S'absenter pendant dix ans, c'est long, mais alors vraiment très, très long. Et c'est le scénario que nous a concocté Holy Knights. Voyez par vous-même : la sortie de leur précédente mouture, Gate Through the Past, remonte à 2002. C'était le premier opus, et aujourd'hui, nous sommes en 2012 et la nouvelle offrande Between Daylight and Pain est la … seconde. Vous calculez aisément ce laps de temps. Le premier effort était marqué par une très (trop ?) forte influences de leurs collègues italiens de Rhapsody (pas encore of Fire à l'époque), en est-il de même pour le second album ?
La réponse est oui, mais beaucoup plus atténuée cela dit. Bien sûr, on ressent dès les premières notes de la première piste, dès les premiers accords de "Mistery" que nous avons à faire à du power italien classique, qui va chasser le dragon dans les plaines lointaines de vallées enchantées où des petites fées dansent en rond pour amuser la galerie. Donc voilà, c'est beau c'est mignon, mais Holy Knights prend un peu cette mode à contre-pied, en développant, grâce à son clavier, des atmosphères beaucoup plus sombres que moult compatriotes. Intéressant premier point, qui se vérifie par le refrain, loin du happy metal ou du power fantasy. Au contraire, si le chant se veut aigu, et l'orchestration épique, on est loin des clichés habituels, et avouons-le tout de suite, ça fait beaucoup de bien.
Rien que le clavier est annonciateur de ce qui va arriver, mais il n'est pas seul. Le chant et les autres instruments sont souvent à l'unisson pour offrir des pièces qui misent une grande partie de leur réussite sur le développement d'ambiances. C'est le grand point fort d'une formation qui, pour une fois, va prendre à deux mains son courage pour tenter de proposer quelque chose de différent. Sans rien révolutionner, cependant, car le combo, en dépit de toutes ses qualités, manque encore très nettement d'originalité. Mais en contrepartie, nous avons le droit ici à des morceaux très bien ficelés, aux refrains accrocheurs. De la puissante "Mistery" à une "Resolution" qui elle, lumineuse, tranche totalement avec le reste du brûlot (et surprend par son chant en … japonais !), le groupe n'hésite pas à jouer sur différents tableaux, toujours en maîtrisant ce qu'ils font.
Mais parfois, Holy Knights doit se perfectionner. Cela se ressent sur deux points : là où quelques excellents titres comme "Mistery", "Glass Room", ou encore "Awake" et "Resolution" font passer un moment qui passe bien trop vite, "Beyond the Mist", "11 September" et "Wasted Time" manquent carrément d'inspiration et tombent vite à côté de la plaque. Surtout "Beyond the Mist" en fait, à la platitude plus qu'exaspérante. L'autre point qui demande des progrès est le chanteur Dario Di Matteo, très agréable dans les notes moyennes et plus graves, mais qui parfois à tendance à se risquer un peu trop aux aigus périlleux. Ce n'est pas foncièrement insupportable, heureusement ! Son timbre est plaisant, sans être dénué de personnalité, mais il va falloir encore travailler certaines notes qui ne passent pas encore très bien pour le frontman.
Mais la conclusion sur ce Between Daylight and Pain reste positive. L'opus n'est pas parfait, et ne pourra prétendre au titre d'album de l'année. En revanche, de retour convaincant et de bon brûlot de power metal, oui. Holy Knights a les cartes en main pour faire mieux encore, c'est clair et net. Mais ce retour fait du bien à entendre tout de même, et on se dit que finalement, en 10 ans, ils ont eu tout le temps du monde pour gagner en maturité. Espérons que la suite ne mettra pas autant de temps à venir.