Après leur break de 19 ans, les thrashers de Vendetta ne s'arrêtent plus ! L'album de la reformation en 2007, le suivant en décembre 2011 et voilà déjà le successeur qui déboule ! On dirait qu'après être restés si longtemps silencieux, les Allemands veulent désormais rattraper le temps per... Hein, quoi ? C'est pas le même groupe ? Là c'est des Anglais qui font du heavy mélodique ? Et merde, toute une intro foutue en l'air… Je me disais bien aussi, deux albums à trois mois d'intervalle et sur deux labels différents, c'était louche…
World Under Fire, c'est typiquement le genre de sortie qui vient redonner un peu de baume au cœur du chroniqueur usé par la multiplication des albums sans saveur. C'est aussi ce qui nous rappelle la chance qu'on peut avoir de découvrir des groupes vraiment sympa à côté desquels on serait forcément passé autrement. Un nom pas très ronflant, pas de pointures au passé notable dans le line up, des musiciens qui ont passé l'âge de d'écumer les quatre coins de l'Europe pour des queues de cerise, et enfin une signature sur un label pas franchement réputé pour faire de la promo intensive : bref, cet album va très probablement passer complètement inaperçu. Et c'est bien dommage, car Vendetta mériterait assurément un bien meilleur sort. Et c'est d'autant plus surprenant que les premiers essais des Anglais n'avait rien de franchement remarquable : un premier album totalement insipide en 2007, puis un second à peine meilleur en 2009, qui commençait fort avant de très rapidement retomber dans l'anecdotique. Et pourtant, sans rien changer de son style, Vendetta est cette fois parvenu à pondre un album vraiment intéressant. Comme quoi dans la vie, il faut savoir persévérer…
Donc Vendetta, cékoidon ? Pour faire simple, disons un groupe de heavy à l'ancienne. A l'ancienne dans son approche de la production, très faiblarde par rapport aux normes actuelles. Le son manque singulièrement de patate, notamment au niveau de la batterie, dotée d'un son famélique. Ceci dit, pour une fois que chaque instrument a la place de respirer dans cette époque où la surcompression fait loi, on ne pas trop se plaindre. A l'ancienne aussi dans son approche de la musique, tout simplement : ici, avant de bosser le look ou l'attitude, on commence d'abord par écrire des chansons. Et des bonnes, de surcroît, avec des riffs, et puis aussi des refrains. C'est peut-être le minimum, mais à force de voir défiler des hordes de groupes ne réunissant pas ces deux ingrédients de base du heavy, on finit par douter. Et pour relever le tout, Vendetta apporte sa touche, à savoir un certain raffinement dans les arrangements qu'on ne trouve que chez les groupes anglais. Pertinence des lignes leads, qualité des chœurs, tant dans la conception que dans la réalisation : hormis les « Hey ! » pseudo-agressifs sur "Machtpolitik" qui tombent complètement à plat, c'est un véritable sans-faute sur ce point.
Résultat, en suivant son propre rythme et sans chercher à révolutionner son monde, Vendetta nous propose une belle petite collection de titres de heavy metal assez variés et toujours mélodiques. Mordant sans chercher à donner dans l'agressif ("Halo In Black", "Lords Of Chaos"), rapide ("Blast Radius", "Fragmented Reality"), mid tempo ("Veil Of Empathy") avec parfois une petite influence hard à la Scorpions ("Machtpolitik"), lent et ambiancé ("All Your Setting Suns"), Vendetta sait tout faire. Et quand Edward Box, la tête pensante du groupe, se lâche en solo et nous rappelle ses racines de guitar hero, ça envoie la purée. Et encore, on se demande même ce que cela aurait pu donner s'il s'était enfin décidé à lâcher le micro : dans un domaine où il affiche des limites évidentes, le plus pénalisant concernant la justesse, nul doute qu'un spécialiste aurait pu permettre de porter les morceaux encore plus haut… Ce sera le seul petit regret au final, avec celui de voir Vendetta rater complètement sa sortie avec "We Are Legion", un titre vraiment faiblard à l'image de son riff principal. Un peu comme un gardien qui multiplie les prouesses pendant 90 minutes et qui se troue dans les arrêts de jeu…
En ce qui me concerne, World Under Fire est à classer parmi les bonnes surprises. Du heavy mélodique pas novateur pour un sou certes, avec quelques défauts manifestes et évitables sur le chant et la production… Dit comme ça, ça a l'air mal engagé, mais il ne m'aura fallu qu'une poignée d'écoutes pour être séduits par la qualité intrinsèque des compos, si classiques soient-elles, et la justesse des arrangements. Dommage qu'il n'y aura quasiment personne pour lui donner sa chance…