CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Matthew K. Heafy
(chant+guitare)
-Corey Beaulieu
(guitare)
-Paolo Gregoletto
(basse)
-Nick Augusto
(batterie)
TRACKLIST
1)Capsizing the Sea
2)In Waves
3)Inception of the End
4)Watch the World Burn
5)Dusk Dismantled
6)Black
7)Built to Fall
8)Caustic Are the Ties That Bind
9)A Skyline’s Severance
10)Forsake Not the Dream
11)Chaos Reigns
12)Of All These Yesterdays
13)Leaving This World Behind
DISCOGRAPHIE
Lorsqu’on chronique le nouvel album d’un groupe d’une certaine notoriété, tel que l’est Trivium, il est toujours intéressant de regarder quelles ont été les réactions des magazines spécialisés de la presse et de la toile. S’il est un phénomène particulièrement remarquable pour ce In Waves, au-delà des avis positifs ou négatifs, c’est le recours omniprésent à une formule : « l’album de la maturité ». Et au risque de vous décevoir, nulle autre expression n’aurait mieux convenu.
Et ce pour deux raisons. La première, c’est de constater que le groupe a tiré leçon des erreurs du passé. En premier lieu, de la semi-déception qu’était leur dernier essai en date Shogun. Ainsi, In Waves a clairement été pensé en réaction à son prédécesseur ; sur tous les plans, on pourrait le qualifier d’ « anti- Shogun ». Pour ceux qui ont oublié, sortez votre Pietro de poche : « Trivium commet l’erreur de jeunesse de vouloir en mettre plein la vue plutôt que d’être efficace ou réellement créatif ». Et hop ! On efface et on corrige. In Waves fait dans la concision et la simplicité (au sens noble du terme, attention !). Prenez le titre éponyme au riff fear-factoriesque, qui n’est autre que le meilleur morceau de la galette. Simpliste dirons certains, mais d’une rare arrogance et terriblement addictif. Et la chasse aux artifices ne fait que commencer ! Adieu les déluges interminables de notes et autres démonstrations techniques, les soli sont réduits à leur plus simple effet. L’accent est davantage mis sur la cohérence des titres et la fluidité de leur enchaînement, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé.
Deuxièmement, et on ressort son Pietro de poche : « Le groupe n’a toujours pas trouvé son identité et sa personnalité propre malgré son talent incontestable qu’on retrouve trop rarement ici ». Et re-hop ! On ré-efface et on re-corrige. Jusqu’à présent, Trivium prenait des orientations unilatérales : du metalcore mélodique sur Ascendancy, un hommage à leurs influences heavy/thrash avec The Crusade, et un mix des deux en poussant la technique instrumentale à l’extrême sur Shogun. Il n’en n’est rien pour In Waves : Trivium a ici décidé de faire du Trivium, tout simplement. Cependant, c’est bien toutes les expériences accumulées lors des précédents essais ont permis au groupe de se forger une identité propre. Ainsi, on peut penser à l’époque Ascendancy sur "Inception of the End" et "Caustic Are the Ties That Bind" ou à The Crusade sur le tube en puissance qu’est "Built to Fall" mais là encore, en beaucoup moins complexe que par le passé. Et les Floridiens poussent le jeu à l’extrême et accouchent de compositions à la fois plus minimalistes ("Black") et plus brutales comme "Chaos Reigns", "A Skyline’s Severance" ou "Dusk Dismantled". Ce dernier titre laisse d’ailleurs pointer des influences black metal, plutôt déroutantes mais du plus bel effet.
Dès lors, comment expliquer ce changement si soudain, qui s’étend même jusqu’à l’artwork étonnamment sobre et menaçant ? La raison la plus évidente serait que Matt Heafy a longuement médité devant son Pietro de poche, mais vous semblez peu convaincu. On peut aussi penser au changement de line-up qui s’est opéré avec l’arrivée du nouveau batteur Nick Augusto au jeu paradoxalement plus technique mais surtout plus riche et varié que son prédécesseur. Enfin, autre changement de taille : la production signée Colin Richardson est absolument colossale. Mais on atteint peut-être là les limites de l’album car si le son est dantesque, il tend toutefois à uniformiser les morceaux. De plus, on peut regretter qu’aucun titre ne se démarque vraiment des autres car si le niveau est dans l’ensemble très bon, aucune chanson ne peut être qualifiée de « géniale ». A l’inverse, il n’y a quasiment aucun déchet et, en particulier, aucune guimauve à la "Dying in Your Arms" : la power-ballade "Of All These Yesterdays" est d’ailleurs excellente !
Les ennuis commencent pour vous car vous devrez choisir entre les éditions standard et limitée, cette dernière étant particulièrement fournie. Cependant, il a été décidé de traiter ici volontairement de la première car plus digeste et cohérente musicalement. En effet, les bonus assez dispensables ont été dispersés un peu partout dans l’album et certaines pistes se trouvent déplacées dans la tracklist. Que dire de plus ? Trivium est revenu, s’est revu et a définitivement vaincu. Bravo messieurs !