CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Paul Wolinsky
(guitare)
-Simon Wright
(basse)
-Rob Jones
(batterie + programmation)
TRACKLIST
1) Mountainhead
2) Crash Tactics
3) Piano Fights
4) Dance Dance Dance
5) Weak4
6) Come To Me
7) Go Complex
8) Debutante
9) Tiger Girl
DISCOGRAPHIE
Aussi loin que remontent mes souvenirs de 65daysofstatic, ce sont des images de post-rock que je visualise. Dans ces souvenirs, le combo de Sheffield donnait dans l'aérien, sur fond de mélodies bouclées et de crescendo ravageurs. Et puis un jour, l'esprit aventureux, j'ai sauté le pas : We Were Exploding Anyway, leur dernier opus en date à ce jour, sorti en 2010, était entre mes mains. Si j'avais su ce qui m'attendais alors... Un changement semblait s'être produit. L'organique était devenu synthétique
Le premier morceau de l'album, "Mountainhead", donne le ton. Les guitares ont cédé la place aux samples electro et la batterie s'est muée en une boite à rythme survoltée. Incisifs, ces nouveaux morceaux s'inscrivent dans un style hybride entre electro survitaminé et post-rock. Les jeunes Anglais, toujours instrumentaux, toujours à la recherche du crescendo ultime, semblent avoir composé We Were Exploding Anyway sur la base de trois ingrédients: electro, lumière stroboscopique et boisson énergisante. La musique délivrée sur cet album nous saute littéralement au visage pour mieux nous balancer dans un centrifugeuse en marche. 9G dans la tronche. Pas de pitié. Si le propos est parfois lassant et usant, force est d'admettre qu'il est original et, somme toute, plutôt maîtrisé. Un peu plus lent que Dieu lui-même, les Anglais n'auront néanmoins mis que 7 jours pour enregistrer l'opus. D'où l'énergie, sans doute.
Éreintant et rapide, "Crash Tactics" l'est assurément. "Dance Dance Dance" également. Et que dire de l'impitoyable "Weak4" à la mélodie sous-jacente noyée dans un beat explosif. Le groupe ne ralentit la cadence qu'en de rares occasions, comme sur "Piano Fight" pour lequel des guitares typiquement post-rock sortent de leur mutisme relatif et offrent une aération bienvenue à un album un peu lourd. Il en ira de même sur "Debutante" que Mogwai n'aurait pas renié. Car l'album a beau jouer le jeu de l'excitation maximale, il reste varié. D'ailleurs, le groupe sait où il va et sait ce qu'il veut. La meilleure preuve? L'apparition de Robert Smith (The Cure, tout de même) sur "Come To Me" qui s'intègre parfaitement au style pratiqué. Finalement, cette tension permanente s'éteint sur le final "Tiger Girl", ou l'art de faire passer en cachette dix minutes de pure drum'n'bass. A essayer lors de vos prochaines soirées.
65daysofstatic opère sur We Were Exploding Anyway une subtile mutation. Osons le dire: le post rock classique cède la place au post-electro de boite. L'aspect planant, sans disparaître totalement, est dominé par une énergie brute qui ne demande qu'à s'échapper. En bref, We Were Exploding Anyway est une leçon de thermodynamique à la sauce anglaise. Il en exprime la seconde loi : tout système tend vers le désordre. Qu'en retenir ? Un album correct, pas mauvais, mais finalement pas non plus transcendant malgré la chaleur dégagée. Sympa mais un peu stérile. Appliqué mais pas inoubliable. Énergique mais un brin lourdaud.