Amberian Dawn est un groupe finlandais qui attire à la fois détracteurs et fans, de part sa grande similitude avec l'ancien Nightwish. Pourtant le dernier en date Circus Black nous prouve que notre petit combo sait évoluer, dans le bon sens, et que la maturité a été atteinte. Alors que les deux premiers et le quatrième ont leur chronique sur nos pages, il manque encore celle du troisième, End of Eden.
Et ce disque des finlandais est loin d'être inintéressant, car à la fois un peu déstabilisant, tout en conservant des bases présentes sur les opus précédents. Est-il un prémisse de cette évolution ? Un peu, car tout comme Circus Black, le rythme est ici un peu ralenti. Difficile d'appréhender cet opus, un peu plus compliqué qu'il n'y paraît. En effet, il contient les titres les moins bons du groupe, mais également parmi les plus intéressants et expérimentaux. En clair, quelques erreurs de temps à autre, mais aussi preuve d'une réelle ambition de ne pas vouloir être relégué à un vulgaire plagiat de Wishmaster. Ce serait idiot de gaspiller le talent du combo à cela.
Étrangement, dans End of Eden, le début nous semble peu convaincant, car c'est à peu près là que les morceaux un peu moins bons se regroupent. On passera donc volontiers sur l'irritante "Come Now Follow", sur "Arctica", le single qui pue la repompe, mais encore "Sampo" qui fait pâle comparaison face à d'autres pistes de la discographie du combo, cette piste étant relativement peu inspirée. A contrario, on parlait de titres plus osés, et "War in Heaven" nous le prouve : malgré un solo maladroit, le ton se rapprocherait quasiment du doom avec une Heidi cristalline, brillante, et un chant masculin effrayant qui se prête très bien au jeu.
Ainsi, Amberian Dawn réussit à créer la surprise à plusieurs reprises, et notamment par cette longue plage, approchant les 8 minutes, très sombre. Le travail instrumental est également pertinent, la guitare et le clavier se taillant une belle part du gâteau, même si le chant est pour beaucoup dans les qualités du groupe. D'ailleurs, les preuves d'inspiration se retrouvent sur le refrain d'un "Ghostly Echoes", du tubesque "Talisman" ou, surtout, de l'ingénieux opéra en finnois "Virvatulen Laulu", où la demoiselle et son compère masculin Markus Nieminen se lancent dans un duo exquis, les grandes qualités de chacun ressortant dans cet air.
De ce fait, le combo évite de tomber dans la redite, même si quelques titres (généralement les moins bons, comme c'est étonnant) rappelleront ce qu'ils ont fait avant. On regrettera un peu l'absence de solos de qualité, en revanche, qui apporteraient un peu plus d'intérêt et de solidité à la galette. Pour ceux à qui il manquerait le morceau phare qui transcende, il faudra se pencher sur "City of Corruption", énigmatique. Elle n'est pas à fredonner, ni enjouée comme "River of Tuoni", mais se démarque par une approche mélodique osée, au risque de déstabiliser les fans habituels du groupe, et ceux de Nightwish par la même occasion. Mécanique mais envoûtante.
End of Eden n'est pas un chef d’œuvre mais il reste un disque varié et agréable. Si quelques pistes demeurent encore en dessous du lot et des capacités d'Amberian Dawn, la suite nous prouvera qu'ils ont réussis à réparer leurs erreurs et à s'envoler vers les grands noms du genre. En attendant, cet opus est maîtrisé, complet et plaisant. Et des titres comme "City of Corruption" ou "War in Heaven" valent vraiment le détour.