CHRONIQUE PAR ...
Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Cédric Moïse
(chant)
-Thomas Billerey
(guitare)
-Lionel Bouyroux
(guitare)
-Mickaël Desmarie
(basse)
-Gaspard Jeanty-Ruard
(batterie)
TRACKLIST
1)The Architect
2)The Size Of An Ocean
3)Evolve
4)The Day We Died
5)Forgotten Fields
6)Three Miles Island
7)Godspeed
8)Another All
9)Bloodthrone
10)Kill Me
DISCOGRAPHIE
Et allez, encore une bonne chronique en mode cocorico sur les éternels. En même temps, j'avoue que je ne me lasse pas de voir à quel point la scène french métal s'avère toujours aussi vivace et entreprenante malgré cette continuelle absence quasi-totale de couverture médiatique. Les bons groupes fleurissent dans tous les coins, et dans tous les styles. Le groupe dont on va parler aujourd'hui, navigue lui a la croisée de plusieurs genres avec une identité marquée et un talent certain. Ce groupe, c'est Minushuman, et Bloodthrone est leur premier album. Et le moins puisse dire, c'est que putain, pour une première sortie,y-a-du-niveau.
Définir le son des aquitains (décidément, cette région concentre un foutu tas de putains de groupes) n'est pas aisé, même si une première filiation se révèle assez vite : la bonne grosse ascendance mélodeath scandinave qui va bien. Mais pas véritablement la version trash-deathisante des grands anciens (premiers At The Gates, In Flames, DT and co), plutôt la version mélo et massive qu'on retrouve chez un Insomnium ou dans les In Flames période moderne (Reroute to Remain and co) . Mais Minushuman fait plus que du melodeath, c'est certain. Le groupe possède indéniablement une touche plus planante, progressive et atmosphérique qui l'éloigne des rivages mélodeath, c'est assez marquant sur la quasi totalité des morceaux ("The Architect", "Forgotten Fields", "Godspeed" notamment). Le développement de ceux-ci fait en effet plus souvent penser à la façon dont un Enslaved (influence assez prégnante sur l'album) écrit ses morceaux, et c'est un sacré compliment, tant les suédois sont notoirement des poids lourds de la scène black et un groupe particulièrement respecté pour leurs compos aériennes et classieuses. Eh bien Minushuman joue un peu dans cette cour là. Les morceaux sont donc hyper progressifs ("Forgotten Fields", exemple type du gros faux tube mélodeath qui part en génial black atmosphérique à la Enslaved), assez peu démonstratifs (les riffs sont assez simples, cf. intro de "Three Miles Island" par exemple), préférant installer et développer des ambiances ("The Size Of An Ocean") plutôt que de rentrer dans l'auditeur, même si il sait le faire aussi à l'occasion ("Evolve").
Les guitares tissent des couches de son, la batterie au jeu très épuré fait groover les morceaux comme il faut et l'ensemble dégage un très appréciable mélange de faux calme et de puissance. Bloodthrone est donc un album hyper cohérent, et qui recèle pas mal de surprises (le petit côté indus des couplets de "The Way We Died" par exemple). Clairement, Minushuman a un son, une identité, bien loin d'un énième clone mélodeath ou d'une tentative de resucée de ce qui se fait de mieux dans l'hexagone (Gojira, Manimal and co). Après tout n'est pas parfait : le côté très massif, cohérent et épuré de l'ensemble fait que ce Bloodthrone manque un peu de variété et d'accroche par instants. Mais c'est très franchement bien tout ce qu'on pourrait reprocher à cet album, qui possède une classe assez rare et opère qui plus est sur des terrains assez peu fréquentés par la scène d'ici, ce qui est toujours un plus. Entre black atmosphérique, mélodeath et post métal, Minushuman est un groupe qui mérite clairement qu'on s'intéresse à lui, et plus encore. Le chant est très bon, bien qu'un peu monolithique et assez peu modulé, la prod' déchire assez également (signature chez Season Of Mist, qui au passage a encore sacrément eu le nez creux, oblige).
Nul réel besoin d'en dire plus, ce groupe, et cet album, défoncent. Franchement je ne les connaissais pas avant, et c'est véritablement un plaisir de tomber sur ce genre de découverte et de réaliser que YES, ça vient de chez nous, d'autant que les mecs de Bergerac sonnent réellement scandinave. Et il est tout aussi agréable de voir que le groupe ne s'est pas contenté de faire du mélodeath de base, parce qu'aujourd'hui c'est un peu comme faire « juste » du métalcore : soit t'es méta-supra bon et tu sors du lot mais très honnêtement c'est de plus en plus dur, soit t'es maxi-giga perdu dans la masse parce que tu sonnes comme 150 autres groupes au bas mot. Minushuman a l'intelligence de mixer des genres pour imposer son identité, et ça fonctionne parfaitement. Chapeau bas messieurs, vous êtes des bons !