CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Geoffrey Codant
(chant)
-Baptiste Hottin
(guitare)
-Fabien Cornec
(guitare)
-Mathieu Larras
(basse)
-Sylvain Destribats
(batterie)
TRACKLIST
1)Time Machine
2)Mexican Standoff
3)Red
4)Winter of Life
5)Skins
6)Safe Place
7)Obstructed
8)Dying Leaves
DISCOGRAPHIE
Le groupe avançait péniblement sous le soleil implacable du désert de Mojave... La soif se faisait sentir pour tous les membres du groupe, mais les réserves d'eau s'épuisaient. L'envie d'abandonner, de s'allonger sur le sable brulant et de laisser le soleil du Nevada blanchir leur carcasse leur traversa la tête plus d'une fois. Pourtant le groupe continuait d'avancer encore et encore... Soudain au détour d'une dune, tel le mirage légendaire, leur apparut une large étendue d'eau. Au fur et à mesure qu'ils s'en approchaient, le doute n'était plus permis : les arbres émergeaient paresseusement d'une eau toute aussi indolente, les moustiques... Il ne manquait plus qu'un alligator pour compléter le tableau !
Oui, bon, d'accord, le bayou en plein désert, c'est quand même peu crédible. Pourtant la métaphore n'est pas loin d'être parfaite pour parler de la musique des Parisiens de Coffin On Tyres. Une grosse composante Desert Rock qui laisse supposer des heures d'écoute assidue de Kyuss et autres Fu Manchu, le tout lesté d'influences sludge directement issues des marais lousianais. Du gros stoner hypnotique qui sent l'Homme, c'est pas vraiment ce qui manque en ce moment. Du gros riff nonchalant, qui déroule paisiblement, des racines blues grosses comme ça, des guitares largement désaccordées dans le spectre bas : ok tout y est. Alors, qu'est ce qui différencie ce combo d'un autre?
Le talent, mon petit gars! Et aussi un excellent chanteur... N'essayant pas de singer Josh, Robert, Ozzy ou encore Phil, Geoffray Codant déballe son organe imposant sans l'imposer, avec calme, assurance et un groove indécent : en un mot comme en cent, il assure comme une bête. C'est gros, c'est gras et ça donne des frissons ! À l'instar de la musique du combo, donc, qui ne sont pas venus pour faire tapisserie derrière le frontman. Pourtant, autant crever l'abcès de suite, ça n'invente absolument rien ! Les riffs font penser à, les patterns s'inspirent de, ça sonne comme, mais à aucun moment on n'a envie de crier à l'honteux plagiat, tellement on sent les gars respectueux de leurs ainés et soucieux de donner le meilleur d'eux pour leur rendre hommage.
Assurément ces petits gars « of cheux nous » ont un petit truc en plus qui les distingue de la masse. Difficile de mettre le doigt dessus, d'ailleurs, mais une chose est sûre : c'est inspiré, ça groove, ça envoie le bois, bref c'est classe. Et ca se permet le luxe d'avoir des tubes immédiats en plus ! Non mais je vous jure ma petite dame, les jeunes de maintenant ! Et que je te balance du riff extraordinaire dans "Obstructed" et que je t'envoie un couplet à l'avenant, ca rigole pas. Rebelote sur la fantastique "Safe Place" (ce petit gimmick sur le final enflammé, mes aïeux!), Dix de der sur la catchy "Skins", et dix qui font cent sur la bandante "Winter of Life", sans oublier...
Bref, vous l'aurez compris, sur les 8 morceaux de l'album, y'a pas grand chose (voire rien) à jeter. Ce Red jouit d'une grande maturité de composition et d'une homogénéité dans la qualité très agréable, qui permet une écoute intégrale sans à-coups et une immersion totale dans le desert rock, brulant et pas cliché pour un rond des Coffin On Tyres. Finalement le stoner c'est un peu comme l'amour (ou le cassoulet), c'est toujours plus ou moins la même chose et les ingrédients changent rarement. Pourtant des fois c'est fantastique, sans que l'on sache trop pourquoi, d'ailleurs, mais on s'en fiche, trop occupés que l'on est à prendre son pied.