CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Ralf Scheepers
(chant)
-Magnus Karlsson
(guitare)
-Sander Gommans
(guitare)
-Matt Sinner
(basse)
-Snowy Shaw
(batterie)
TRACKLIST
1)Locked in the Dungeon
2)Remission of Sin
3)Cyberfreak
4)The Fall
5)Doomsday
6)Saint of Rock
7)Before the Dawn
8)Back on the Track
9)Dynasty
10)The Pain of the Accused
11)Play With the Fire
12)Compassion
DISCOGRAPHIE
Ralf Scheepers commence à avoir une belle carrière derrière lui. Après avoir été le chanteur des grands débuts de Gamma Ray et être passé près du poste de vocaliste au sein de Judas Priest, voilà plus de 10 ans que ce sosie de Monsieur Propre officie au sein de Primal Fear. De quoi largement justifier la sortie d'un album solo. Cependant, l'intérêt d'un tel exercice est de voir un artiste s'émanciper de l'influence de son groupe attitré ou d'un compositeur unique. Donc, quand on s'entoure des mêmes personnes, forcément, difficile de se diversifier.
En effet, on retrouve dans le line-up de cet album solo le sempiternel Matt Sinner à la basse, leader et compositeur de Primal Fear, ainsi que compositeur à la chaine pour Frontiers. Qui dit Matt Sinner, dit forcément Magnus Karlsson, son alter ego guitariste qui officie également au sein de... Primal Fear. Les deux inséparables composent tellement chaque année que l'on se demande encore comment ils font pour avoir encore des riffs sous le coude. Alors, quand on sait que la paire est responsable de la composition de cet album solo, tout est dit. Album solo qui n'en est plus tellement un, du coup. Et oui : aucune surprise à espérer, tout cela sonne heavy metal générique au possible. Même si la pêchue "Locked in the Dungeon" nous fait espérer, par une entrée en matière des plus couillues, un album non moins pourvu de ces mêmes attributs sexuels, l'espoir est de courte durée. L'horizon qui s'étend derrière ce relief initial est d'une platitude musicale absolue. Faut-il voir en "Doomsday" une image concernant le genre musical pratiqué? Elle serait en tout cas parfaitement illustrée : quel ennui !
Alors évidemment, les deux Stakhanov du heavy metal savent y faire en matière de refrain fédérateur et nous démontrent ce savoir-faire en quelques occasions inespérées. "Remission of Sin" en est un bel exemple. En matière d'hymne mid-tempo aux paroles ridicules, ils n'ont rien à apprendre non plus, comme le montre cette superbe "Saints of the Rock", dont le cynisme délicieux vous tirera peut-être du suicide si vous n'êtes pas abattus par un tel manque d'originalité et d'ambition. Quid de Ralf Scheepers, dans tout ça? Aux dernières nouvelles, il s'agit quand même du principal intéressé ! Et bien, celui-ci se contente de faire le boulot avec exactement la même quantité de conviction que dans tous les albums de Primal Fear, ni plus, ni moins. En réalité, on a plus l'impression que celui-ci n'est que la marionnette de son propre projet solo, manipulée par les deux compères qui y ont vu le jouet d'un nouvel objet commercial. Mais bon, il faut quand même mettre en avant le nom le plus vendeur... tout en s'assurant la présence nécessaire de guests plus ou moins renommés, histoire de donner un vernis de prestige à l'ensemble.
Alors on retrouve donc, entre autres, Kai Hansen et Ripper au casting de cet album. Intérêt? Aucun, si ce n'est de constater une fois de plus que Tim Owens mérite beaucoup mieux que son statut de chômeur/intérimaire du heavy metal (rayez la mention inutile). Le tableau dépeint jusqu'ici étant d'une épaisse noirceur, tâchons maintenant de trouver du positif dans cet album, aussi difficile soit l'épreuve. Commençons d'abord par concéder que, à force d'enchainer les mid-tempos comme autant de perles autour d'un collier de caca, l'ensemble finit bien par taper juste de temps en temps. On trouve en fin d'album quelques micro-soubresauts, avec l’enchaînement "Back on the Track" et "Dynasty", le pendant sombre de "Saints of the Rock" en beaucoup plus efficace, avec un Ralf qui en fait des tonnes... et ça marche ! "The Pain of the Accused" (quel sommet de poésie, ce titre...) aurait pu également être intéressante si elle ne souffrait pas d'une longueur handicapante. Mais bon, dites-vous bien que tout ça, c'était vraiment histoire de se forcer à trouver des points positifs à cet album.
En conclusion, il faut parler de la responsabilité et de l'influence de ce genre de compositeurs au sein d'un genre. À force d'enchainer les albums pour chanteurs en mal d'amour ou de popularité (qui a dit Michael Kiske?) et d'en faire une soupe heavy metal bas de gamme tout en assurant des sorties régulières et en les habillant d'un vernis trompe-l'œil à grands coups de guests, ils procèdent à une sorte de nivellement par le bas en définissant des standards de qualité aussi peu élevés, ce qui ne fait certainement pas du bien au genre tout en gâchant des talents immenses. Une chance : vous pouvez leur jeter la pierre tout en vous rendant service en ne vous procurant pas ce Scheepers. Chouette, finalement, non?