Le metal avec Axel Rudi Pell, c’est un peu comme Joey De Maio dans un costume trois pièces : c’est la classe, sans les poils. Ce dernier opus, Circle of the Oath, a tout, tout ce qu’il faut pour en faire un parfait album de heavy metal. Il en respecte toutes les règles à la lettre et livre un contenu honnête et satisfaisant, qui contentera amplement et sans surprise le public de ce genre de production.
Car apres avoir eu The Ballads I, II, III et IV depuis 1993, de temps en temps entrecoupées par quelques albums parfois anecdotiques, c’était à se demander si Axel Rudi Pell reviendrait un jour à quelque chose d’un poil plus « couillu ». 2012, Nouvel album et un titre bien Heavy, cette fois on se dit que c’est bon, Axel est revenu du côté obscur de la Force. Hé bien non, perdu ! Il ne s’appelle pas Ballads V mais c’est tout comme. Circle of the Oath est à Manowar ce que Maité est à la formule 1. Donc ce n’est pas pour cette fois que nous aurons quelque chose de différent/viril/poilu* (*insérez le mot qui vous convient). Toutefois cet album, bien que peu original, a réellement de quoi plaire, ainsi que des musiciens à la capacité de composer relativement élevée (on notera d'ailleurs la présence toute particulière de Mike Terrana derrière les fûts de batterie), même s’il est dommage de constater une fois de plus que la partie paroles a encore été refilée au mec qui s’occupe apparemment d’écrire les trois quarts des paroles du heavy metal. Et l’on s’en rendra compte très vite, dès la première chanson: « We are heading out on the land, Raising our swords in the air, We'll fight for glory 'till the very end, Strong with no fear and despair »… Quatre lignes, quatre gros clichés. Pour faire court, comme d’habitude, il ont des épées, ils ont pas peur, et ils vont se battre pour l’honneur jusqu’à la mort. Rhapsody, Hammerfall, Manowar, Freedom Call… ? Oui, peut-être.
Axel comblera cependant comme toujours le cœur des metalleux qui viennent de se faire larguer et des jeunes filles qui se mettent au heavy metal, avec des ballades comme "Live Our Lives Before", de la famille des inratables et indispensables à tout album d’un vétéran des années 80. Quelques chansons comporteront également un semblant de rock'n'roll couplé à une grosse part de heavy mélodique, comme "Fortunes of War" ou encore "Run with the Wind", des chansons très plaisantes et faciles (à faire et à écouter). Nous aurons également un peu de tout, en vrac, depuis les influences country américaines à orientales, mais tout dans la même chanson, pour faire un condensé d’ouverture d’esprit (la chanson titre "Circle of the Oath" sera le théâtre de ces joyeuses incohérences), mais la « world music » ne s’arrêtera pas là puisque nous aurons aussi un authentique solo de cornemuse au clavier lors de "Ghost in the Black", chanson qui fera outrageusement penser à Running Wild, jusque dans l’utilisation légèrement écoeurante de ce clavier qui aura l’effet d’une momentanée hébétude passive pendant laquelle on se demandera si ce genre de solo pourrait être à l’origine de la guerre et de la faim dans le monde.
Les influences seront donc réellement présentes et finalement peu masquées sur cet album, comme la très claire référence à Running wild et au metal « burné » des 80’s ("Ghost in the Black", "Before I Die", "Run with the Wind", "Fortune of War") autrement dit, basiquement des chansons simples mettant clairement le paquet sur un refrain légèrement plus lyrique en comparaison avec un couplet percutant et peu mélodique. L’on aura également plus d’une fois la troublante impression d’entendre Hammerfall de façon très claire ("Guillotine Suite", Lived Our Lives Before"), et nous serons globalement bien souvent dans les lieux communs et rassurants du heavy metal, sans grande prise de risque mais toujours en s’imprégnant d’une musicalité clairement satisfaisante puisque s’intégrant parfaitement aux attentes de l’auditeur habitué. Nous sommes loin d’un Arcturus, d’un Ayreon ou d’un Septic Flesh, oniriques explorateurs de contrées musicales encore sauvages, mais nous autres fans de Dio pourraient largement trouver leur compte en cet album honnête et approprié pour toute soirée metal-bière-chanter au fond du jardin.
Axel nous offre là un nouvel album tout à fait dans son cru, autrement dit un heavy metal de qualité, intègre et honnête, base sur une guitare virevoltant de talent et accessoirisée à l’occasion d’un chanteur, quelquefois d’un compositeur et un peu moins souvent d’un parolier. Circle of the Oath est cependant un excellent condensé de heavy metal traditionnel, qui, cette fois sans ironie, fait clairement partie des vraies bonnes sorties heavy de ce milieu d’année.