien d'accord, TOTA n'a pas perdu tous ses moyens, l'excellent début d'album est là pour le rappeler ("Hell Praiser", opener parfait, "Power Hawk" et "Americans", plutôt réussies), de même que la plutôt classe "A Damn Moment" très portée sur la mélodie en mode mélodeath mais ne tombant jamais dans le putassier. On aurait envie d'en dire autant de l'excellente "Gaunt And Fierce", mais une fois encore un vilain refrain émo-rroïde vient quelque peu gâcher le plaisir, même si tout cela reste relatif (c'est pas du Asking Alexandria quoi). Bref, TOTA a gardé la même direction, ne s'est clairement pas (encore) perdu en chemin, mais n'est pas pour autant parvenu à marquer autant le chroniqueur pourtant si enclin à les encenser. Enchaîner les grosses perfs à la lead sur des gros beatdowns un peu vains (le début de "Kill'em With Guidance", typique), ça reste efficace mais ça ne surprend absolument plus...
Bref, si vous aviez lu mon papier sur le précédent skeud de TOTA, vous devez pouvoir mesurer la déception relative qui m'habite. Je pensais vraiment ce groupe au dessus du lot, et je m'attendais donc à une grosse tuerie après les jolies mises en bouche constituées par Monuments et surtout Haunt What's Left...Au lieu de cela, TOTA nous sort l’archétype de l'album de métalcore US ultra-générique. Il y a de bonnes idées, de la technique à foison, des plans bien balèzes, mais plus aucune surprise, plus d'originalité, et peu d'identité par rapport à des groupes comme August Burns Red. Ou comment passer de vrai espoir à vrai bon élève. Doué, appliqué, mais suiveur. Dommage. Du coup, de l'espoir, j'ai assez peu pour le prochain album, que j'imagine déjà cédant aux sirènes putassières de l'émo mainstream dont les Américains sont si friands. On suivra ça de loin, en espérant se tromper.