CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Cypher Commander
(chant)
-Albert von Fleischer
(guitare)
-Max Power
(claviers)
-Jack Tyger
(batterie)
TRACKLIST
1) A Red Dawn Rises
2) Wings of Chaos
3) Maelstorm of Black Light
4) The Great Cosmic Serpent
5) Infected
6) A Requiem for a Lost Universe
7) Crystal Blue
8) Repulsion
9) Ragnarök Sunset
DISCOGRAPHIE
Il faut croire que cette mise à jour de l’été 2012 sera sous le signe du black metal et plus précisément de Dimmu Borgir. Après Krake et sa musique insipide et Locus Nemesis et son black déjà mieux balancé, voici Chaosweaver, groupe finlandais et fils illégitime de Cradle Of Filth, Dimmu Borgir et petit frère de Carach Angren. La question qui suit, comme d’habitude, est : bon, et c’est bien, ce truc ?
La réponse ne sera pas tranchée, car la musique que propose le groupe pour son deuxième album souffle tantôt le chaud, tantôt le froid et tantôt le tiédasse. Vous l’aurez compris en lisant l’introduction, Chaosweaver propose du black metal symphonique plutôt théâtral - sans tomber dans le n’importe quoi non plus - et privilégiant les ambiances grandiloquentes vaguement glauques plutôt que l’ultra-violence morbide à la Limbonic Art. Et dans ce domaine, difficile de ne pas se frotter aux maîtres du genre qui ont apporté depuis longtemps leur pierre à l’édifice et ont mis en place les codes qui régissent le genre. Pas évident, donc, d’innover. Et Chaosweaver, avec quelques sonorités un peu indus', n’y parvient pas vraiment, malgré de bonnes idées et une identité pas complètement calquée sur ses maitres. Le synthé occupe le premier rang, ce qui déplaira à certains pour qui l’instrument se doit d’être en support des guitares, mais les formations ayant prouvé qu’un synthé bien utilisé peut mener le groupe sont nombreux (Carach Angren, Bal-Sagoth…). Tout cela reste, naturellement, affaire de (bon) goût, mais en tous cas le parti pris de Chaosweaver n’est pas en soi un obstacle à la création de bonne musique.
On passera rapidement sur le chant de Cypher Commander, efficace mais rappelant trop celui de Shagrath dans sa manière de passer du hurlement black maitrisé au growl death, même si là encore il est difficile d’innover pleinement en la manière. Signalons juste l'artwork, plutôt original pour ce type de musique, réalisé par Johan Edlund (Tiamat) et enchainons avec le plus important : la musique. Musique, donc, plutôt inégale, avec de très bonnes idées ici ou là et d’autres plus malheureuses… Par exemple, on peut dire que l’album démarre sur les chapeaux de roues : après la jolie introduction de rigueur, qui n’est pas sans rappeler par son côté narratif l’excellent dernier album de Carach Angren, Enter the Realm of the Doppelgänger propose deux excellents titres. "Wings Of Chaos", tout en blast quasiment constant (un parti pris osé mais qui paye), avec ses chœurs et son ambiance qui rappellerait le Emperor de Anthems To The Welkin At Dusk, puis "Maelstrom Of Black Light" et son ambiance moins extrême mais aux violons très présents tissant une intéressante arabesque mélodique – tout cela laisse présager du meilleur pour la suite.
Malheureusement, ça ne sera pas le cas. "The Great Cosmic Serpent" est beaucoup plus classique, presque ennuyante dans ses ambiances moins marquées et si "Infected" propose de bons passages, ils sont presque noyés dans les huit minutes de la chanson. Le mid tempo martial "A Requiem For A Lost Universe" redonne un peu espoir avec ses violons langoureux et sa batterie lourde, et si la très indus' "Crystal Blue" peut interpeller l’auditeur avec ses sonorités futuristes et son amusant passage presque dance floor, le tout ne décollera plus vraiment avant la fin de l’album. Voire même se pètera allègrement la gueule avec le dernier titre "Ragnarök Sunset", lent, pénible et creux, avec une voix narrative traînante et un chant féminin absolument pas convaincant. Et le tout sur plus de six minutes, si on retire les deux dernières minutes de remplissage au piano qui suivent. Enter the Realm of the Doppelgänger propose donc une espèce de voyage en montagnes russes, avec un décollage brutal, une série de montées et de descentes et un long et pénible atterrissage qui peine à donner envie d’en refaire un tour…
Ou alors, il faut descendre en marche passée la troisième chanson, ce qui fait un voyage certes plus intense mais bref. Si tout l’album avait été au niveau de ses meilleurs moments, il aurait pu rejoindre le Carach Angren dans la case des tueries de l’année, mais malheureusement il se contentera d’une note signifiant en substance « bien, mais pas top ». Dommage.