CHRONIQUE PAR ...
Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Alex Re
(chant+guitare)
-Brendan Murphy
(chant)
-Eric Bazinet
(basse)
-Chris Needham
(guitare)
-Jesse Doreen
(batterie)
TRACKLIST
1) The Disconnect
2) I Am No One
3) The Constant
4) MMVII
5) Optimist
6) Jumping Ship
7) Pedestal
8) Thank God
9) Uncertainty
10) Sinking
11) Reflection
DISCOGRAPHIE
Dans la grande et belle famille du hardcore que je tente régulièrement de défendre dans ces très métalliques pages, il y a eu, comme en matière de métal, plusieurs époques, plusieurs styles qui ont évolué. Le hardcore old-school (Madball, Sick Of It All and co.), soit un truc foncièrement codifié et peu enclin à l'évolution ayant fini par gaver les plus jeunes représentants de la scène, de nombreux groupes ont cherché, ces dernières années (disons une petite décennie),à s'en dégager pour proposer autre chose. La vague new-school est le résultat de cette distanciation, et grouille aujourd'hui d'un nombre assez hallucinant de combos, d'une qualité des plus variable.
Pour citer les plus connus, des groupes comme Shai Hulud, Defeater, Ruiner, Have Heart, Verse ou encore Comeback Kid (même si les derniers sont encore bien teintés d'esprit old school), sont aujourd'hui bien installés. Et derrière, ça POUSSE grave, par le truchement d'écuries comme Victory Records (pas avare de gros étrons à tendance émo beaucoup trop assumée, faut le reconnaître) . Des groupes comme The Carrier ou Modern Life Is War ne sont pas en reste, et Counterparts, combo originaire de l'Ontario et dont on parle aujourd'hui, est de cette veine. Hargneux à souhait, le premier album des canadiens est plutôt à classer dans la catégorie des franches réussites. Efficacité, hargne donc, mais aussi émotions à fleur de peau (le tout sans voix claire ou presque) et mélancolie mêlée de violence dans la majorité des riffs, tels sont les ingrédients très classiques et typiques du genre que l'on peut rencontrer sur ce Current Will Carry Us. Mais Counterparts a un petit truc en plus, difficile à définir de prime abord et qui se révèle au fur et à mesure des écoutes. Il y a déjà ce côté (légèrement) barré et mathcore rendant certaines compos plus folles et intéressantes que les autres (on pense à "Optimist" et "The Disconnect", notamment).
Il y aussi et surtout, et bien que les deux aspects soient finalement assez liés car le premier ne serait pas possible sans le second, une technique au dessus de la moyenne pour le genre. La lead, généralement sous exploitée voire peu ou pas représentée dans le style, est ici mise en avant sur certains morceaux, avec des ponts assez casse gueule et des breaks bien compliqués mais ultra efficaces ("I Am No One" ; ou encore sur l'énormissime "Jumping Ship"). La section rythmique, également, qui loin de se contenter de la classique alternance entre plans rapides hardcore old school, passages plus lents sur les refrains et breaks hardcore métal, varie beaucoup, proposant parfois des séquences assez jouissives rejoignant le propos tenu plus haut sur le côté un peu mathcore de l'ensemble (notamment sur "Jumping Ship" ou "The Constant"). Pour le reste, du très classique au niveaux de la voix, typique du genre (le hurleur coreux désespéré dont les cris se brisent de-ci de-là), et de la prod' qui tape comme il faut, comme chez tous les poulains de Victory, même les mauvais (et dieu sait qu'il y en a).
Bref, on est pas encore devant un groupe de tueurs du genre, mais on s'en rapproche et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce groupe promet de devenir un pilier de la scène si il poursuit dans cette voie. Le talent de composition est là, le début d'identité aussi avec cet apport un poil plus barré/technique que la moyenne, faut juste pousser dans cette voie pour totalement se démarquer de la blinde improbable de groupes évoluant dans le genre depuis quelques années. C'est tout le mal qu'on leur souhaite.