Mettant en avant la présence de Melissa Ferlaak, ex-chanteuse du groupe autrichien Visions of Atlantis qui a sa petite renommée aujourd'hui, Echoterra est une formation américaine qui semble plutôt ambitieuse. Pochette surchargée, photos promos où la demoiselle est placée sur le devant de la scène, leur second effort Land of the Midnight Sun, qui aurait pu être bon, n'est pourtant pas à la hauteur des espérances.
En se lançant dans un milieu aussi surpeuplé que le métal symphonique, et surtout, en décidant de se cantonner scrupuleusement aux codes du genre (malgré l'apport de quelques petits éléments progressifs ou heavy mais rien de folichon), Echoterra souhaite montrer qu'il peut, sans originalité, se démarquer par son talent. Tout faux, beaucoup de choses sont sérieusement à revoir avec ce Land of the Midnight Sun. Et la première, c'est le clavier, où l'on peut se demander si, non seulement, il a été importé des années 70 par une machine à remonter le temps avec ses sonorités kitsch, mais en plus, il a une tendance à l'omniprésence qui en est irritante. Du coup, on a envie d'aller chercher un rouleau à pâtisserie et de frapper Jonah Weingarten pour qu'il cesse les sonorités immondes et à l'eau de rose qui peuplent un album qui pue l'espoir et le positif.
Que ce soit dans les paroles, dans les mélodies ou dans le chant sirupeux de la diva, on nage en plein monde des bisounours. Et à un moment, ça en devient vraiment, mais alors vraiment pénible. Tant d'eau de rose (qui transparaît rien que dans les titres des chansons, voir "The Best is Yet to Come" ou encore "From the Gutter to the Throne"), de paroles niaises et de tentatives d'émouvoir aussi moyennement, avec si peu de subtilités, donnerait presque envie de vomir. Du coup, cette aura positive qui pourrait devenir quelque chose d'agréable se retourne contre les Américains, qui nous en font des caisses, une grosse indigestion, et ce n'est pas une production minable avec un synthé mis en avant pour nous casser les oreilles qui sera franchement salutaire. Echoterra voit donc la vie en rose, et du début à la fin, c'est un peu gavant il faut le dire.
Argument commercial de poids, la chanteuse lyrique Melissa Ferlaak (ex-Visions of Atlantis) est aux commandes. Si elle n'était pas mauvaise dans le combo autrichien, là, c'est une autre paire de manches. Elle nous laisse véritablement le cul entre deux chaises, car si son lyrique, lui, est bon avec plein de justesse (mais un petit manque d'émotions), sa voix plus rock file des boutons. Assez peu maîtrisée, manquant de modulations et aux intonations un peu douteuses, elle peinera à convaincre et le fameux point qui doit remonter le niveau général n'est, au contraire, qu'une preuve de plus de la médiocrité du propos. Avec des lignes de chant pas exceptionnelles et une maîtrise qui laisse à désirer malgré la renommée de la demoiselle, le sentiment le plus légitime est la déception car les attentes pouvaient être hautes.
Vous voulez encore un peu d'arguments pour prouver la vacuité de l'ensemble ? Très bien : les influences, elles, sont criantes. Comment ne pas penser à Nightwish à chaque instant ? Le clavier veut singer celui de Tuomas, et Melissa tente de se hisser en nouvelle Tarja Turunen, sans la grâce ni la présence de la chanteuse finlandaise. Rien de neuf sous le soleil lyrique, en clair. Comment ne pas penser sur "The Ghost Within My Heart" à du Century Child tant le tout semble n'être qu'un pompage flagrant des morceaux les plus croustillants du combo ? Enfin, avec Echoterra, descendez un bon cran quant au professionnalisme et au talent de composition. Les quelques petits éléments progressifs ne sont pas assez marqués pour faire décoller des titres aussi plats les uns que les autres, et l'ennui succède à la consternation.
Pourtant tout n'est pas à jeter : "Midnight Sun", avec des incursions dans le registre du power metal, est plutôt accrocheuse, et le refrain fonctionne bien. Il subsiste encore ces quelques moments où Echoterra parvient à montrer que ce groupe est encore capable de créer des pistes qui, elles, ne sont pas mauvaises. Et les titres rapides en général sont meilleurs car c'est aussi le cas d'un "From the Gutter to the Throne" qui dévoile les capacités du combo américain, avec ce côté incisif qui est le bienvenu. Enfin, "Genes of Isis" est progressive, dans le bon sens du terme, elle montre ses modulations, son rythme qui est bien aménagé et ne souffre nullement de la banalité ambiante, comme si ce titre de conclusion avait été épargné. C'est une idée qu'il faudrait dans l'avenir exploiter un peu plus pour plaire.
Il faut être honnête, Land of the Midnight Sun n'est pas un bon album, et ce malgré l'expérience des musiciens, expérience qui, elle, ne transparaît pas une seconde tant l'amateurisme prime sur le reste. Ainsi, là où Echoterra aurait pu pondre un opus convenable, on se retrouve avec un essai dénué d'intérêt, raté, banal et fade. Une copie à revoir presque entièrement, en particulier pour la production et le clavier.