Il arrive parfois qu’on se dise « bordel, heureusement que je ne vis pas dans une grotte comme un vulgaire ours ». Si si. Ça arrive. Bon, pour aujourd’hui, le sujet de cette remarque n’est pas très important, c’est à propos du dernier album de InMe, The Pride. J’allais rédiger une chronique acide et les maudire sur 10 générations, je les insultais à voix haute lorsque ma femme passa derrière moi en disant « bwoarf » (elle dit souvent « bwoarf »), « c’est pas si pire que ça », en anglais dans le texte. Et si elle avait raison ? Réécoutons cet album pour voir.
Donc non. Pas tout à fait. Parlons de InMe, groupe existant depuis 96 avec au compteur quelques albums, un best-of, bref, un groupe de grande envergure que personne ne connait, enfin… Si, doit bien avoir quelques personnes, mais aujourd’hui, nous n’allons pas essayer de compter leurs fans, mais bien de présenter leur dernière production, The Pride. Et restons objectifs. Je commençais mon ancienne chronique par une critique du chanteur, Dave McPherson… Imaginez un vague mélange, mais même pas net, vous voyez, vague, entre Darroh Sudderth (Fair To Midland) et Eddie Vedder (Pearl Jam). Maintenant, prenez le pire des deux, à savoir le côté plaintif-écorché vif de l’un, et les bêlements de chèvre frappée par Creutzfeldt-Jakob de l’autre. C’est grosso-modo ce qu’il nous propose la plupart du temps.
J’appuie le trait hein, j’adore Sudderth et Vedder, mais l’image permet de voir un peu de quoi on parle. Écoutez le premier titre "Reverie Shores", c’est vite irritant. Et c’est le cas pour la plupart des titres, ça frôle le pénible (et ça l’éclate parfois, comme sur "A Great Man" ou sur "Escape to Mysteriopa") mais pour autant, il tombe juste parfois, sur "Gardian" par exemple, ou sur "Beautiful Sky Gardens" (malgré un début laborieux). En fait, il y a deux problèmes le concernant : ses parties sont souvent interchangeables et, défaut pas des moindre, il n’a pas un joli timbre. Alors qu’il est mis en avant sur beaucoup de passages minimalistes où on l’entend beaucoup. Par contre, lorsqu’il lâche les chevaux et cesse de geindre comme tous ces pépés peroxydés et musculeux qui se la pètent sur MTV avec leurs surfs (un smella voo feenay, hein, bonjour la caricature mais voilà), ça va un peu mieux ("Beautiful Sky Gardens" reste le bon exemple du meilleur et du pire du monsieur).
Voilà, on a évacué le problème du chanteur, il est parfois bon, parfois pénible. La musique ensuite ? Humm, un rock-pop-prog, avec des parties de slap, de jolies lignes de basse pas suffisamment mises en avant, du tapping, des accords clairs tout en douceur, un batteur aérien qui en met bien plus que le minimum syndical sans pour autant tomber dans le « j’en ai un plus grosse que vous ». Le tout forme un bloc homogène, lumineux, serein. Si vous voulez, il y a plein de passages qui m’ont fait penser au premier Sonic sur Megadrive. Ok, c’est impossible à expliquer, mais le riff au début de "Pantheon", je vois l’hérisson bleu parcourir Green Hill et sauvant des animaux roses. On a les références qu’on a. Difficile d’isoler pour autant LE morceau qui bute, celui qu’on se repassera dix fois, les poils hérissés par l’émotion. Par contre l’espèce de power ballade sans power, "Escape To Mysteriopa", c’est clairement le moins bon moment de l’album. C’est mou, long et chiant.
Valà. S’ils s’achètent un bon chanteur, ils gagneront des points. Ou si McPherson cesse de geindre et de minauder. Pour le reste, peut-être un peu plus de consistance, de sale, de crasse, de chair et de sang parce que si ça tient la route, ça manque clairement de profondeur. Pour autant, les morceaux sont bien construits, les touches de clavier, les effets divers et variés et la maîtrise technique, font de ce The Pride un moment sympa. Ni plus ni moins. Mais ça pourrait être pire.