CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-George Paul
(chant+guitare)
-Michael Dimmitt
(guitare)
-Ryan Jones
(basse)
-Justin Ennis
(batterie)
TRACKLIST
1) A Season of Grey Rain
2) Realms of Dementia
3) Ancient Bloodbath
4) Fogwarning
5) Dead Years
6) Broken Axis
DISCOGRAPHIE
Dans les cas de détresse, de frustration ou de colère, on dit souvent qu’il est bon de ne pas tout garder pour soi, qu’il faut extérioriser son mal-être. Du côté des New-Yorkais de Mutilation Rites, il semble que l’on a bien compris le procédé et, sur leur premier album, les musiciens s’appliquent à évacuer toute la haine qu’ils possèdent en eux. Empyrean est par conséquent un vomissement de bile noire d’environ trente cinq minutes, et il ne s’agit pas d’un misérable petit filet, mais bien d’un flot de haine qui se déverse sur l’auditeur. Ce dernier, pour peu qu’il soit un peu habitué au brutal black metal, ne criera pas au génie, mais il devrait tout de même reconnaître qu’Empyrean est de la belle ouvrage.
Pendant presque la moitié de l’œuvre, on imaginerait volontiers les gars de Mutilation Rites maquillés de blanc et de noir, et hantant les forêts scandinaves, tant le black metal très agressif qu’ils proposent sent le fjord à plein nez. Servi par un son suffisamment puissant pour que l’on ne confonde pas les guitares avec le bourdonnement d’une abeille, mais suffisamment sale pour que l’on n’ait aucun doute sur la nature de la musique, "A Season of Grey Rain" ouvre en fanfare l’album et tant les blast beats sauvages que les vocaux faisant passer Count Grishnackh pour un modèle de diction, donnent le ton général de l’opus. "Realms of Dementia", après un début très Bathory, donne également dans le black cru et violent, et, quand l’on se rend compte que le troisième morceau, "Ancient Bloodoath", suit la même voie, on se dit que l’œuvre, aussi violente soit-elle, va sombrer dans la monotonie d’obédience norvégienne. Et l'on se trompe. En plein milieu de ce même titre, les musiciens ont l’intelligence de ralentir subitement et drastiquement le tempo.
Ancient Bloodboath se mue alors en une sorte de « black sludge » intense et tout aussi démoniaque que les cavalcades initiales. Cette première entorse à l’orthodoxie black métallique en appelle d’autres, et les trois morceaux suivants montrent Mutilation Rites sous un visage plus varié. On se rend alors compte que leur origine nord-américaine n’est pas une aberration spatio-temporelle. Si le black metal reste le pillier de leur musique, les Américains y intègrent, outre le sludge évoqué précédemment, quelques passages thrash (sur "Fogwarning" essentiellement) et surtout une certaine influence punk/crust qui renforce encore un peu le côté primaire de l’œuvre. "Dead Years" est peut-être le titre où toutes les influences sont le plus brillamment mixées, le passage lent étant une merveille d’atmosphère oppressante. La pression ne se relâche que sur les dernières minutes de la sixième et dernière chanson , "Broken Axis", où nos adorateurs du malin semblent vouloir donner un caractère légèrement mélodique et mélancolique aux derniers accords, histoire de faire comprendre que la fête est finie.
Le premier album de Mutilation Rites offre une belle tranche de furie sonore, que tout amateur de « métal noir », cru et brutal devrait apprécier. Certes, les musicos ne font pas dans l’originalité à tout-va, certes le début de l’album peut faire craindre une succession de titres rapides, monotones à la longue. Mais, au final, ils savent tout de même suffisamment varier le type d’agression sonore pour qu’Empyrean ne soit pas un bloc monolithique. L’album est tranchant, percutant même, et tant les moments lents et oppressants que les passages thrashopunk contribuent à la crédibilité de l’œuvre. Vous avez envie d’étrangler votre chef ? Vous rêvez d’étriper votre voisin ? Vous ne supportez plus votre mari/femme/petit(e) ami(e) ? Ne commettez-pas l’irréparable. Ecoutez Empyrean d’une traite. Ca devrait aller mieux après.