Formé en 2000 et auteurde trois albums, sept années d'intervalle entre le second et la nouvelle sortie Perspectives, on ne peut pas vraiment dire que le groupe français Lord of Mushrooms soient de gros producteurs, et ils semblent plutôt prendre leur temps pour livrer de bonnes compositions bien inspirées. Est-ce une recette qui marche ? Oui et non sur ce brûlot, vous allez comprendre ...
Pour commencer, ce qui se démarque immédiatement avec les Français de Lord of Mushrooms, c'est une production à l'épreuve des chocs, hyper travaillée et professionnelle, tout comme la musique du groupe est gorgée de professionnalisme et montre que l'amateurisme est encore loin. Oui, mais voilà, il ne suffit pas d'être bon musicien pour faire un bon album, il faut aussi d'autres ingrédients, comme l'inspiration, par exemple. Sans réellement en manquer, l'opus a du mal à surprendre, et surtout, à attirer l'oreille. En effet, le metal progressif de la formation, certes plutôt bien fait, manque franchement d'accroche et peine à captiver son auditoire, tout simplement car le manque d'intérêt y est flagrant. Tout y est bien fait, mais la perspective technicienne est bien trop présente, en dépit d'un peu d'âme ou d'émotion, des points qui auraient apportés de bien beaux atouts à ce brûlot (et oui, même dans le prog on peut, mauvaises langues !).
Perspectives est un album qui se veut être assez original, et ce point-là est plutôt bien réussi, car la formation fait preuve d'une certaine personnalité, qui, cette fois-ci, confère quand même quelques lettres de noblesse aux Français. Mais voilà, même en ayant une voie bien tracée, on sent quand même resurgir les influences, Pain of Salvation en tête. Et ce point-là est troublant : pari à la fois réussi et raté, on dirait que Lord of Mushrooms se situe le cul entre deux chaises et ne parvient pas encore à trouver tous ses atouts, alors que, pourtant, ils pourraient être nombreux, et ça se ressent dès le premier morceau, "Imago", qui est tout sauf banal, et emporte l'adhésion directement par une inspiration profonde, un chant de qualité (qui se révélera un point fort sur l'ensemble, par ailleurs), et une efficacité mêlée à la dextérité. Une recette idéale, que l'on peinera à retrouver par la suite, cette excellence s'estompant au fur et à mesure. On retrouvera cela partiellement sur "Nyx's Robe", mais encore une fois, en moins bien.
Donc, là-dedans, il y a les musiciens, qui maîtrisent leurs instruments et leurs solos inspirés, les petites variations techniques bien amenées, ou une construction instrumentale intrigante, instaurant une certaine ambiance, mais qui semblerait ne jamais être menée à son apogée, comme s'ils se freinaient eux-même dans leur propre démarche. Et puis Gus Monsanto, le chanteur, que l'on connaît déjà pour ses travaux dans Adagio, nous prouve toute la qualité de son organe. Chaleureux, modulé, tentant tout et n'importe quoi mais sans jamais tomber dans un schéma anarchique qui désorganiserait tout le bel agencement de Lord of Mushrooms, il s'impose comme un vrai point fort, qui aide beaucoup le combo à gagner en intérêt. Perspectives est déjà un album plutôt bien structuré mais manquant de moments marquants, que l'on garderait en mémoire, il aide un peu à combler cette faille que les autres musiciens laissent encore trop ouverte.
Cependant, on ne reviendra pas très souvent sur Perspectives. Un opus sympathique mais pas transcendant, qui manque d'un véritable plaisir à l'écoute. Bien sûr, on ne peut qu'être admiratifs devant la technique de ces jeunes gens déjà expérimentés, qui manient à merveille leur instrument. Mais voilà, quand ça manque d'âme, c'est fatal, et ce point sera encore à retravailler pour Lord of Mushrooms.