CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
6/20
LINE UP
-Giammi Giuliani
(chant)
-Diego Minach
(guitare)
-Paolo Minach
(basse)
-Giovanni Tani
(batterie)
TRACKLIST
1) Slaves
2) Into The Box
3) Parallel
4) False Needs
5) Lust
6) Your Peace
7) Comedown
8) Truth Lies
9) Extinction Is Forever
10) Entropy Of Brain
11) Cut The Pressure
12) Now
DISCOGRAPHIE
Rhope -
Turning Maybes Into Reality
C'est l'histoire d'un chroniqueur qui découvre un album promo fort sympathique de prime abord. La musique semble catchy et inspirée, un bon moment en perspective. Une fois l'album reçu, ledit chroniqueur, enjoué, s'installe confortablement au fond de son fauteuil et lance la lecture. Et là, c'est le drame.
Car une fois n'est pas coutume, nous allons commencer par parler de son avant de parler de musique. Juger un album, c'est le juger dans sa globalité, et si l'aspect purement sonore et technique est bien souvent oublié (avec raison) devant la composition, il arrive que certains criminels du son viennent irrémédiablement gâcher le plaisir musical de l'auditeur. Il vous est sans doute arrivé au détour d'une conversation mondaine d'entendre parler de la guerre du volume (Loudness War). Il s'agit du fait que les albums récents "sonnent" plus fort que ceux d'avant les années 90s. La raison ? Une opération de compression (i.e. de diminution de la dynamique) toujours accrue réalisée au mastering.
Poussée trop loin, cela peut causer une fatigue auditive et un manque de puissance émotionnelle à la musique. C'est à la sortie du sur-compressé Death Magnetic de Metallica que le débat sur les inconvénients d'une faible dynamique a pris de l'ampleur dans la communauté metal. Cependant, on n'arrête pas le progrès et si certains rares artistes ont décidé d'amorcer un pas en arrière, d'autres gourous du mastering préfèrent continuer la fuite en avant et saccager la dynamique. Sauf qu'il existe un moment où à force de compresser, on arrive à une distorsion par écrêtage, ressentie comme un grésillement insupportable. Et c'est exactement une compilation de grésillements que vous proposent les Italiens de Rhope.
Est-ce de leur faute ou celle du responsable du mastering ? En tout cas, le fait d'afficher ostensiblement partout qu'ils sont allés enregistrer à Los Angeles au Precision Mastering (retenons-nous!) ayant recours au travail de mastering de Tom Baker (Deftones, Nine Inch Nails, Marilyn Manson, Rob Zombie, Sevendust) est au minimum complice du massacre. Tant qu'à terminer dans le name-dropping, sachez également que la pochette est le fruit de Niklas Sundin (Dark Tranquillity). Le moment compliqué arrive maintenant puisqu'il va falloir parler de la musique, alors qu'on a tout sauf envie de se fader l'écoute de l'album.
Ca en est d'autant plus triste que l'inventivité a vraiment l'air présente. Derrière une étiquette metalcore, on retrouve chez Rhope un peu de tout, du néo, du heavy et pas mal de mélodies. Le chant clair un peu nasillard, faisant penser de loin à Serj Tankian, donne une personnalité attachante au groupe et les parties calmes (relativement audibles) sont très réussies. Les refrains sont en général accrocheurs et les riffs (que l'on devine derrière la bouillie) bien catchy. L'alternance chant clair/chant core pourrait même rappeler avec joie les premiers Trivium. Voilà un bref aperçu de ce que vous raterez en n'écoutant pas cet album. Si à l'issue de cette chronique, certains restent dubitatifs, je vous invite à écouter "Comedown" au casque dans une pièce silencieuse.
Quand la post-production empêche l'écoute d'un album, c'est bien là l'illustration musicale de l'époque folle où nous vivons… Alors voilà, c'est un coup de gueule et si jamais je retombe sur le même problème, ça en sera un nouveau. Cette course au volume doit cesser, elle n'a aucun intérêt pour un style aussi peu exposé à la radio que le metal et a fortiori pour un jeune groupe ! Pour les courageux, à écouter dans un environnement très bruyant afin de minimiser votre souffrance auditive…