Vous vous êtes déjà fait chier en écoutant un album ? C'est-à-dire pas détester l'album hein, ou le trouver neutre. Non non, s'ennuyer en l'écoutant quoi. Ouais ? Bon OK, comme tout le monde. Par contre, est-ce que vous vous êtes déjà fait chier en écoutant un album dans un genre que vous a-do-rez plus que n'importe quel autre ? C'est déjà moins courant, même si ça arrive, et de plus en plus souvent vu le nivellement par le bas s'opérant dans pas mal de styles contemporains de notre glorieux métôl. Je pense en l'occurrence au hardcore, style que j'apprécie tant il a sorti d'excellents groupes depuis toujours.
Il y a donc les bons, les mauvais, et puis... les un peu chiants. Les vaguement ennuyeux, les laborieux. Les mecs qui ne sont pas mauvais, ça non, mais qui, parce qu'ils sont un peu chiants, ne sauraient être bons et se trouvent donc de facto re-catapultés dans la catégorie honnie des seconds couteaux, voire des navets, courges et autres légumes peu engageants. Alambiqué n'est-ce pas ? Certes, d'autant plus qu'en fait tout ça, c'est juste une façon bien enjolivée de dire que Awaken Demons, c'est genre assez limité. On dirait une bande de gars pas plus bêtes que la moyenne mais paresseux à en crever, qui a eu tous ses exams de hardcore/deathcore 1.0.1 pour débilos sans se fouler et a zappé, comme un cancre, tous les cours du soir avancés de méga-mastercoring. En gros, ils ont acquis les bases, à savoir les gros beatdowns, la vindicte et les gimmicks de coreux, mais ont un peu zappé les éléments plus complexes : donc ciao mini-bye la technique, bisous-smack la mélodie à part sur "Breach The Sky" ou "Phoenix" (on entend ici la mélodie à la guitare, pas au chant clair émo-rröidesque fort heureusement absent de cet opus, et merci à eux), arriveder-tchüss les constructions un peu complexes de morceaux et de riffs (cf. les riffs forts simplets et la linéarité de "Disease" ou "Take The Crown"), de tout quoi. Plus basique que Awaken The Demons, dans le genre, on trouve difficilement. Mais comme les autres gros balourds du secteur (The Acacia Strain pour citer des connus, ou Armed For Apocalypse et Black Sheep Wall pour citer des trVe voire des fous!), les AD ont le vrai mérite de jouer la carte à fond et d'écraser le malheureux auditeur sous des tonnes de couches de grattes lourdissimes et de groove de bûcheron malade.
Chez AD, on a donc un peu tendance à faire le minimum syndical. Soit, il suffira d'écouter "Under The Glass" ou "Me Against The Machine" pour s'en convaincre, ce groupe est plutôt un suiveur qu'un leader, à rapprocher des assez pénibles Emmure, rois du hardcore beatdown bien lent et assez vain. On pense aussi à Deez Nuts, le côté rap en moins. Bref, pas franchement des références fabuleuses, mais pas non plus la catastrophe. On le disait, un groupe moyen, mais qui se sauve de la médiocrité grâce à deux choses : une production assez surprenante pour le genre, rappelant plus les sons lourdissimes et ultra cliniques de Carnifex ou des groupes de métalcore moderne plutôt que ceux du hardcore et qui colle finalement très bien avec ce que propose le groupe, et, tout de même, une certaine efficacité pour faire bouger la tête (encore heureux, vu la simplicité des morceaux) : ainsi, des morceaux comme "Phoenix", sans doute la piste la plus orientée hardcore new school de l'album, ou "Sharks", son méchant groove et ses lignes de chant quasi-rappées, passent très bien, de même que la planante "Breach The Sky", rappelant nettement un Deftones époque récente en plus lourd. "Tempest" fonctionne aussi assez bien, même si elle se pare d'atours vraiment trop deathcore pour accrocher vraiment l'oreille.
Il n'en reste pas moins que Awaken Demons est un groupe qui semble connaître son affaire. Peu voire pas de prétentions mélodiques ou techniques, juste du gros riff basique, du groove de bûcheron et des gimmicks hardcore (beatdowns, chœurs sur les refrains, etc.). ça marche pas mal mais c'est un peu léger les gars. Un groupe qui aurait tout intérêt à muscler son jeu, sans quoi il risque d'aller au devant de grosses déconvenues, tout comme Robert Pirès à l'époque.