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CHRONIQUE PAR ...

17
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Frode Glesnes
(chant+guitare)

-Aksel Herløe
(basse)

-Gerhard Storesund
(batterie+clavier)

TRACKLIST

1)Norrøn Kraft
2)Naglfar
3)Alu Alu Laukar
4)Varden Brenne
5)Atter På Malmtings Blodige Voll

6)Balladen Om Bifrost

DISCOGRAPHIE

Norrøn (2011)
Av Oss, For Oss (2014)

Einherjer - Norrøn
(2011) - heavy metal black metal folk viking spirit - Label : Indie Recordings



Quand on évoque les Vikings, les gens ont rapidement tendance à penser à des brutes de 2 mètres vêtues de fourrures et de casques à cornes, buvant de la bière en hurlant, ravageant les pays voisins à grands coups de haches, pillant et éructant tout en violant les femmes des pays visités. Certes, il y a un peu de vrai là-dedans. Mais les Vikings, c’était aussi le commerce, l’exploration, l’artisanat et des histoires de héros légendaires, de géants et de Dieu se mettant allègrement sur la gueule…Bref, un peuple plus contrasté et subtil que la caricature souvent de mise dans les films et autres fictions les mettant en scène…et Einherjer est là pour le dire, mais en musique.

De la même manière, lorsque que l’on parle de viking metal, l’amateur de metal pense très vite à du black guerrier et froid ou a du folk païen et aviné, souvent à grand renfort d’instruments exotiques comme l’accordéon ou autres flûtes et pipeaux, le tout pour un résultat souvent caricatural. Et en un sens, Einherjer a participé à cet état de fait avec ses albums précédents – même s’il faut reconnaitre que ceux-ci étaient de très bonne qualité et injustement boudés du public. Odin Owns Ye All, en 1998, était déjà très intéressant, avec son heavy/folk/black nordique regorgeant de bonnes idées et de trouvailles. Norvegian Native Art, deux ans plus tard, montrait un visage un peu plus black métal, mais restait un très bon album, varié et audacieux. Tout cela respirait le côté épique de la traversée d’une mer glacée sur un drakkar, avec une certaine légèreté dans l’approche mais une indéniable réussite. C’est après Blot (2003) que le groupe se sépare, ses membres vaquant à leurs diverses occupations. L’annonce de leur retour l’année dernière n’avait pas, il faut le reconnaitre, déclenché l’hystérie des foules, mais voilà…Norrøn est là. Norrøn est bon. Norrøn est une tuerie.
Car Norrøn est différent. Pour le dire de manière poétique, Norrøn évoque moins la guerre et la taverne bruyante, ambiances propres aux groupes de metal ayant l’univers Nordique pour thématique, que le silence d’une forêt après la pluie, quand la brume flotte et se glisse entre les troncs et qu’au loin retentit le croassement d’un corbeau. Le froid, la nature, sa beauté farouche, les grandes forêts de pins du grand nord…voilà le voyage auquel nous convie Einherjer, avec une formule tout à fait commune : des riffs de guitares, un chant écorché et un album sobre, efficace et diablement bien pensé. Le premier titre, "Norrøn Kraft", du haut de ses douze minutes, en est la parfaite illustration : le début est âpre, sec, avec ses changements de tonalité, ce mid tempo harassant et cette voix black metal envoutante, puissante et habitée. Et il y a ce break, au milieu de la chanson, où l’ambiance se pose et où des tambours lointains évoquent l’orage...C’est simple, dépouillé, intériorisé…un simple chœur légèrement désincarné invite et emmène l’auditeur sur les rivages du grand Nord avant qu’une guitare acoustique ne peigne un autre tableau, un peu plus enjoué sans être gai. Le mystère plane encore et semble s’être emparé des six titres de cet album.
Car dès le second, "Naglfar", il revient au détour d’une mélodie, de quelques chœurs guerriers (tout de même) mais l’ambiance est toujours aussi envoutante. Même "Alu Alu Laukar", qui transpire la mélodie folk sur un rythme très martial, n’est pas un simple divertissement grâce au chant charismatique de Frode qui parvient à mêler la haine, la férocité et la grandeur en une seule voix. "Varden Brenne" pourrait faire lui aussi penser, à l’écoute des premières notes, à quelque chose d’un peu léger et folk, mais c’est sans compter sur le talent des Norvégiens pour transformer un paysage musical à priori connu en invite à la découverte de tout autre chose. Quelques chœurs, une mélodie, et nous revoilà naviguant sur une mer sans rivage, craignant de tomber derrière le bord du monde, le visage plein d’embruns tandis que craque le bois du fier drakkar. Se payant le luxe de poser quelques solos d’une simplicité naïve mais d’une classe désarmante, Einherjer continue de nous ébahir par ses talents de conteur, écrivant une poésie en peu de mot, sans en rajouter des tonnes ni se sentir obligé de partir dans les extrêmes.
Les deux derniers titres – leur enchainement efficace en fait une entité qu’il est bon de réunir – finissent comme "Norrøn Kraft" avait ouvert l’album : sur ce mélange de mystère, d’évocation et d’épique qui font les meilleurs moments de Norrøn. Un tempo lent, des mélodies simplissimes et une construction en béton font de ces morceaux des titres incontournables. Einherjer sait, en quelques notre ou en une brève apparition de chœurs, nous emmener immédiatement dans leur univers fait de mélancolie et de douceur, de brutalité et de violence, de tristesse et de rage. Une palette d’émotion certes non exclusive au monde et à la mythologie des Vikings mais au contact de qui elle prend une ampleur toute particulière. Norrøn, c’est plus qu’un album, c’est un voyage au cœur des intempéries, du froid et de l’humidité, de l’odeur du bois, de la peau de bête et de la terre humide.

 
Bravo. Einherjer signe là un retour comme peu de groupes peuvent s’en payer. Après un break de plusieurs années et presque 9 ans entre Norrøn et leur précédent album, il y avait toutes les chances que leur come-back se passe dans l’indifférence la plus totale, voire sous les quolibets acerbes et désabusés. Mais avec un album comme Norrøn, on ne peut que souhaiter à l’Einherjer nouveau du succès et  de la réussite, pour qu’il nous refasse des albums de cette trempe…



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