CHRONIQUE PAR ...
Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Sean Ingram
(chant)
-Jes Steineger
(guitare)
-Nathan Ellis
(basse)
-Nathan "Jr." Richardson
(batterie)
TRACKLIST
1) Have Patience
2) One on the Ground
3) Cut to Length
4) For All You Are
5) Still It Sells
6) Chain Smoking
7) Did It Pay the Rent?
8) Every Reason To
9) I Am Not the First
10) This Is the Last
11) I Took a Year
DISCOGRAPHIE
Bon eh bien puisque dans mes deux autres papiers du moment je parlais hardcore, autant continuer avec ce troisième. Sauf qu'ici, on s'attaque à du LOURD. Coalesce, né sur les cendres du cultissime Breach est, au même titre qu'un Botch, un Knut ou un Converge, l'un des fiers représentants de la face la plus sombre, chaotique et violente du genre. Sans concessions, les américains qu'on a vu revenir sur le devant de la scène avec l'excellent Ox sorti en 2009, envoyaient déjà de la belle violence à l'époque de leur premier opus, dont la réédition sortait récemment sur....Relapse, évidemment. Analyse de la genèse d'un groupe incontournable bien que resté assez confidentiel, genre particulièrement abrupt oblige.
Sans entrer dans le débat sur l'intérêt de ces rééditions incessantes dont nous abreuvent les labels, le plus souvent US (Relapse en a fait une spécialité maison assez pénible), le premier constat est que celle-ci a été correctement réalisée. Deux versions sur cette galette, la prod' originelle d'un côté, un de l'autre. L'angle de comparaison est donc intéressant bien que les deux prod's soient finalement assez similaires, ce qui laisse rêveur sur le véritable intérêt de cette réédition. Certes la version remaster est plus puissante et compacte, mais comme le côté très brut et abrasif du son de Coalesce a été conservé (à raison), les différences sont minimes et tout cela sent un peu le foutage de gueule. Sur le fond, le premier Coalesce est typique des productions hardcore tendance sombre et chaotique de l'époque : hargneux, violent, et sans concessions. Peu voire pas de mélodie ici, assez peu de technique également : tout est mis dans la rage, la virulence des compos, et la place prépondérante accordée au côté massif et cohérent de l'ensemble : Coalesce joue comme un seul homme, en bloc, les grattes suivant la batterie, envoyant des parpaings sur les couplets rapides comme sur les breaks plus typés métalcore et rappelant le premier (et meilleur, voire seul bon) Unearth. L'ensemble est donc très rugueux ("Have Patience" ; "Still It Sells"), avec des tempi découpés à la hache, la batterie pilonnant les passages rapides ("One To The Ground") et écrasant les séquences plus lourdes/lentes ("Cut To Length").
Le chant n'est pas en reste : abrasif, puissant et maitrisé à la perfection, l'archétype du chant hardcore qui arrache. Point de place pour une quelconque voix claire, ni même de chœurs un peu plus mélos, Coalesce tabasse, gueule et ne s'arrête jamais. Mais si tout cela est au demeurant très efficace, l'ensemble de Give Them Rope reste tout de même assez difficile à ingérer. Monolithique, le premier pavé des tarés de Kansas City ne se laisse pas facilement appréhender, loin de là. Avec son minimalisme clairement affirmé (peu de variété dans les riffs comme dans les tempi exploités ou le chant), Coalesce colle à sa formule avec un brio et une intégrité des plus louables ("For All Your Are" ou "Still It Sells", morceaux ultra-typiques du groupe), mais manque du coup singulièrement d'accroche pour totalement emporter l'adhésion. On ressort de l'écoute de ce Give Them Rope un peu groggy, et surtout avec une réelle difficulté à sortir un morceau plutôt qu'un autre de cette sale bête. Sans concessions quoi. Depuis Coalesce a tout de même un peu mesuré et aéré son propos, mais à l'époque on sentait déjà tout le potentiel d'un groupe devenu culte tout en restant dans un relatif anonymat (au même titre qu'un Coroner dans le thrash, par exemple).
Tous les éléments qui ont fait la valeur et la crédibilité de ce groupe sont déjà présents : hargne poussée au maximum, cohérence monolithique, abrasion, intégrité, et une certaine idée du chaos. Les riffs claquent, la batterie tabasse, le chanteur s'époumone, et cela ne s'arrête quasiment jamais. Un must-have pour le fan de hardcore à tendance méchamment désespérée, une épreuve pour les autres. A ne définitivement pas mettre dans toutes les esgourdes.