CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Mad
(chant+guitare)
-Dam
(chant+guitare)
-Xav
(basse)
-Arthur
(batterie)
TRACKLIST
1) Red Dust
2) The Dream
3) Awakening
4) My Own Romance
5) Deliverance
6) The End of Your Life
7) Haunted
8) Outer Helps
9) I Just Met the Devil
10) On the Run
11) Last Chance
12) Ultimate Seizure
13) The Chosen Path
DISCOGRAPHIE
Le premier opus de Blindness raconte « en treize titres, le destin d’un personnage anonyme torturé par la vie » . Pour accompagner musicalement ce sujet peu réjouissant, les nouveaux venus se sont tournés vers un choix pas forcément original, mais bien adapté au cas, à savoir du bon gros death metal des familles (avec de l’accordéon musette, cela aurait été moins facile de créer l'ambiance idoine). Après une première écoute, si l’on avait à parier sur la provenance des musicos, on mettrait facilement un petit tas de pièces sur des pays froids ou encore sur l’Oncle Sam. Pas du tout ! Même si le son fait immédiatement penser au Nord de l’Europe, même si certains phrasés font très death US, les gars de Blindness sont de chez nous, d’Alsace pour être plus précis. Mais en fin de compte, qu’importe leur nationalité, ce qui est clair, c’est que ces gars ont bien compris comment sortir un album de death costaud.
Il n’y a pas besoin d’écouter beaucoup de titres pour se rendre compte que Blindness a des facilités pour créer du riff et des refrains accrocheurs. Plus précisément, il suffit d’arriver à la deuxième chanson, "The Dream", sa rythmique puissante, servie par une bonne production, et son refrain imparable, pour avoir la certitude de que ces Alsaciens ont du potentiel. A l’aise sur tempo rapide comme sur les rythmes plus lents, les musicos déroulent tout au long des treize chansons ce qui ressemble très souvent à un savoir-faire de vieux briscards du death metal. Tantôt abrasifs, tantôt explosifs, servis par un couple vocal growl/voix suraiguë, tous les morceaux sans exception possèdent au moins un passage intéressant, mais, outre le titre mentionné plus haut, des chansons comme "Deliverance", et son riff entraînant, et surtout, l’excellent "I Just Met The Devil", sont les points d’orgue de Sca(r)red. Dans ce dernier morceau, tout y est parfait, que ce soit les guitares speedées à la Possessed ou le chorus que les artistes nous gravent à la pointe de feu dans notre petit cerveau tout tendre.
S’agit-il d’un pour autant d’un chef d’œuvre ? Non, qaund même pas. Même s’il est en général bien foutu, même si la seconde partie du dernier morceau (instrumental) peut rappeler Immortal, 99% de l’album fait dans le gros death sombre, pas vraiment original. L’influence évidente des vieux groupes suédois ou de la scène death US des années 90 n’est pas un problème en soi, mais Blindness manque encore un peu de personnalité. Du coup, sans remettre en cause la maturité artistique assez étonnante de ce jeune combo, Sca(r)red a parfois certaines longueurs et l’on peut penser que les artistes ont commis un petit péché d’orgueil en composant un album si long : plus de 50 minutes pour une album de ce genre, au style finalement assez prévisible, c’est beaucoup. Les bons titres sont répartis sur l’ensemble de l’album et donc l’intérêt de l’auditeur est préservé jusqu’au bout, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’une œuvre plus courte aurait rendu l’ensemble plus dense et donc intense. Un temps de jeu plus réduit n’aurait peut-être pas permis au groupe de développer tout le concept de l’album, mais parfois, il faut choisir…
Sca(r)red rejoint au final l’immense cohorte des albums bien faits, mais qui ne peuvent pas prétendre au statut d’œuvre majeure, principalement du fait d’une personnalité encore à affirmer. Blindness a tout de même un potentiel certain et leur premier album passe en revue l’intégralité des tempos propres au death metal des 90s, tout en proposant un nombre important de refrains accrocheurs. La production, de très bonne qualité, contribue pleinement à donner à l’album un aspect abrasif que devrait apprécier plus d’un death metal freak, et les Alsaciens se permettent même le luxe de composer, avec "I Just Met The Devil", un hymne death qui ne dépareillerait pas dans la discographie des plus grands noms du genre. Ce coup d’essai n’est certes pas un coup de maître, mais il est suffisamment bon pour retenir l’attention et espérer que Blindness n’en restera pas là.