CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7/20
LINE UP
-Nivek Ogre
(tout)
-Mark Walk
(le reste)
TRACKLIST
1)101
2)Crash
3)Pissage
4)Comedown
5)Typer
6)screwMe
7)Bellew
8)Hollow
9)traGek
10)Animist
11)Nitwitz
DISCOGRAPHIE
On oublie trop souvent certaines règles d’or. Par exemple, celle qui consiste à ne jamais mettre en parallèle la carrière d’un groupe et celles de ses membres. C’est dangereux, ça pousse aux espérances les plus folles, a fortiori quand vous n’avez pas entendu la moindre note du dit-groupe mais que vous en lisez les louanges à longueur de webzine. Vous en venez à vous dire que démarrer par un projet solo, ça peut être une chouette porte d’entrée. Mais à l’écoute d’Undeveloped, on revient vite à la raison. Parce que si Skinny Puppy ressemble à ce truc, alors c’est le plus gros scandale de ces vingt dernières années.
Fort heureusement, à lire mes bien-aimés confrères, il semble que Nivek Ogre se soit particulièrement chié dessus ce coup-ci. Il a bataillé, pourtant. Afin de maximiser ses chances de succès, il a appliqué la même formule à la quasi-totalité des morceaux : intro indus à la bienvenue-dans-la-grande-machinerie-humaine, beat sec et monochrome, synthés pseudo-craspec, une charmante combinaison à la recherche du tube glauque au refrain instantané qui fonctionnerait ainsi bien sur un dancefloor que dans un vieux bouge enfumé. Et notre ami chanteur, en grand apôtre de la décadence, de poser ses textes sarcastiques avec une voix nasillarde, hautaine, qui ne s’emballe que par la plus absolue des nécessités. Il ne cherche pas à ébahir, il n’en a pas grand-chose à foutre et on se dit même qu’il n’a peut-être pas donné au hasard son nom à l’album, mais après tout, le simple & catchy, quand on sait y faire, ça a du charme.
Mais là, non. Ce qui se voudrait synthpop industrielle et vénéneuse sonne comme un sampler de fanzine style EBM&Tuning avec 10 ans de retard. Les intros sont paresseuses et ne développent aucune atmosphère si ce n’est la jouer à « ouah ! t’as vu comment je sonne indus ? », les sons de claviers sont aussi réchauffés que les frites du McDo passées au micro-ondes et, cerise sur le gâteau, ohGr réussit l’exploit de ne pas aligner un seul bon refrain. Allez, si, un seul : "Nitwitz", plus malin que ses camarades, plus sournois et seul candidat à potentiel pour le « hit » tant convoité. Mais le reste, à force d’arrangements convenus, de lignes vocales beaufs ("traGek", un calvaire) et de l’absence d’accroche ou de quoi que ce soit qui ferait lever le sourcil autrement que par exaspération, amène très rapidement à un ennui complet. C’est qu’on aurait des remords, presque, la première fois ! Prêt à se le repasser parce qu’on n’était pas dedans, que quelque chose nous a échappé… mais en y revenant, le doute n’est plus possible : cette chose est bien frelatée.
Undeveloped ne vous fera ni rire, ni enrager : juste pousser des bâillements qui feraient passer Raymond Barre pour Woody Woodpecker. Et quand se pose la sacro-sainte question (très pratique quand on ne sait pas finir une chronique) du « à qui conseiller ce disque », on reste comme deux ronds de flan, tant on peine à identifier la cible de ce machin. Ceux qui possèdent toute la collection de EBM&Tuning, sans doute.