Sarah Jezebel Deva, depuis qu'elle est toute seule, c'est plus trop ça. Ses deux efforts studios, A Sign of Sublime et The Corruption of Mercy, ne sont guère convaincants, peinant par des compositions plates et sans âme, et un chant souvent à la traîné. Rien pour aider notre demoiselle britannique à sortir de l'ombre, en gros. Et encore un an plus tard (donc sa troisième sortie en trois ans), voilà l'EP Malediction avec sa tonne de guests … et c'est mieux, beaucoup mieux même.
Il suffit de prêter une oreille sur le premier morceau, "This is My Curse", qui semble être dans la veine du dernier opus en date, mais plus mature, mieux arrangé. Ambiances sombres, le chant de Sarah un peu dissimulé sous cette production imparfaite, mais qui colle tellement mieux à l'atmosphère. Même la participation de Dani Filth est bénéfique pour le titre, car ses interventions se marient à merveille avec la voix d'une chanteuse qui, elle, semble être bien plus en forme, et si la justesse est parfois approximative, elle parvient bien mieux à donner de l'émotion, et ses lignes de chant semblent lui convenir davantage. De plus, le titre, énergique et sombre, est travaillé, avec des changements de rythme de bon aloi. Le problème, et en cela le guest Dani n'y aide pas, on retrouve une influence Cradle of Filth à plein nez.
C'est un peu le défaut majeur de cet EP : une inspiration des anciens Cradle qui ne permet pas à la miss Jezebel Deva de parvenir à se détacher entièrement de son passé. Rappel des faits, elle a été pendant pas mal de temps la chanteuse du combo. Et cela se ressent encore, surtout sur "This is My Curse" ou "When it Catches Up With You", titre le moins bon, au passage. Manquant de vitalité et trop superficiel, il est assez taillé single mais ne permet pas à Sarah de jouer dans la cour des grands, et ce malgré un travail du clavier assez minutieux, comme dans tous les morceaux. D'ailleurs, les lignes voient une Sarah hésitante, qui a du mal à tenir sa justesse dans les aigus, et le refrain, lui, est carrément oubliable. On préfère-ra donc se dire que c'est un léger faux pas, et que les deux autres titres, eux, sont annonciateurs de bonnes choses pour l'album à venir.
"Lies Define Us" voit Bjorn Strid au chant en compagnie de Sarah, et leurs voix sont complémentaires. Ce titre, lui, sent bon l'époque glorieuse de la chanteuse, renvoyant dans certaines lignes mélodiques à Angtoria, le trop éphémère groupe de la demoiselle, qu'elle a préféré abandonner pour se lancer dans cette carrière solo au succès mitigé que l'on connaît. Mais dans les chants clairs de l'un comme de l'autre, là encore, question maîtrise vocale, tout n'est pas encore parfait et les deux protagonistes galèrent un peu de temps en temps. On appréciera pourtant un refrain bien construit, et, encore une fois, un travail du clavier intelligent. Cet instrument est le grand gagnant dans Malediction, tirant vers le haut tous les morceaux de cet EP, et si les ambiances sont aussi prenantes, c'est bien grâce à lui.
Sarah Jezebel Deva semble avoir trouvé une voie qui lui sied davantage. Elle n'est pas radicalement différente de The Corruption of Mercy, et doit toujours se démarquer de cette influence Cradle of Filth trop pesante, mais les progrès sont là, et encourageants ! La jeune femme nous réserve peut-être une bonne surprise avec son prochain album, en espérant que les deux premiers morceaux de cet EP soient inclus dans l'opus suivant. Une suite de carrière qui semble être une bonne promesse de qualité.