Ça a beau faire plus de 4 ans que je chronique activement pour Les Éternels, il y a bien un truc qui ne cessera jamais de m'étonner, c'est la surabondance de sorties. C'est simple, ça ne s'arrête jamais ! Pour compenser la baisse des ventes, les labels inondent le marché, mais sans toujours assurer la promotion derrière. Alors forcément, de temps en temps, on passe à côté de certaines sorties. Pas les gros noms, mais plutôt les petits groupes qui sont parfois de bonnes surprises, comme Mean Streak, dont le premier essai m'avait bien plu…
Des groupes qui ne se renouvellent jamais, je pourrais vous en citer un paquet. C'est même d'ailleurs plutôt la norme dans le metal, où les besogneux sont beaucoup plus nombreux que les génies. Mais là, franchement, on est au stade supérieur. Pour la première fois, j'ai l'impression que je pourrais reprendre la chronique de Metal Slave en changeant juste les titres et ça ferait l'affaire. Remarquez, au moins, ça va être rapide pour les grandes lignes. Donc voilà, Mean Streak, c'est un groupe suédois qui donne dans le heavy 80's et qui bouffe un peu à tous les râteliers, ce qui lui permet d'éviter de se faire taxer de clone de tel ou tel groupe. Les gars ont d'ailleurs rajouté quelques nouvelles références à leur CV, pas très bien digérées d'ailleurs : l'opener, un morceau speed, sonne très Accept et plus particulièrement "TV War". Pas très discret quand on intitule son morceau "Declaration of War"… Idem pour "Sons of Metal", une expression très Manowar… Bingo, puisque ce titre lent rappelle instantanément la bande de Joey DeMaio. Moins évident, mais pourtant tout aussi reconnaissable, "No Man's Land" : là encore, un morceau lent et heavy, mais avec pour originalité ce léger parfum oriental. On croirait avoir affaire à un remake de "The Nomad" qui, je vous l'accorde, n'est pas le morceau le plus connu de Maiden. Même phonétiquement, vous ne voyez pas une ressemblance troublante ? Si c'est une coïncidence, c'est quand même vraiment pas de chance…
Ce qui n'a pas changé non plus, c'est la voix horrible d'Andy LaGuerin. La dernière fois, je devais être de bonne humeur pour dire qu'il était assez moyen, parce que ce mec est une vraie calamité. Dans les mediums, ça passe tout juste, mais il est carrément catastrophique dans les aigus. Et vu que c'est dans ce registre qu'il entame l'album avec le speedé "Declaration of War", tout de suite on part sur de mauvaises bases. Et comme on n'a qu'une seule chance de faire une bonne première impression… La Suède est une terre de metal, il y a forcément moyen de dégoter un meilleur chanteur, non ? Dommage, car Mean Streak dispose de plusieurs bonnes compositions dans des registres assez variés : "In for the Kill" rappelle le bon Priest du début des 80's, la pesante "Crimson Sky" dégage une ambiance crépusculaire intéressante, "Sons of Metal" se défend bien malgré le côté Manowar très prononcé… On notera aussi que les Suédois sont particulièrement doués lorsqu'ils donnent dans un registre assez léger, comme "The End of the Rainbow" et ses chœurs façon US, ou "Brothers Till the End" et "Sign in the Sky" et leurs refrains entêtants. En revanche, alors que Metal Slave assurait du début à la fin, on dénombre ici pas mal de plantages qui tirent l'ensemble vers le bas. "As You Sow You Shall Reap" nous prouve que le côté evil ne sied pas à Mean Streak, tandis que les lourdauds "No Man's Land" et "The Oblation", sorte d'hommage foiré à Black Sabbath, sont prodigieusement ennuyeux.
Ce n'est pas que j'en attendais monts et merveilles, mais après le fort sympathique Metal Slave, c'est avec une certaine curiosité que j'avais appris la sortie du nouveau Mean Streak. Malheureusement, Declaration Of War ne confirme pas vraiment, et semble même indiquer que ce premier effort avait tout d'un coup de bol. Le petit groupe sympa capable d'aligner 10 bons titres de heavy a laissé la place à un groupe davantage dominé par ses influences et alternant le bon et le très moyen. Tant pis…