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CHRONIQUE PAR ...

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Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 15/20

LINE UP

-Mathieu Madani
(chant+guitare+claviers)

-Sébastien Garsia
(guitare)

-Christophe Blanc-Tailleur
(basse)

-Jean Rosset
(batterie)

-Benjamin Dupré
(claviers)

TRACKLIST

1) welcome to the show
2) jeopardize
3) what's left behind
4) something happened
5) this ain't over
6) shine a light
7) something's wrong
8) stranger to myself
9) and
10) silently
11) shame
12) what if

DISCOGRAPHIE


anasazi - playing ordinary people
(2011) - rock prog metal prog - Label : Autoproduction



Non, amis lecteurs, il n’y a pas d’erreur. Le groupe s’appelle « anasazi » avec un a minuscule. Ce n’est donc pas la peine d’envoyer des millions de mails aux Eternels ou, pire, de saturer le service téléphonique d’attention aux lecteurs éternels pour signaler l’erreur. Pourquoi le groupe a-t-il décidé de ne pas mettre de majuscule au nom désignant des Indiens d’Amérique ? Par humilité ? Mystère… Ce qui est en revanche moins mystérieux, c’est le style pratiqué par ces Grenoblois sur Playing Ordinary People : pas de musique ethnique, mais du metal prog' d’excellente qualité, que l’on pourrait qualifier d’intertribal, tant anasazi semble capable de puiser avec bonheur au creuset des grandes influences des dernières décennies.

Si l’influence majeure du combo, vraiment flagrante sur la majorité des titres, paraît être sans conteste Porcupine Tree époque Deadwing / In Absentia, anasazi sait également intégrer le meilleur de nobles références comme les Galactic Cowboys ("what’s left behind", ses rythmiques plombées et ses chœurs angéliques), Pure Reason Revolution (dans la manière d’arranger certains chorus et parce que la voix de Mathieu est assez proche de celle de  Jon) et aussi Neal Morse (l’émouvante ballade "shine a light" paraît être tiré de son répertoire). Il en résulte un album très agréable à écouter, qui, à l’image du groupe de Steven Wilson, pourrait assez schématiquement se diviser en une première partie « prog' de jour »,  avec des titres directs, souvent lumineux et une seconde « prog' de nuit », où les sonorités se teintent d’un peu d’angoisse et d’inquiétude.

Du premier bloc, d’un niveau assez homogène, on retiendra outre "what’s left behind" et "shine a light" déjà cités, le très rock "something’s wrong", seul titre échappant aux influences décrites précédemment. Ce morceau clôt en beauté la partie « diurne » de l’album sur un rythme enlevé et des nappes de claviers judicieusement employées, comme aurait pu le faire le The Gathering de jadis. Le côté nocturne, même s’il abrite la seule fausse note de l’album, le grungy et ennuyeux "and", est également très intéressant. Les lancinants "stranger to myself" et "silently" (aux somptueuses minutes finales) démontrent qu’anasazi sait se présenter sous un jour plus inquiétant que ce qui est joué au début de l’album, impression confirmée par le très sombre "shame" (intégrant, en annonce du morceau suivant, avec bonheur des chœurs féminins soul ), courte introduction à l’excellent bouquet final "what if", titre d’un quart d’heure, sorte de synthèse du savoir-faire du groupe.


L’écoute de Playing Ordinary People est un moment plaisant, mais pas seulement. Tel un bus touristique du prog' métallisé, le début de l’album permet de voyager dans les différentes capitales de la planète prog' moderne.  La fin de l’œuvre, elle, permet de se rendre compte du gros potentiel de ce groupe, capable de créer des atmosphères variées et l’on regretterait presque un petit manque d’audace dans la création. Playing Ordinary People est un album de grande qualité et du coup, on se plairait à rêver de plus de chansons épiques comme "what if" et de plus de folie créatrice. Bref, l’album demande un successeur encore meilleur, chose qui est dans les cordes du groupe, j’en suis persuadé.


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