Le courant metallique a vu passer des dizaines de genres et de sous genres. Du coup, avec une telle palette, certains ne se sont pas gênés pour faire des mélanges. On a donc ainsi vu du black death, du prog death, du melodeath ou autres noms en « death » jaillir de nulle part. Certains ont même décidés d’aller piocher dans les autres styles : jazz-death, neoclassique metal, rap metal (bien que celui la ne soit pas reconnu par tous) ou autres bossa-grind (rassurez vous, celui la, je viens de l’inventer) etc. On ne débattra pas de l’utilité de ces cocktails, mais on pourra s’arrêter sur un : le blackened thrash.
Vous vous en douterez donc, Irdorath pratique un thrash metal mêlé à une teinte black, comme peuvent le jouer différents groupes du revival thrash, Skeletonwitch en tête. En fait, cette ambiance est assez limitée, les seuls éléments pouvant y faire penser sont le chant et l’artwork qui ravira vos proches. La violence dont le groupe fait preuve ici est du à autre chose : Irdorath est allemand. Et même si les généralisations sont mauvaises, et bien voila une preuve de plus que les teutons ne peuvent s’empêcher de pousser la violence de leur thrash à fond ! On a donc toutes les influences Kreator, Destruction et autres teutons qui vous agressent les oreilles à grands coups de riffs ravageurs, faisant exploser les tympans, les vitres et les pop stars. On retrouve ici la violence qui prime sur le groove, et pourtant, celui-ci reste bien présent. La musique présentée ici, c’est donc un joyeux mix avec d’un coté la violence allemande d’un Sodom, et de l’autre le groove ricain d’un Annihilator, pour un résultat mitigé et plutôt bancal. A force de vouloir mixer ses influences, on fini par se retrouver avec un résultat brouillon, mais pourtant pas indigeste, les riffs étant souvent de bonne facture. Irdorath se différencie également de ses ainés par une production beaucoup plus claire. Attention, entendez par la plus compréhensible (quelqu’un a dit Pleasure To Kill ?), pour une puissance exacerbée et mise en valeur. Une double grosse caisse qui écrase tout, alliée au son très grave des guitares donne une petite étincelle thrash, pourtant fort éloigné du black revendiqué ici.
On découvre quand même quelques intermèdes mélodiques presque à la Maiden comme dans l’intro de "Fleischgewordner Antigott", ou ce break faisant penser à du Immortal, période At The Heart Of Winter. Ca sent le déjà entendu, mais au final ces moments sont nécessaires pour éviter de finir l’écoute avec le cerveau hors d’usage. Oui parce qu’ils ont été gentils, nos allemands, sur le coup, ils ont évités de mettre trop de blast à la suite. Que ce soit grâce à un mid tempo, un break ou autres on évite le pavé indigeste. Ce fut une bonne idée, car l’écoute ne se fait que beaucoup plus facilement. D’ailleurs c’est bien simple, les titres les moins bons ("Das Stolze Tier", "Stummheit") sont ceux où ces éléments sont absents. En plus d’avoir des riffs d’une efficacité douteuse, le groupe ne nous propose rien pour nous raccrocher. Du coup on passe par des hauts et des bas, c'est-à-dire que l’on écoute et on se dit « Ah ouais, ça c’est cool ! », et puis la chanson d’après on se dit « Ah en fait non … ». Et en sortant le CD du lecteur on ne sait pas quel avis donner. On le réécoute, puis encore une fois, et encore une fois… Et au final on regarde le compteur et on n’a même pas remarqué qu’on en est à la dixième écoute ! Finalement c’est pas si mal, ça groove, ça riff, ça thrash, que demande le peuple ? Alors même si certains groupes sont capables de faire bien mieux, ça n’empêche pas Irdorath de tenter sa chance, et au final de ne pas passer inaperçu !
Ce n’est que lorsque vous vous rendez compte que vous n’avez pas sorti le skeud de votre étagère depuis des mois que vous vous rendez compte que cet album n’est « que » dans la moyenne. Mais il a réussi à retenir votre attention pendant quelques jours, voir quelques semaines, et c’est déjà un exploit. Certaines chansons manquent d’inspiration, d’autres sont franchement sympas, c’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein qui recommence. Moi généralement je choisi de prendre un autre verre, complètement plein, cette fois.