Originaire d’Atlanta (la ville du Coca-Cola, note culturelle), aux Etats-Unis, Halcyon Way – dérivé de l’expression « Halcyon Days », tirée de la mythologie grecque et qui fait référence à une période idyllique de calme et de paix – débarque avec son troisième album. Halcyon Way, comme son nom ne l’indique pas, joue un power heavy metal plutôt rageur, assez classique, conventionnel et au final tristement ordinaire. Zoom …
L’histoire commence par un avant-goût en sourdine d’un refrain aux allures épiques et plutôt alléchant qui se fait vite interrompre par un gros riff power death, un son pachydermique, une batterie rouleau-compresseur et un chant guttural. Comme dirait Raoul Volfoni, « c’est du brutal ! ». C’est surtout le choc des cultures et des styles qui est brutal, ascendant indigeste. Le pari de Halcyon Way sur cet Indoctrination consiste en un équilibre précaire entre gros riffs power metal façon Pantera mais vite répétitifs, et riffs plus typés heavy metal mélodique vieillot, agrémentés de solos somme toute habiles. Il faut néanmoins admettre la présence de quelques bons riffs, environ un par morceau, mais qui perdent de leur intérêt, noyés dans une masse de riffs médiocres et éculés. Quant aux soli, celui de "On Black Wings" est carrément minable, les autres rarement renversants. Les arrangements sont généralement grossiers, mal amenés et peu travaillés. Ce n’est pas faute d’essayer, comme sur "Indoctrination" qui se paye les services d’une cithare et de ses sonorités orientales. L’intention est là, mais le résultat est une fois de plus peu convaincant. Tout cela n’est encore rien en comparaison de ce qui vous attend en fin d’album avec d’abord l’affreuse "Stand Up" et son vieux heavy poussiéreux sans dynamique, qui est en fait une reprise écrite par Sammy Hagar et tirée du film « Rock Star », puis, bouquet final, "The System", sorte d’incursion expérimentale dans l’univers de l’indus sur base d’un morceau a priori pas mauvais, mais complètement gâché par la superposition de samples inécoutables.
Ouf ! Reprenons notre souffle un instant pour apprécier malgré tout "The Age of Betrayal" et son très bon riff, gâté malheureusement lui aussi par des arrangements maladroits. Laissons un instant l’aspect purement instrumental de côté. La combinaison des deux voix - death metal, au cours d’interventions irrégulières ("On Black Wings", "Indoctrination" et "The Age of Betrayal") et heavy mélodique nasillarde perdue quelque part entre Axl Rose, Ozzy Osbourne et Dave Mustaine – est elle aussi malheureuse, particulièrement sur "Indoctrination". On notera des refrains qui se veulent accrocheurs mais s’avèrent pour la plupart médiocres, à part peut-être l’épique "On Black Wings", et parfois répétés à outrance dans un morceau, comme certains mauvais refrains d’Iron Maiden ("The Wages of War", "The Age of Betrayal"). Quant au propos, il se veut de nature engagée, destiné à réveiller les foules, dénonçant certains faits de société, et véhiculant un message aussi simpliste que galvaudé : "Revolution is Now". Voilà bien un message cliché qui se devrait d’être au moins accompagné d’une musique elle-même, sinon révolutionnaire, à tout le moins convaincante. Ce n’est pas avec du mal réchauffé que l’on invoque du changement, encore moins une révolution. Même le concept de l’artwork semble être un plagiat mal dissimulé d’une pochette de Megadeth.
Messieurs, même si la volonté semble vous animer, il est grand temps de sortir de temps à autre des sentiers battus, que dis-je, des autoroutes empruntées de longue date, pour vous tailler un peu de personnalité car la période de calme que désigne indirectement la locution Halcyon Way semble faire référence à un calme plat artistique.