CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Invisus
(tout)
-Airik Anneland
(chant clair)
TRACKLIST
1) Galgebakken
2) Rettersted
3) Djevelen i Menneskeform
4) Thingvellir
5) Nekromani
6) Maanelyst
7) Telehiv
8) Black Horizons
DISCOGRAPHIE
Ne sentez-vous pas comme un parfum enivrant de sapin enrobé de neige ? Mmmhh... oui, ça sent bon par ici. Une guitare froide et organique égraine ses accords délicatement et on est triste. Ca fait du bien de temps en temps d'être triste, on se sent chez soi finalement et on sait qu'on va partager un petit moment de communion ensemble avec ses congénères. Congénères de quoi au juste ? Congénères des congères, congénères du Nord bien sûr ! De Norvège pour les assoiffés de géographie, et donc de black metal pour ceux qui voulaient espérer en douter.
Voilà, Blodhemn ne ment pas sur la marchandise, ici on vient de Norvège et on fait du black metal, c'est quand même plus simple quand tout suit l'ordre établi des choses ! La dernière inconnue en fait est de connaître le style de black metal pratiqué par ce groupe d'un seul homme. Allé, je ne serai pas vache, le voilà livré pour vous ce style : Enslaved. Oui, clair, concis, droit au but, pas de chichi inutile. De toute façon, ce serait bien bête de se forcer à masquer l'évidence, on navigue en plein Frost mâtiné de Isa. Pas les références les plus sales de la troupe de Bergen (de toute façon, ont-ils seulement fait un album honteux ?) et on peut affirmer sans cligner de l'oeil que Blodhemn se met à la hauteur des compositions des maîtres.
Bon, j'entends déjà grogner les grincheux, et ils ont raison. Dire de ce Holmengraa (ben oui, pour faire bonne figure jusqu'au bout, Invisus utilise sa langue natale) qu'il est au niveau du meilleur d'Enslaved, ça fleure bon la phrase toute faite paresseuse. Non, le disque (ou amas de fichiers ? Les temps changent) en notre présence est un bon élève sans tutoyer le maître. On retrouve ces riffs entre la syncope et la mélodie typique d'Enslaved. Le rythme est à l'avenant, variant entre blast jamais réellement brutaux (éventuellement sur la fin de "Djevelen i Menneskeform") et mid-tempo diversifié. On retrouve donc logiquement l'ambiance prog années 70 qui caractérise les fiers vikings. Et on retrouve également cette ambiance boisée et neigeuse des fjords nordiques.
Vous pourriez à juste raison vous dire que Blodhemn est proche du plagiat là. Fort heureusement ce n'est pas le cas puisque les compositions, si elles ne laissent pas le moindre doute quand à leur influence principale, restent identifiables comme du Blodhemn. Cela se remarque par des plages éthérées plus développées et une richesse musicale moins grande n'allant pas jusqu'à incorporer des claviers. Et malheureusement aussi par un classicisme bien plus prononcé. Car ce Holmengraa s'il brille par son écoute agréable n'en reste pas moins épris des traditions et rechigne très clairement à sen éloigner. Voilà le plus grand défaut d'un album sinon fort agréable. On notera la reprise de "Black Horizons" issue de The Somberlain de Dissection, choix assez étrange puisqu'il tranche avec le style pratiqué auparavant. Encore une fois, c'est bien adapté, mais ça ne change pas grand chose.
Holmengraa est donc un album à recommander à tous ceux en manque d'Enslaved. Ceux avides de black metal posé, organique et varié avec des teintes prog. Il ne conviendra par contre pas à ceux qui attendent la nouvelle révélation, elle n'est pas là et ne le sera probablement jamais. Reste qu'il faut savoir apprécier un album bien fait, qui s'il n'apporte pas grand chose au moulin au final, peut satisfaire les cages à miel des inconditionnels.