Parfois, certains groupes vous font une très bonne impression avant même d'avoir posé une oreille attentive sur leur musique. Je le confesse, ça a été le cas pour moi avec Marienbad, dont le line-up solide (pensez donc, le chanteur d'Eisregen et un batteur chez Empyrium/The Vision Bleak), la superbe pochette et les descriptions lues çà et là sur le net ont contribué à ce que je sois plutôt hâtive d'écouter un tel disque. Mais comme on dit couramment, il faut savoir se méfier des apparences qui peuvent être trompeuses (le fiasco baptisé MaYan, mes oreilles saignent encore en repensant à cette immondice … mais c'est un autre débat). Voilà donc la curiosité qui fait place à la méfiance. Mais le seul moyen de savoir ce qu'il en est vraiment, c'est d'écouter. Ainsi, voilà le disque qui commence à tourner dans ma platine, plusieurs fois même pour pouvoir rédiger ce qui va suivre ...
Ce premier essai de Marienbad vient confirmer les impressions initiales que l'on peut avoir en voyant ce projet. Leur doom atmosphérique parvient à séduire par la beauté des mélodies délivrées, qui nous plongent dans la belle ambiance de cette musique aux attraits délicats et délicieux. Tantôt lancinant, tantôt épique, cet essai ne marquera cependant pas par son originalité, car, on peut s'en douter, nous ne sommes pas loin d'un Empyrium ou d'un The Vision Bleak, ce qui n'est pas pour me déplaire ! (normal avec Allen B. Konstanz à la batterie). Les titres ne manquent pas d'inspiration, et les mélodies sont bien pensées : elles sont prenantes dès les premières écoutes et ne lâchent plus une fois commencées. J'ai un petit coup de coeur pour ''Sieben im Teich'', qui, avec son côté enlevé et son magnifique piano, m'évoquent Tiamat, qui doit être une influence majeure de nos chers Allemands.
Le problème de ce Werk 1. Nachtfall c'est d'être beaucoup trop bancal, et donc de ne pas séduire entièrement sur la durée. Si la première moitié de l'opus est belle, plus éthérée et envoûtante et que le doom tend vers l'atmosphérique, la seconde partie, elle, se rapproche plutôt d'une tendance black moins maitrisée, et Eisregen devient l'influence majoritaire, se substituant à Empyrium ou Tiamat (en même temps, lorsque l'on sait qui tient le micro chez Marienbad, ce n'est guère une surprise). Du coup, même si nous sommes susceptibles d'apprécier les mélodies, le regret de ne pas voir nos Allemands continuer sur la même lignée chagrine un peu. Et les morceaux qui se démarquent sont irrémédiablement les quatre premiers. Mais pourtant, on ne peut absolument pas dire que ce soit mauvais, ou même que le chanteur/guitariste n'assure pas, au contraire, il est l'un des points forts de la formation. Il est même bien meilleur ici que dans son groupe initial n'ayant guère le même attrait.
Choix étonnant, 2 Cds vous seront offerts, l'un en allemand, l'autre en anglais. Et si vous voulez mon avis, ce n'est pas plus utile, la langue de Goethe sied parfaitement à ce Werk 1. Nachtfall, retranscrivant bien mieux la beauté ambiante que l'anglais, plus banal et courant, qui n'apporte rien, et même, qui appauvrit en terme d'émotions. Il va donc falloir tirer un trait sur cette inutile version pour se concentrer sur l'originale, qui elle, fait bien plus frémir. Car de l'émotion, on en trouve, dans cet album, à l'aide d'un chant très ''gothique'', parfois à la Type O Negative, ou par un piano, où l'ambiance, dans ses instants éthérés, est pleine de grâce. Lorsque Marienbad se tente au rapide, au tubesque dirais-je même, il réussit, et ''Flammnacht'' serait le single idéal pour promouvoir le disque. Un bel exemple du talent des Allemands.
Ce Werk 1. Nachtfall ne brille pas du tout par une quelconque originalité, restant souvent trop proche des influences de la formation, voir même de ses géniteurs. Les ombres mêlées d'Empyrium, Eisregen, Tiamat, Type O Negative, The Vision Bleak, Crematory et autres ne sont jamais très loin. Marienbad séduit donc par son talent qui est plutôt conséquent, et même s'il s'agit dans le line-up de musiciens expérimentés, le résultat final est quand même celui d'un premier album, et d'un début réussi ! N'attendez plus et plongez donc dans la beauté de ce paysage présent sur la pochette, cette noirceur dessinée par les artistes que sont ces musiciens. Une belle œuvre de 2011, et j'en redemande. Pas vous ?