CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Max Cavalera
(guitare+chant)
-Marc Rizzo
(guitare)
-Johnny Chow
(basse)
-Iggor Cavalera
(batterie)
TRACKLIST
1)Warlord
2)Torture
3)Lynch Mob
4)Killing Inside
5)Thrasher
6)I Speak Hate
7)Target
8)Genghis Khan
9)Burn Waco
10)Rasputin
11)Blunt Force Trauma
DISCOGRAPHIE
Pour ma génération de metalleux, qui a découvert le genre au milieu des années 90, Sepultura était LE groupe culte avec Pantera, les deux seuls à avoir pu combiner talent, attitude, fraîcheur et succès (disque d'or en France pour Roots bordel, plus de 100 000 copies vendues !). Si le projet Cavalera Conspiracy ne sera jamais autre chose qu’un ersatz, les frangins avaient vaincu le scepticisme ambiant avec Inflikted et nous avaient démontré qu’ils en avaient encore sous la pédale. Blunt Force Trauma, l’heure du coup de grâce ?
Mettons fin à ce suspens artificiel : la réponse est non, clairement. Commençons tout de même par les points positifs. D'abord, la production en béton : la mention « produced by Max Cavalera » sonne comme une véritable blague quand juste en dessous, il est écrit « co-produced, engineered, mixed and masterized by Logan Mader ». Mine de rien, ce type est en train de s’imposer comme le petit gars qui monte aux manettes : le son est puissant mais aéré, les instruments son tous audibles, les parties agressives ne sont pas usantes pour les tympans tandis que les parties rouleau compresseur vous écrasent littéralement. Un véritable plaisir ! Ensuite, le jeu de Marc Rizzo. Le diablotin dispose d’un peu plus d’espace pour s’exprimer que sur Inflikted, et il s’en donne à cœur joie : deux superbes solos sur "Killing Inside", une superbe descente de gammes avant un excellent solo à la wah-wah sur "Thrasher", des arrangements mélodiques forts bien trouvés sur "I Speak Hate"… Son jeu atypique et inventif se complète parfaitement avec celui de Max et ses nombreuses trouvailles apportent de la couleur à des riffs en grande majorité frontaux. Enfin… non, j’ai beau chercher, je sèche. Ce sera donc tout pour le positif, et vous constaterez que cela reste limité à l’accessoire. Pour le principal, à savoir les compositions, pas grand-chose de satisfaisant à se mettre sous la dent.
Et pourtant, Maxou est loin d’être aussi cramé que ce que veulent bien dire les fans déçus par l’orientation de la carrière de Soulfly ou la qualité discutable des derniers albums. Dès qu’il se lance à la hussarde dans des assauts thrash old school, le savoir-faire revient instantanément. Mais à l’écoute de ces 11 titres, on a l’impression que Roadrunner avait imposé une deadline et que Cavalera n’était pas prêt, d’où une poignée de titres torchés en deux minutes ("Torture", "Rasputin") ou juste inaboutis. Meilleur exemple : "I Speak Hate", qui commence de la meilleure des manières, avec un riff aguicheur et une ligne vocale dont la scansion devrait vous incendier le moshit… et vlan, un refrain nullissime qui fout tout en l'air. "Thrasher" et "Target" sont faits dans le même moule : un couplet thrash furax et un refrain jumpy. Manque de bol, le premier a un couplet foiré et un refrain d'enfer, et le second… c'est l'inverse ! Idem pour "Lynch Mob", dont le couplet envoie la dose maousse d'adrénaline, surtout celui chanté par Roger Miret d'Agnostic Front, mais le refrain hardcore sonne vraiment cheap. Au final, on retiendra surtout le bulldozer "Warlord", "Killing Inside" et son riff frontal qui fait mal aux gencives et "Genghis Khan", le titre le plus « construit » de l’album avec son début heavy, son chant original et ses accélérations thrash ravageuses.
Après un premier album plus que bonnard qui nous avait redonné envie d'y croire, on attendait beaucoup mieux de la part de Cavalera Conspiracy que cet album bâclé. A l'image du père Iggor (oui, je sais, elle était facile) qui n'a pas dû beaucoup toucher à sa batterie en 3 ans et qui nous livre une prestation plate hormis l'intro de "Burn Waco", on déplore un net recul en terme qualitatif entre les deux albums. Alors non, Blunt Force Trauma n'est pas nul... mais il est également très loin d'être bon.