Chuck Schuldiner, alias Monsieur Death Metal, fonda donc en parallèle de son groupe Death, qu’on ne présente plus... allez, si, on le présente : un groupe tout simplement légendaire qui, à travers une discographie extrêmement riche et variée, contribua de manière significative, si ce n’est déterminante, à faire du metal ce qu’il est aujourd’hui. Citons le premier album Scream Bloody Gore (1987), aux riffs basiques et à l’atmosphère plutôt glauque, ainsi que le dernier album du groupe, The Sound of Perseverance (1998), bien plus poussé techniquement...
...ce qui fut d’ailleurs maintes fois reproché au groupe. L’évolution entre les deux albums que nous venons de citer est indéniable, et on est en droit de considérer que cette évolution fut extrapolée au metal tout entier. Sans rentrer dans le débat Possessed / Death, demandons-nous tout de même si tous ces groupes de melodeath & compagnie existeraient sans les derniers albums de Death. Nous disions donc, Schuldiner fonde en parallèle de Death le projet Control Denied, dont la sortie du premier album ici chroniqué fut repoussée par celle du son de la persévérance (‘suivez ?).
Après quelques déboires judiciaires suite au décès de Schuldiner, l’album est donc remastérisé et réédité en format deux ou trois disques (édition limitée a 1000 copies pour cette dernière variante, et à réserver aux collectionneurs de toute façon, puisqu’il s’agit surtout de démos en guise de matériel bonus) tandis que la réalisation du deuxième album du groupe, When Man And Machine Collide, fut interrompue par un léger contretemps (à savoir le décès du leader du groupe). Que les fans de Control Denied (car il doit y en avoir, plus pour le culte de la personnalité que pour la qualité musicale ceci dit) ne désespèrent pas pour autant : le groupe évoque en effet la possibilité de sortir la galette au cours de l’année 2011...
On va quand même parler un peu de la musique en elle-même, qui reste malgré la pointure du Monsieur l’élément central : fans de Death, y compris de la dernière période, ne vous attendez pas à la continuité de ce groupe de la mort. Malgré de nombreuses et extrêmement agréables similitudes au niveau des compositions (nous appellerons cela des allusions), cela n’a (malheureusement) rien à voir avec le groupe principal de “Tcheuque”. Nous sommes ici en présence de heavy progressif, avec une voix tantôt hurlée, tantôt limite gay, si je puis, cf. les chœurs de “When the Link Becomes Missing” ou, pire, le refrain relativement pourri (à l’image du titre de la chanson) de “Expect the Unexpected”.
Les bons points de ce disque sont rapides à citer, mais ne sont pas des moindres : les cassures rythmiques, ou plus généralement la recherche concernant les percussions (ça manque pas mal, actuellement, dans la musique pour trader dépressif), l’aspect progressif en général (ça fait toujours du bien de changer un peu), et puis ces fameuses allusions à la musique de Death, comprendre aux deux derniers albums du groupe, le très bon précédemment cité The Sound of Perseverance, et ce qui est peut-être à l’heure actuelle le meilleur album de metal jamais réalisé, j’ai nommé Symbolic (1995). Une petite dédicace aux riffs qui, alliés à la puissance monstre de Richard Christy (déjà batteur du dernier Death) sont plutôt bien fichus en général... ah, et : mention spéciale au solo de 4’47 du titre éponyme.
C’est une évidence : on reconnaît clairement la patte (inimitable ?) de Chuck Schuldiner dans les solos de guitare. On a en effet pu entendre par-ci par-là, dans les recoins sombres de la planète metal (bain de « boue » du Wacken, toilettes de la Laiterie, forum officiel de Loudblast...), que le monsieur fut un des meilleurs solistes de sa génération. Le disque n’infirme pas ce constat. Pour les nostalgiques : le premier morceau (“Consumed”) devrait vous rappeler certains des titres majeurs de Death, comme les énormissimes “Empty Words” (pour les accords légèrement dissonants, fameux), “Crystal Mountain” (en ce qui concerne les arpèges saturés), ou encore “To Forgive Is to Suffer”.
Un disque musicalement loin d’être indispensable, et à réserver, je pense, aux collectionneurs, avec ou sans le matériel bonus supplémentaire. Il est sympa, certes, d’entendre, point de vue riffs, ce qu’aurait pu donner Death par la suite... mais le dernier Death n’aurait-il pas mieux fait d’être le premier Control Denied ?