CHRONIQUE PAR ...
Oni²
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Jesse Leach
(chant)
-Joel Stroetzel
(guitare)
-Mike D’Antonio
(basse)
-Adam Dutkiewicz
(batterie)
TRACKLIST
1)Numbered Days
2)Self Revolution
3)Fixation on the Darkness
4)My Last Serenade
5)Life to Lifeless
6)Just Barely Breathing
7)To the Sons of Man
8)Temple from the Within
9)The Element of One
10)Vide Infra
11)Without a Name
12)Rise Inside
DISCOGRAPHIE
Killswitch Engage, fer de lance du mouvement décrié qu’est devenu le metalcore fut aussi à l’origine d’une mini-révolution dans la grande famille metal. On leur doit en partie un certain regain de popularité du genre au début des années 2000. Leur formule magique : allier les meilleures trouvailles de la scène Scandinave avec la puissance et le groove du hardcore, du neo et du power metal américain.
Pas si inventive que ça leur formule, à bien y réfléchir, mais marier tous ces éléments sans accoucher d’une bouillie inaudible (ce serait même plutôt le contraire), c’est là que réside leur exploit. 4 musiciens derrière ce petit chef d’œuvre : chacun d’entre eux délivre une performance plus qu’honorable. Subtile sans être démonstrative, accrocheuse sans être formatée. Comment ? Saluons d’abord le travail du gratteux Joel Stroetzel qui aligne les riffs, tous plus catchy les uns que les autres. A côté de ça, il n’oublie pas de glisser quelques lead bien sentis (un élément qui prendra encore plus d’importance sur leurs créations suivantes). L’autre tête pensante du groupe (et producteur, un rôle qu’il reprendra régulièrement), multi instrumentiste, mais batteur pour l’occasion, finira d’ailleurs par se joindre à lui sur scène et sur tous les opus suivants, les compos de l’album ayant très clairement été écrites pour deux guitares.
On en arrive au plus intéressant : le chant. C’est tout juste monstrueux, Jesse Leach pourrait boxer dans n’importe quelle catégorie, il assure toujours avec brio (et il le prouvera d’ailleurs plus tard chez Seemless). Prenez n’importe quel type de voix, de l’extrême évidemment : black, death, core et toutes les modulations possibles du chant : énervé à la Phil Anselmo, parlé ou totalement mélodique. Ces lignes de chant donnent systématiquement envie de les reprendre en chœur (“Self Revolution”, “My Last Serenade”, “The Element of One” pour les plus mémorables). Il est d’ailleurs intéressant de constater que Killswitch Engage popularisera avec cet album le concept du « refrain qui tue » arrivé au milieu d’une tempête de violence sonore. Idée empruntée aux Suédois d’In Flames et Soilwork entre autres influences. Ce sera hélas le dernier disque pour lequel il assurera le rôle de frontman. Il retrouvera néanmoins Adam Dutkiewicz quelques années plus-tard pour un tout autre chef d’œuvre.
Are we alive? Or just breathing ? » (“Just Barely Breathing”), non les Américains ne manquent clairement pas de vie, c’est sans aucun doute leur disque le plus énergique à ce jour, comme peuvent en témoigner les thrashy “Vide Infra” et “To the Sons of Man”. Non pas qu’ils soient devenus mous avec le temps, mais la balance penchera plutôt vers leur côté mélodique par la suite. Côté mélodique qui se présente déjà cette-fois ci, incarné par l’interlude “Without a Name” qui sert surtout d’introduction à “Rise Inside”. Il eut peut-être été préférable que les deux dernières pistes ne fassent qu’une, vu qu’elles s’enchaînent à la perfection … et cela aurait accentué l’effet « montée en puissance ». Quoi qu’il en soit, c’est une parfaite conclusion. Killswitch Engage n’aura pas volé son statut parmi les leaders du metalcore, allant jusqu'à influencer les mêmes formations européennes à qui ils doivent en partie leur son.
Encore catalogués au rang de « sous-Soilwork américain » par certains, Killswitch Engage est bien plus respectable que ça. Il a posé les fondations d'un genre que malheureusement trop de suiveurs se contenteront d'appliquer à la lettre sans apporter une quelconque singularité. Bien que beaucoup aient découvert le groupe avec l’album suivant, Alive Or Just Breathing n’en est pas moins méritant. L'un des symboles d'une génération entière de metalleux, un de ceux qui ont ravivé la flamme en des temps moins favorables pour « notre musique ».